Une vie sans fin

Frédéric Beigbeder

Grasset/Le livre de poche

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Le pitch

« Cette année, ma mère a fait un infarctus et mon père est tombé dans un hall d’hôtel. J’ai commencé à devenir un habitué des hôpitaux parisiens. En revenant de la clinique, Romy est entrée dans la cuisine avec un sourcil plus haut que l’autre.

― Papa, si je comprends bien, tout le monde meurt ? Il va y avoir grand-père et grand-mère, puis ce sera maman, toi, moi, les animaux, les arbres et les fleurs ?

Romy me regardait fixement comme si j’étais Dieu. Elle ajouta alors une phrase très aimable :

― Papa, je n’ai pas envie que tu meures…

― Ne t’inquiète pas chérie, lui ai-je répondu, à partir de maintenant, plus personne ne meurt.

Il ne me restait plus qu’à tenir cette promesse inconsidérée. »

Mon avis

"Nom d'un chien !" me suis-je exclamé à moi-même après avoir lu avec un réel plaisir les premiers chapitres d'Une vie sans fin, "Ne voilà-t-y pas qu'on nous a rendu not' Frederic !"

Exclamation sincère destinée à exprimer le plaisir de retrouver le jeune auteur original, profondément impertinent, qui avait su s'imposer au cours des années 90 comme un doux mélange moderne - toutes proportions gardées - d'Oscar Wilde et de Sacha Guitry.

Quatre romans m'avaient alors franchement séduit, de Mémoires d'un jeune homme dérangé (en 1990) à 99 francs (en 2000).

Les qualités de Beigbeder ?

Les mêmes que celles de ses glorieux aînés : un sens aigu de la formule qui touche, une capacité à produire des aphorismes à la chaîne, de l'humour acide mais jamais vraiment méchant, la capacité à humer l'air de son temps et - bien entendu - une misogynie tellement exacerbée que, franchement, qui peut y croire vraiment ?

Mais après cela, il y a eu le 11 septembre et le jeune homme issu - et sorti - de la pub s'est transformé en écrivain installé, et cela a donné Windows of the world. Puis d'autres.

Du nombril, toujours du nombril (Un roman français, prix Renaudot certes, mais daube profonde), et une panne totale d'idées.

Tout ça pour m'exclamer enfin : "Nom d'un chien !", et la suite.

Mon Fredo retrouvé, acerbe, piquant, léger et inconséquent, mais avec divers dopants en moins et un quart de siècle et une gamine en plus sur les épaules.

Les 130 premières pages d'Une vie sans fin sont donc un vrai petit plaisir.

Inconséquent, mais un vrai plaisir.

Après, malheureusement, l'auteur part en voyage technologique pour Israël, et tout se gâte, se délite, et fini par partir en c.... enfin... vous avez compris.

Tout ça parce que, sur une fausse bonne idée, Beigbeder a décidé de laisser tomber son roman pour en faire un essai actuel sur l'état de la sciences en matière de thérapies pour allonger la durée de la vie.

C'est assez inintéressant, souvent peu compréhensible, et ce n'est pas pourquoi le lecteur a acheté le roman.

Reste juste l'excellent personnage Pepper, le robot doté d'une I.A. avancée, pour tenir les deux cents dernières pages.

C'est un peu court, jeune homme.

Fan du vrai Begbeider, achetez donc ce volume en toute connaissance de cause : il faut en lire 130 pages, puis le ranger dans votre bibliothèque.

 

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