Anno Dracula

Kim Newman

Bragelonne / Le livre de poche

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Le pitch

Londres 1888. Depuis que Dracula a épousé la reine Victoria, la terreur règne sur la capitale. Sous l’influence du sulfureux comte, les citoyens sont de plus en plus nombreux à rejoindre les rangs des vampires, toujours plus puissants, et il ne fait pas bon être simple mortel. Mais la riposte ne se fait pas attendre. Dans les sinistres ruelles de Whitechapel, des prostituées vampires se font assassiner par un mystérieux inconnu aux scalpels d’argent.

Lancés dans la traque du tueur, Geneviève Dieudonné, une vampire à la jeunesse éternelle, et Charles Beauregard, espion pour le Diogene’s Club, vont devoir gravir les échelons du pouvoir. Et s’approcher dangereusement du souverain le plus sanguinaire qu’a jamais connu le royaume…

Mon avis

Les romans consacrés aux vampires qui sortent de l'ordinaire, on peut les compter sur les doigts d'une main.

C'est qu'il y a une bonne raison à cela : Bram Stoker, avec son Dracula de 1887, s'est emparé du mythe, tout en écrasant, lessivant complètement le sujet !

Il a ensuite fallu attendre 1954 pour que  Richard Matheson revisite le thème, avec Je suis une légende, avant qu'Anne Rice referme la porte, entre 1976 et 1988, avec sa géniale trilogie initiale des Chroniques des vampires, entamée avec Entretien avec un vampire.

Depuis ? Juste un tsunami, celui de la bit lit, un sous-genre commercial dont je préfère ne pas parler ici, par gentillesse (tout en mettant en exergue, tout de même, la série de La communauté du sud, plus connu sous le nom de la série, Trueblood, qui ne manque pas d'originalité).

Voilà pourquoi j'ai découvert récemment, avec retard, curiosité et impatience le roman de Kim Newman, Anno Dracula qui, en 1992, a en quelque sorte repris le mythe là où l'avait laissé Bram Stoker  (en 1887, donc) pour le "tordre" au travers d'une uchronie pour le moins culottée.

Pas de doute que de nombreux anglais ont du frémir, en découvrant cette Angleterre parallèle où Dracula - Vlad Tepes - a séduit la reine Victoria avant de l'asservir puis de l'épouser, permettant ainsi au peuple vampire d'envahir peu à peu le pays et cohabiter avec les "non morts".

Voilà donc le lecteur (c'est moi, c'est vous !) plongé dans un Londres de cauchemar où sang froid et sang chaud se mélangent, sous une dictature de fait du maître des abîmes.

Jack l'éventreur sévit, oui, mais ce sont des prostituées vampires qu'il dépèce sauvagement.

Pris sous l'angle d'un roman policier, le récit de Kim Newman ne manque pas de panache et de qualité, même si je dois bien avouer que, comme nombre de lecteurs avant moi, j'ai failli abandonner ma lecture avant la fin du premier quart du bouquin : trop de personnages, trop d'évènements, sans un fil conducteur permettant de "tenir" le scénario durant les premiers chapitres.

Mais je vous conseille de vous cramponner, comme je l'ai fait, car le reste du roman est franchement réussi. Trois atouts majeurs.

Tout d'abord, un travail de documentation sur la période tout à fait considérable, Kim Newman incorporant dans sa sauce romanesque d'innombrables faits et personnages (réels ou imaginaires) de l'époque, dont de nombreuses références au Dracula de Stoker. On est plongé dans le Londres foggy de la fin de XIX° siècle, immergé jusqu'au cou !

Il faut ensuite reconnaître à l'auteur britannique une capacité à traiter les scènes d'action avec une efficacité assez sidérante.

Même si le rythme général du roman est sans doute un brin trop lymphatique, Newman impulse par moment une brusque accélération à l'histoire qui vous secoue le sang (si ! si !). Trois ou quatre scènes de combats (dont la scène finale) sont vraiment, vraiment très réussies.

Enfin, il me parait important de souligner à quel point le livre est bien écrit (et - en corolaire - bien traduit). Newman possède réellement une plume classique qui rend crédible et donne tout son sel à cette plongée dans la fin du règne victorien.

Si vous êtes, comme je le suis, un admirateur sans limite du Dracula de Bram Stoker, n'hésitez donc pas : Kim Newman lui rend hommage avec efficacité.

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