Alice Guy

Catel & Bocquet

Casterman BD

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Le pitch

En 1895, à Lyon, les frères Lumière inventent le cinématographe. Moins d'un an plus tard, à Paris, Alice Guy, 23 ans, réalise La Fée aux choux pour Léon Gaumont. Première réalisatrice de l'histoire du cinéma, elle dirigera plus de 300 films en France.

En 1907, elle part conquérir l'Amérique, laissant les Films Gaumont aux mains de son assistant Louis Feuillade. Première femme à créer sa propre maison de production, elle construit un studio dans le New Jersey et fait fortune. Mais un mariage malheureux lui fait tout perdre. Femme libre et indépendante, témoin de la naissance du monde moderne, elle aura côtoyé les pionniers de l'époque : Gustave Eiffel, Louis et Auguste Lumière, ou encore Georges Méliès, Charlie Chaplin et Buster Keaton. Elle meurt en 1969, avec la légion d'honneur, mais sans avoir revu aucun de ses films - perdus et oubliés.

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Alice Guy

Mon avis

Si vous vous intéressez un tant soit peu aux romans graphiques, ou aux biographies des femmes qui ont marqué l'histoire, vous avez forcement déjà croisé la route des livres de Catel & Bocquet.

Catel Muller, pour la partie illustrations. José-Louis Bocquet, pour les scénarios, ont marqué l'histoire du roman graphique féministe, résultat des deux genres croisés.

Avec amour, ils ont produit au fil des années Olympes de Gouges, Kiki de Montparnasse, sans oublier Joséphine Baker, trois ouvrages superbes sur trois superbes femmes, dont je parle par ailleurs sur ce site.

Avec Alice Guy, le duo s'attaque à une femme à la notoriété bien inférieure (j'avoue ne pas avoir entendu parler d'elle avant la parution de l'album, alors que je suis un vrai cinéphile !).

Alice Guy

Car si Alice Guy a marqué l'histoire du cinéma à ses débuts, l'histoire n'a retenu que d'infimes bribes de son rôle majeur.

Sans doute à cause de son sexe, bien entendu, mais aussi - surtout - car son travail a été perdu et il ne reste presque rien de son oeuvre.

Si l'ouvrage est réalisé avec la même qualité de narration et la même virtuosité graphique que les volumes précédents de la collection, je dois bien avouer que je n'y ai pas trouvé exactement les mêmes satisfactions, même si sa lecture a été un vrai plaisir.

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Alice Guy

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La raison ? Essentiellement, parce que Jean-Louis Bocquet a voulu conserver le même format que pour les autres livres.

500 ou 600 pages, pour des existences telles que celles des héroïnes de l'histoire comme Olympes de Gouges ou Joséphine Baker, à la vie d'une richesse incroyable, c'était la bonne distance.

400 pages, pour celle d'Alice Guy, c'est déjà trop.

D'ailleurs, les 80 dernières pages du volume sont consacrées à la biographie détaillée de tous les acteurs de l'histoire, ce qui vraiment too much...

Alice Guy

Il eut été préférable de concentrer l'histoire, en 250 planches, en synthétisant la trajectoire étonnante de la jeune femme pour garder un focus sur sa "première vie", en Europe, avant qu'elle parte pour les Etats-Unis.

Une fois de plus, ce sont les illustrations de Catel qui méritent tous mes louanges tant son trait rond, en volume et en noir et blanc, est beau et sympathique (oui, je sais sympathique est un adjectif bizarre à associer à ce mot, mais pourtant !).

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Alice Guy

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Pour le coup, la densité assez faible de la narration convient parfaitement à la mise en avant du travail de Catel, qui dispose de plus d'espace pour épanouir ses compositions graphiques dans des vignettes plus grandes que la moyenne.

N'hésitez pas découvrir la trajectoire de cette pionnière du cinéma !

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