Le pianiste de Hartgrove Hall

Natasha Solomons

Calman Lévy/Le livre de poche

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Le pitch

Fox, célèbre compositeur à la carrière magistrale, ne peut plus écrire la moindre note et s’isole dans sa superbe demeure de Hartgrove Hall. Sa femme bien-aimée vient de mourir et la vie a perdu toute sa saveur. Un jour, il découvre que son insupportable petit-fils de quatre ans, Robin, est un prodige du piano. La musique revient alors dans la vie de Fox, qui se voit forcé de renouer avec sa famille au passé douloureux.

Un demi-siècle plus tôt, Fox et ses deux frères, Jack et George, s’installaient à Hartgrove Hall, bien décidés à sauver des ruines le splendide domaine familial. Mais l’arrivée de la chanteuse vedette des années de guerre, la ravissante Edie Rose, au bras de Jack emmêle les fils de l’amour et du devoir et sème un chaos qui s’achève par une terrible trahison.

Avec lyrisme et tendresse, Natasha Solomons nous livre un roman enchanteur sur la transmission et la réconciliation.

Mon avis

Quel plaisir infiniment renouvelé que d'assister, de loin en loin, à l'éclosion d'un(e) grand(e) auteur(e) !

J'avais déjà eu le plaisir de découvrir Natasha Solomons - londonienne trentenaire au visage toujours souriant - en 2012 avec Le manoir de Tyneford, un délicieux roman au style et à la facture éminemment classiques.

Présence de l'histoire (avec un grand H), romantisme, nostalgie, l'ensemble formait une nourriture pour l'esprit tout à fait délicieuse.

Avec Le pianiste de Hartgrove Hall, écrit quatre ans plus tard, on passe à la vitesse supérieure : ce long roman est sans conteste un grand roman.

J'y ai retrouvé, sans surprise, les qualités décelées dans son livre précédent et les ambiances qui m'avaient tant séduit.

Le pianiste... parle avant tout de musique, et il en parle remarquablement bien.

Le plaisir d'écrire, de composer, mais aussi celui d’exécuter, d'interpréter.

Le personnage principal (qui est également le récitant) est un chef d'orchestre, ses amis de grands interprètes, et son petit-fils un pianiste prodige.

Natasha Solomons parle de la musique aussi bien que Franck Conroy dans Corps et âmes, et probablement mieux que Richard Powers dans Le temps où nous chantions. C'est tout dire.

Mais si la musique est centrale, c'est sans doute le thème de l'amour et du temps qui passe qui constitue le cœur du récit.

Grâce à une construction très habile (le récit passe alternativement de 1950 à 2000 et Fox, le récitant, d'un tout jeune homme à un vieillard), l'auteure décortique avec une tendresse formidable l'amour entre deux êtres, de sa naissance jusqu'à sa survie, au-delà de la mort.

Certaines pages sur la perte de l'être aimé sont déchirantes.

N'allez cependant pas croire que ce roman soit un drame : pas du tout ! Il s'agit tout simplement du récit d'une vie, avec ses joies, ses peines, ses réussites, ses dilemmes; amour, famille et amitiés.

Je vais sans doute ranger Le pianiste de Hartgrove Hall dans ma bibliothèque idéale, pas loin des grands romans de William Boyd.

Quand la littérature anglaise se hisse à ces niveaux là.... Rule Britania !

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