L’été où tout arriva

1927. L'Amérique en folie

Bill Bryson

Payot

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Le pitch

En mai 1927, l’aviateur américain Charles Lindbergh fut le premier à traverser l’Atlantique seul, sans escale et de continent à continent. Cet événement changea le monde, comme plusieurs autres survenus jusqu’en septembre dans son pays natal (dont l’invention du cinéma parlant et de la télévision).

Voilà pourquoi Bill Bryson nous raconte cette Amérique loufoque de l’été 1927 qui ne connaissait pas (encore) la crise, et il le fait au travers d’innombrables personnages.

Mon avis

Bill Bryson ? Le vulgarisateur anglo-saxon le plus drôle du monde : c'est ainsi que l'on pourrait présenter - dans une simplification à l'extrême - le très sympathique rouquin auteur d'une série de best sellers.

Si vous voulez en savoir plus sur ce garçon souriant, aller jeter un oeil sur ce site : fiche auteur, critiques d'une demi-douzaine de ces bouquins.

Vous verrez en quelle estime je porte le garçon, capable de se moquer dans ces récits de voyage tout autant des anglais (Des cornflakes dans le porridge) que des américains (American rigolos), voire des australiens (Nos voisins du dessous).

Sans parler de sa capacité à parler de tout et n'importe quoi (c'est le cas de le dire) avec Une histoire de tout, ou presque, ou Une histoire du monde sans sortir de chez soi.

Le plus fort ? Raconter la vie de Shakespeare (Shakespeare, antibiographie) avec une vision d'historien absolument originale !

  L'été où tout arriva

La très belle couverture de l'édition brochée

*

Seulement, l'âge aidant (il vient de dépasser les 70 ans), Bill cherche de nouveaux terrains de jeux, et c'est plus ou moins convaincant.

La preuve avec L'été où tout arriva, le premier livre où l'auteur semble avoir un peu égaré les commandes.

L'idée de départ est bonne : raconter les Etats-Unis dans un instantané historique, en l'occurrence l'année 1927. Il l'avait déjà fait avec la chronique de son enfance (Ma fabuleuse histoire dans l'Amérique des années 50).

Il faut dire que la période s'y prêtait plutôt bien, avec notamment - c'est le point d'ancrage du livre - la première traversée de l'Atlantique par Charles Lindbergh, un évènement qui révolutionna littéralement l'Amérique, dans une folie médiatique rarement atteinte par la suite.

L'essai de Bill Bryson est porteur d'une multitude d'informations, de détails et de révélations incroyables sur une époque où, décidément, on ne vivait vraiment pas comme maintenant (eh oui, il y a quasiment un siècle, comme le temps passe !).

Trois éléments empêchent cependant de le rendre aussi passionnants.

Le premier tient au fait que ce qui passionne les américains ne va pas forcement séduire les français.

Passer largement plus d'une cinquantaine de pages à parler de Babe Ruth (une légende vivante aux US) et de baseball, cela n'a pour nous, européen, aucun intérêt.

Prendre également plus d'un dixième du livre à raconter les frasques et les ridicules des présidents Hoover et Coolidge relève de la chronique people d'un journal à sensation. Quant au tiers du livre consacré aux tentatives de traversée de l'Atlantique en avion : trop, c'est trop !

Le second est un manque de maîtrise éditorial.

600 pages, c'est manifestement très excessif, tant le livre tourne, peu à peu, à une accumulation de faits d'une importance toute relative, mélangés, mixés, sans le soutien de la moindre structure narrative. Une bonne centaine de pages en moins, avec un squelette solide : voilà ce qui aurait nettement amélioré l'entreprise !

Enfin, il faut bien admettre que l'on ne retrouve pas dans les derniers livres de Bryson (dont, son tout dernier, Une histoire du corps humain à l'usage de ses occupants) l'humour absurde ravageur et so british de ses débuts.

En fait, dans L'été où tout arriva, l'auteur use et abuse du même procédé, qui consiste à mettre en avant les côtés ridicules de ses personnages. C'est si systématique que cela en devient lassant.

Une question en conclusion (que je pose à pas mal d'auteurs qui ont passé un certain âge) : Bill, ne serait-il pas tant de profiter un peu de la vie en t'accordant une pause ?

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