Les hommes protégés

Robert Merle

Folio

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Le pitch

A la suite d'une épidémie d'encéphalite qui ne frappe que les hommes, les femmes les remplacent dans leurs rôles sociaux, et c'est une Présidente, Sarah Bedford, féministe dure, qui s'installe à la Maison-Blanche. Le Dr. Martinelli, qui recherche un vaccin contre l'encéphalite, est enfermé avec d'autres savants à Blueville, dans une "zone protégée" qui les tient à l'abri de l'épidémie mais dans un climat de brimades, d'humiliations et d'angoisse. Martinelli acquiert vite la conviction que son vaccin ne sera pas utilisé, du moins sous l'Administration Bedford.

C'est paradoxalement chez les femmes qu'il trouvera ses alliées les plus sûres et par les femmes qu'il sera libéré. Mais, une fois Bedford remplacée à la Maison-Blanche par une féministe modérée, Martinelli saura-t-il s'adapter à une société où les hommes ne jouent plus qu'un rôle subalterne ?

Mon avis

Robert Merle ? Plus les années passent, plus il parait évident que l'homme restera comme un des auteurs français marquants du XX° siècle.

Amateur de grands romans, ne négligez aucune de ses œuvres ! De 1949 (Week-end à Zuydcoote, prix Goncourt) à 2003 (Le glaive et les amours, dernier tome de la série Fortune de France), il n'a jamais failli : tous ses romans possèdent une qualité de scénario et de narration formidable.

Durant sa longue carrière, à côté de ses thèmes favoris - la guerre, l'histoire - Robert Merle a flirté à plusieurs reprises avec l'anticipation.

A côté de son roman de SF le plus connu (Malevil, un petit chef-d’oeuvre), il ne faut pas oublier de lire Les hommes protégés, tant son sujet reste d’actualité.

Les hommes protégés est une pure dystopie, à placer au côté du terrible roman Le pouvoir, de Naomi Alderman.

Dans les deux récits, ce sont les femmes qui dominent le monde.

Dans Le pouvoir, les femmes dominent les hommes - et abusent de leur position dominante, de manière dramatique - grâce à un pouvoir qui s'est développé uniquement chez elles. Dans Les hommes protégés, c'est un virus qui ne touche que les hommes qui a les a décimées.

Mais dans les deux cas, le résultat est le même : les femmes abusent de leur pouvoir et tyrannise les hommes, un monde à l'envers (lorsqu'on songe à certaines périodes de l'histoire de l'humanité) totalement effrayant, par sa violence et sa bêtise.

Une dystopie, certes, mais une utopie ? On peut en douter car, dans les deux cas, le message des auteurs est le même : la femme ne vaut pas mieux (ni moins) que l'homme et, une fois au pouvoir, elle est capable des mêmes atrocités.

Sauf que Robert Merle est plus subtile que Naomi Alderman, en démontrant que le féminisme extrémiste n'est naturellement (et finalement) pas plus inéluctable que le machisme intégral... Je ne vous en dirais pas plus.

Les hommes protégés a été écrit en 1974, bien avant Meetoo. Un demi-siècle, cela compte, et le roman possède la faiblesse d'un ton paradoxalement parfois un peu machiste, malgré un fond tout à fait féministe.

La raison ? Sans doute une histoire d'éducation, car Merle était un homme du tout début du XX° siècle (né en 1908). Mais, écarté cet écueil mineur, le roman est passionnant.

Ecrit (et à lire) comme un polar, il soulève un nombre considérable de questions qui restent aujourd'hui d'actualité. Quant au ton il est, comme toujours chez l'auteur, savoureux, souvent plein d'humour et d'humanité.

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