Où est votre stylo ?

Chroniques du père du nouveau journalisme

Tom Wolfe

Robert Laffont/Pocket

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Le pitch

L' "homme en blanc", comme on le surnomme souvent, n'est pas seulement l'auteur de quatre romans cultes. En pleines années 1960, alors que la contre-culture emportait tout sur son passage, Tom Wolfe fut aussi l'un des pères du "nouveau journalisme". Une façon nouvelle de voir le monde, et de le dire. Libre. Cinglée. Rock'n roll. Valsant du coq à l'âne, de Londres à Los Angeles, à la recherche du 5e Beatles ou d'un dernier cocktail, à l'hôtel avec Mohammed Ali ou au manoir Hefner... la langue claque, le stylo mitraille. Tranches d'Amérique, servies saignantes.

"Tom Wolfe capture toutes les mythologies de l'Amérique des années 1960 dans un recueil qui pulse" Les Inrockuptibles

"On se promène là-dedans comme dans une galerie où ne seraient exposées que des œuvres du pop art" Éric Neuhoff –Le Figaro littéraire

Mon avis

Certains lecteurs, fervents admirateurs du romancier Tom Wolfe - l'auteur du magnifique Le bûcher des vanités ou, quelques années avant sa disparition, de l'étonnant Bloody Miami - ignorent que l'homme était avant tout cela, un journaliste.

Mais pas n'importe quel journaliste : un des fondateurs du nouveau journalisme, cette nouvelle approche qui, au début des années soixante, révolutionna le métier pour en faire quelque chose entre la conception traditionnelle du reportage, et le roman proprement dit*

Avec la publication tardive de cet épais recueil d'articles écrits entre 1962 et 1966, voici une nouvelle occasion de (re)découvrir que Tom Wolfe était un fucking good writer (en anglais, cela sonne un peu moins vulgaire, mais l'appréciation est claire !).

Plongez donc, comme je l'ai fait avec délice, dans la lecture du premier article du recueil. Et vous voilà parti, direct, un demi-siècle en arrière, à Las Vegas !

Dès les premières pages, on retrouve tout ce qui fait le style unique de Tom Wolfe et qui lui permettra d'écrire, plus tard, des romans qui ne ressemblent à aucun autre : le sens incroyable de la punch line, le goût pour les images fortes, l'irruption de mots bizarres, d'onomatopées étranges.

Mais ce qui fait aussi le style, immédiatement reconnaissable, c'est sa capacité à introduire des dialogues directement dans l'article, sans passer par la formule classique de la citation.

Les personnages des articles de Tom Wolfe ne sont pas que des êtres humains : sous la plume de l'auteur au complet blanc, ils deviennent de facto des héros de roman !

Comme vous vous en doutez, tous les articles réunis ici ne sont pas de qualité égale et certains peuvent même sembler anecdotiques à un lecteur français qui ne connait pas bien la culture américaine de l'après-guerre.

Mais, s'il vous plait, tentez votre chance, pour tomber, ça et là, sur d'incroyables pépites.

Un exemple : la description en une page, ni plus ni moins, du Mick Jagger de 1964 : ahurissante.

Ou l'article qui fait surgir des brumes New-Yorkaises ces super riches qui se coltinent avec le pop art : en le lisant, on ne peut pas s'empêcher de penser que ces lignes sont les prémisses des développements fabuleux du bûcher des vanités !

Un livre absolument parfait pour une lecture fragmentée, en train ou en avion : après tout, il s'agit d'une compilation d'articles de journal !

* dans sa préface au présent recueil, Philippe Labro décrypte fort bien les fondamentaux du nouveau journalisme.

 

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