La vie mensongère des adultes

Elena Ferrante

Gallimard

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Le pitch

"Deux ans avant qu'il ne quitte la maison, mon père dit à ma mère que j'étais très laide."

Giovanna, fille unique d'un couple de professeurs, vit une enfance heureuse dans les hauteurs de Naples. L'année de ses douze ans, elle surprend une conversation dans laquelle son père la compare à Vittoria, une tante à la réputation maléfique. Bouleversée par ce rapprochement aussi dévalorisant qu'inattendu, Giovanna va chercher à en savoir plus sur cette femme. En fouillant l'appartement, elle déniche de rares photos de jeunesse sur lesquelles son père se tient aux côtés d'une personne mystérieusement recouverte de feutre noir. Elle décide alors d'aller à la rencontre de cette Zia Vittoria habitant les quartiers pauvres de Naples.

Dans cette partie de la ville qui lui était inconnue, l'adolescente découvre un autre univers social, une façon d'être plus spontanée. Incitée par sa tante à ouvrir les yeux sur les mensonges et les hypocrisies qui régissent la vie de ses parents, elle voit bientôt tout le vernis du monde des adultes se craqueler. Entre grandes espérances et cuisantes désillusions, Giovanna cherche sa voie en explorant les deux visages de la ville, comme deux aspects de son identité qu'elle tente de concilier.

Mon avis

Elena Ferrante, c'est l'auteure de la célébrissime saga de L'amie prodigieuse, monstrueux succès de librairie en quatre tomes vendus à des millions d'exemplaires, notamment en Italie et en France.

C'est aussi un phénomène médiatique d'édition, Elena Ferrante n'étant qu'un pseudonyme dissimulant le véritable patronyme - et donc l'identité - de l'auteure (même si les conjectures sont innombrables).

Mais au delà de ces deux faits mondialement connus, ces deux "marqueurs" comme diraient certains adeptes de la novlangue médiatique, certains continuent de se poser la question fatale : nonobstant les chiffres de vente impressionnants, l'auteure de L'amie prodigieuse est-elle un bon écrivain ?

Pour moi, la question ne se posait pas, tant les trois premiers volumes de la saga me paraissait d'une qualité absolument évidente, même si je n'ai pas apprécié le dernier volet de l'histoire (voir mes critiques ailleurs sur le site). Mais la lecture de son dernier roman, La vie mensongère des adultes, vient non seulement conforter mon opinion, mais assure aussi aux yeux de tous - cela me parait désormais indiscutable - la valeur intrinsèque de sa plume.

En fait, j'ai retrouvé dans les 400 pages denses du roman tout ce qui faisait le charme, la puissance, et la qualité littéraire du best seller déjà cité (vous avez vu comment j'évite habilement les répétitions de titre, ha ! ha ?!).

Le cadre du roman, tout d'abord, avec cette Italie du sud si particulière aux yeux d'un lecteur français, Naples, sa chaleur, sa population.

Le thème principal, ensuite, ce récit au long court de la vie d'une jeune fille avec son passage progressif dans l'adolescence, puis l'âge adulte.

La technique de narration, enfin, avec le choix d'une seule voix, celle de l'héroïne, qui permet à l'auteur de passer tous les évènements de l'histoire au tamis de sa perception, de sa subjectivité.

Autant d'occasion d'infuser à chaque péripétie, à la description de chaque personnage et de ses comportements, les émotions, les exagérations, les erreurs de perception d'une adolescente.

Que se passe-t-il, tout au long des ces chapitres abondamment dialogués ? Pas grand-chose d'extraordinaire, en fait, si ce n'est le cours de la vie de n'importe qui : évènements, querelles et recomposition d'une vie de famille, premières amitiés, premier amour, premier amant...

Mais tout cela avec un talent qui rend chaque détail aussi intéressant que s'il était original, exceptionnel.

Tout le talent d'une grande auteure, sans aucun doute !

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