Le second sommeil

Robert Harris

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Le pitch

1468. Le père Christopher Fairfax est envoyé dans un village isolé du bout de l'Angleterre pour célébrer les funérailles d'un prêtre décédé brutalement. D'abord saisi par l'accueil glacial des habitants, Fairfax est bientôt effrayé lorsqu'il découvre dans la chambre du défunt toute une collection de livres et d'artéfacts anciens, témoins d'un temps préapocalyptique. Des objets qui auraient dû conduire l'homme de Dieu au bûcher.

N'y a-t-il pire péché que celui de la connaissance ? Alors qu'il enquête sur ce prêtre hérétique, Fairfax va s'approcher trop près d'une vérité tenue secrète depuis des siècles – le destin d'un monde englouti par le temps, une civilisation disparue que certains cherchent à raviver pour sortir du noir profond de la nuit...

Mon avis

Des auteurs à deux têtes comme Robert Harris, il y en a quelques uns, et ils m'ont toujours fasciné.

Un auteur à deux têtes ? Explication : un auteur capable d'enchainer les chefs-d'œuvre  et les gros loupés avec une régularité confondante.

Comme si l'auteur avait deux cerveaux et qu'il écrivait sur courant cognitif alternatif.

Au même titre que son homologue Dan Simmons, Robert Harris en est un excellent spécimen.

Le Robert Harris à grosse tête, c'est celui de Fatherland, D., L'homme de l'ombre, ou de la superbe trilogie Impérium, consacrée à Cicéron.

Le Robert Harris minus habens, c'est celui de Pompéï, L'indice de la peur, Munich, et maintenant de Le second sommeil.

Car oui, malheureusement, Le second sommeil est une déception. Pas une catastrophe, mais une vraie déception.

En fait, la lecture du roman est assez déroutante.

Tout démarre sous les meilleurs auspices, avec un récit post apocalyptique traité comme un récit victorien. Une plongée dans une Angleterre revenue aux temps du Moyen-âge, dominée par l'église.

La raison de la chute du monde moderne, huit siècles plus tôt ? L'auteur laisse planer un très léger doute, mais pas beaucoup plus : le monde moderne a plongé, en se coupant de sa structure traditionnelle au profit de la jouissance immatérielle.

Pendant 250 pages, on suit avec intérêt le prêtre Christopher Fairfax, qui se débat tant avec sa conscience qu'avec une énigme à résoudre.

Comme Harris écrit vraiment bien, c'est un vrai plaisir de plonger dans cette atmosphère que n'aurait pas reniée Thomas Hardy ou les sœurs Brontë.

Après, l'histoire part très doucement en cacahouète, faute de carburant scénaristique. Comme si l'auteur s'était lancé dans l'aventure sans se préoccuper de sa chute.

Les cent dernières pages sont longues, très longues; les cinquante dernières, ratées, avec une chute que j'ai trouvé assez grotesque : aucune révélation, aucun switch, des personnages qui agissent comme des idiots; et de surcroit, une fin bien triste.

Allez donc plutôt lire les romans de Robert Harris à grosse tête !

 

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