Le droit au pardon

John Grisham

Jean-Claude Lattès

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Le pitch

Clanton, Mississippi, 1990. Jake Brigance est impliqué dans  une affaire qui soulève la controverse lorsque le  juge lui  demande de défendre Drew Gamble, un garçon timide de  seize ans, accusé d’avoir tué un policier local. La majeure  partie des habitants réclament un procès rapide et la peine de  mort, mais Jake creuse et découvre que l’histoire est plus  complexe qu’elle n’y paraît.

Son combat pour que Drew  échappe à la chambre à gaz met en grand péril sa carrière, ses  finances, et la sécurité de sa famille.

Mon avis

Avec Le droit au pardon, John Grisham boucle une trilogie entamée avec Non coupable, son premier roman publié en 1989, et poursuivie en avec L'allée du sycomore, sorti en 2014.

Le point commun ? Jake Brigance, un avocat du Mississipi, qui tente, à chaque fois, de lutter contre les erreurs judiciaires et les discriminations - raciales ou non - générées par le contexte ultra-réactionnaire de son pays (Grisham a commencé sa carrière comme avocat, dans le sud des Etats-Unis).

Près de 35 ans se sont donc écoulés, au total. 35 ans au cours desquels l'auteur est devenu le numéro 1 mondial (mérité !) du thriller juridique.

Mais 35 ans, c'est long, et la comparaison entre les trois romans montre à quel point Grisham a, peu à peu, perdu la vista et la flamme d'inspiration qui rendaient ses romans uniques.

Car si Le droit au pardon est loin d'être un mauvais bouquin (c'est même probablement son meilleur de la dernière décennie et je vous le conseille pour une lecture d'été), il se situe au moins une marche en dessous de L'allée du sycomore, et carrément tout un escalier en retrait de Non coupable.

Non coupable, un énorme roman de plus de 700 pages, évoluait - rythme, suspens, thèmes traités - au même niveau que La firme et L'affaire pélican, écrits juste après : trois chefs-d'oeuvre incontestables et - c'est l'essence même de mon site - des Tourne Page absolus.

Avec L'allée du sycomore, Grisham revenait, 25 ans plus tard,  une fois de plus sur les terribles problèmes de racisme des états du sud.

En développant Le droit au pardon, l'auteur surprend agréablement le lecteur, en évitant cette fois-ci le sujet des discriminations raciales, pour se concentrer sur la manière dont ces états tentent actuellement de s'affranchir des règles juridiques de l'état fédéral, afin de maintenir une pression rétrograde sur la population locale.

Malheureusement, si le lecteur s'attache vraiment aux personnages principaux, développés avec soin par Grisham (impossible de ne pas ressentir de l'empathie Jake Brigance et pour les membres de la famille Gamble),  le scénario du roman manque absolument de rythme, de ressort dramatique et de surprises.

Passées le premier tiers du récit, la tension dramatique disparait car on devine, sans trop d'effort, comment tout va se dérouler et se terminer.

Comme dirait mon vieux pote William S., tout ça est très sympa, mais c'est carrément mou du genou !

Pas de doute : John Grisham, s'il reste un absolu professionnel, a perdu sa niaque et sa vista. A près de 70 ans, et plus de 40 romans à son actif, peut-être serait-il temps de faire une longue pause...

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