Arrive un vagabond

Robert Goolrick

10/18

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Le pitch

Brownsburg, Virginie, 1948. Une petite ville paisible, aux maisons bien alignées. On y vit en bon voisinage, dans la crainte de Dieu et le respect des convenances. Le soir, sous les vérandas, on boit du thé glacé. Quand arrive un vagabond... Au volant d'un vieux pick-up déglingué, il s'appelle Charlie Beale et s'attire vite l'affection générale. Celle d'un enfant, d'abord, puis l'amour d'une femme mariée... La passion vient d'entrer dans Brownsburg, emportant avec elle ce qui pouvait rester de pureté et d'innocence...

Mon avis

Je n'ai découvert Robert Goolrick que tardivement; ce qui est normal, après tout, puisque, même s'il a dépassé les 70 ans, Une femme simplet et honnête, son premier roman, n'a été publié qu'en 2009.

Mais depuis, il n'a pas arrêté, et chacune de ses œuvres est pour moi une découverte, parfois un choc, tant l'auteur démontre, histoire après histoire, une rare capacité à traiter des élans magnifiques, mais aussi des sombres méandres de l'esprit humain.

Arrive un vagabond, son troisième roman, une histoire du sud profond, la campagne virginienne avec la poussière et la chaleur, joue ainsi sans cesse entre la lumière et l'ombre.

La lumière, c'est l'espoir dans la nature humain, l'amour des enfants; mais surtout la passion dévorante, totale, animale, entre un homme et une femme, sujet central, essentiel de ce roman.

L'ombre, c'est l'autre versant.

La méchanceté, l'égoïsme, la perversion de l'innocence enfantine (sujet - extrême - de Féroces, son terrible roman autobiographique, sorti peu avant), les excès de la passion.

Et toujours, la mort qui flotte au dessus des têtes et s'abat au hasard, destin fatal...

Arrive un vagabond est la chronique annoncée d'une catastrophe qui va arriver, une histoire qui ne peut que mal se terminer.

Le fatum est pour Goolrick, un moteur essentiel de ses romans; en cela, c'est sans doute le plus shakespearien des auteurs américains contemporains.

Emporté par son style, aussi simple que puissant, j'ai parcouru les trois premiers quarts du récit avec admiration.

Le dernier quart m'a nettement moins convaincu, mais je vous invite tout de même à découvrir, si ce n'est déjà fait, tous les titres de l'oeuvre de ce type étonnant qu'est Robert Goolrick.

Un écrivain qui a su transformer ses traumatismes d'homme en superbes romans sur l'humanité.

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