Le pitch

De la mort de François Ier en 1547 à l’édit de Nantes en 1599, la France s’enlise dans l’épreuve des guerres de Religion. C’est dans ce pays dévasté, en proie à la misère, au brigandage, à la peste, à la haine, que grandit le jeune Pierre de Siorac, rejeton d’une noble famille périgourdine et huguenote, héros et narrateur du roman.

C’est toute une époque qui revit à travers l’histoire des Siorac, avec ses paysans, ses princes, ses hommes d’épée ou d’Église, ses truculences et ses cruautés ; sa langue, aussi, savoureuse, colorée, merveilleusement restituée au lecteur d’aujourd’hui.

Époque où peu à peu va naître une exigence de tolérance et de paix, en écho au cri d’indignation et d’espoir de Michel de l’Hospital : « Ne verra-t-on la Fortune de France relevée ? »

Mon avis

Fortune de France, c'est le titre du roman publié par Robert Merle en 1977.

C'est aussi le titre générique de la saga qui en découla, 13 volumes au total, la parution du dernier, Le glaive et les amours, en 2003, survenant quelques mois avant la mort du grand auteur français, à 96 ans !

13 romans formidables, une saga historique qui court sur plus d'un siècle, du milieu du XVI° jusqu'au au milieu du XVII° siècle.

La qualité de la série ne faiblira un peu que sur les trois derniers tomes, alors que l'auteur avait dépassé les 90 ans...

L'idée de Robert Merle était de suivre les grands tournants de l'histoire de France, de la mort de François Ier jusqu'à la prise de pouvoir de Louis XIV.

Un siècle absolument passionnant, avec les querelles de dynastie, les guerres de religion, et le passage d'un royaume hétérogène à une France souveraine.

Le succès de l'entreprise, considérable (le premier volume, Fortune de France, se vendit à plus d'un million d'exemplaires à sa sortie), repose sur trois piliers d'une solidité incontestable.

Le premier s'est l'idée de transcrire cette histoire nationale, à travers le destin d'une famille, les Siorac.

La première moitié de la série suit la vie de Pierre de Siorac, médecin issu du Périgord et devenu le médecin du roi de France.

Le second trace Pierre-Emmanuel de Siorac, fils illégitime de Pierre, qui finira Duc, grâce à son soutien constant au roi Louis XIII.

Les Siorac ? Deux personnages formidables issus d'une lignée située exactement entre les catholiques et les protestants.

Deux héros positifs, intègres, drôles et malins, éminemment sympathiques.

Des narrateurs qui racontent, expliquent, blaguent, aiment, accompagnent le lecteur passionné au travers des tourbillons de l'histoire.

La seconde, c'est l'humour didactique de Robert Merle.

Robert Merle était avant tout un conteur, et un conteur intelligent.

L'histoire (la petite, celle des français de tous les jours, et la grande, celle des grands instants et des grands de ce monde), avec lui , c'est aussi passionnant qu'une série sur Netflix (Disney/ OCS / Amazon / Apple TV : rayez les mentions inutiles !).

Je ne passerai pas deux heures ici à vanter le talent de l'auteur, allez jeter un œil ailleurs sur le site, vous verrez un panorama des grands romans qu'on lui doit.

Le troisième et dernier, le plus important peut-être, celui qui distingue définitivement ces romans de tous les autres romans historiques, c'est l'idée merveilleuse de Robert Merle d'avoir réinventé la langue de l'époque.

Le récit, les dialogues, sont plein des mots d'une langue française disparue, celle d'un XVI° siècle un peu imaginaire, bourrée d'expressions imagées, de mots sélectionnés avec malice dans un vieux dictionnaire.

Attention : pas de risque de vous perdre dans un jargon incompréhensible : Merle n'a pas repris, il y a juste réinventé un vieux français  qui plonge le lecteur dans un passé qui n'en parait que plus réel.

Croyez moi : vous n'êtes pas prêt d'oublier ces 5 000 pages romanesques !

Vous aurez, au fil des chapitres, fait vos études de médecine à Montpellier, dans la plus vieille université de France, vécu les intrigues de la cour, échappé au massacre de la Saint-Barthélemy, passé vos week-ends avec Louis XIII enfant dans son château de Saint-Germain-en-Laye, assisté médusé au terrible siège de La Rochelle par les troupes de Richelieu...

Indispensable à toute bibliothèque idéale !