Un dernier moment de folie

Richard Yates

Robert Laffont

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Le pitch

Après Onze histoires de solitude et Menteurs amoureux, Un dernier moment de folie est le troisième volet des nouvelles complètes du grand Richard Yates. Publié de manière posthume, ce recueil rassemble neuf histoires qui se déroulent dans les années 1950, sans doute les plus belles qu'ait jamais écrites l'auteur. Dans chacune, on retrouve cette patte d'entomologiste qui lui permet de croquer, avec une rapidité et une précision prodigieuses, les déconvenues de ses losers magnifiques.

Que ce soit lors d'un dîner où chacun raconte sa guerre ou lors d'une réunion entre collègues où l'on vante sa carrière, au cours d'une convalescence forcée ou le temps d'une nuit avec un inconnu en uniforme, les personnages sont épinglés, avec tendresse, dans tous leurs petits travers. Ils se voudraient plus brillants, plus courageux, plus séduisants, plus forts. Humains, trop humains. Invariablement, leurs histoires serrent le coeur, mais ravissent l'âme.

Mon avis

Oserais-je avouer ici que, jusqu'à ce jour, je n'avais jamais lu Richard Yates ? Oui, j'ose !

J'ose, d'abord parce que je n'ai rien à vous cacher mais aussi, probablement, parce que je ne suis pas le seul grand lecteur à être passé à côté de cet auteur majeur de la littérature américaine du XX° siècle, tant la renommée semble l'avoir abandonnée, après sa mort prématurée en 1992.

Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire, il est temps de participer à la réhabilitation de l'auteur, largement entamée depuis l'adaptation au cinéma de La fenêtre panoramique, son premier roman, sous le titre de Noce rebelles, grâce à Sam Mendès et Kate Winslet.

Et puisqu'on y est, entamons la visite par la fin !

Un dernier moment de folie regroupe en effet les dernières nouvelles (posthumes) de Richard Yates, grâce à l'édition - sous une couverture magnifique, comme toujours - de Robert Laffont, dans sa collection Pavillons poche.

Neuf nouvelles pour 200 pages tout juste.

Dès le premier texte, Le canal, on plonge dans le thème qui sert de fil conducteur au recueil, la seconde guerre mondiale. Une histoire d'anciens combattants, où les hommes se révèlent, mis à nu par la précision de leurs souvenirs échangés.

Juste après, Une aventure clinique raconte la vie quotidienne dans un sanatorium où des hommes, malades physiquement et psychologiquement, vivent en dessous de leur condition d'homme, telle qu'ils rêvent de la vivre.

La dernière du recueil, Un ego convalescent,  sans doute la plus subtile et réussie du lot, parle encore d'un homme diminué, après un séjour à l'hôpital, qui supporte mal de se retrouver en position d'infériorité par rapport à sa femme. Elle s'achève sur une note d'espoir et d'amour assez bouleversante.

Presque à chaque nouvelle, donc, la guerre, la maladie, la fragilité, l'ego des hommes saisis dans toutes leurs faiblesses, mais aussi le courage des femmes qui se révèlent souvent leurs égales, y compris dans leurs défaillances.

Pas bien drôle, tout cela, allez vous me dire ? Eh bien si, rassurez-vous, le miracle de la plume de Richard Yates fait que, presque jamais, les histoires ne virent au drame.

Grâce à une magnifique simplicité dans l'exposition, à des dialogues nombreux, au plus près de la réalité. Et surtout grâce à une foi et un amour dans l'humanité qui brille à chaque page.

Yates est un auteur magique qui, d'un coup de plume léger, raconte la petite vie des hommes pour en faire de merveilleux contes positifs.

Vivement la lecture du reste de son oeuvre !

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