L’amie prodigieuse

Enfant, adolescence

Elena Ferrante

Folio

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Le pitch

«Je ne suis pas nostalgique de notre enfance : elle était pleine de violence. C’était la vie, un point c’est tout : et nous grandissions avec l'obligation de la rendre difficile aux autres avant que les autres ne nous la rendent difficile.»

Elena et Lila vivent dans un quartier pauvre de Naples à la fin des années cinquante. Bien qu’elles soient douées pour les études, ce n’est pas la voie qui leur est promise. Lila abandonne l’école pour travailler dans l’échoppe de cordonnier de son père. Elena, soutenue par son institutrice, ira au collège puis au lycée. Les chemins des deux amies se croisent et s’éloignent, avec pour toile de fond une Naples sombre, en ébullition.

Formidable voyage dans l’Italie du boom économique, L’amie prodigieuse est le portrait de deux héroïnes inoubliables qu’Elena Ferrante traque avec passion et tendresse

Mon avis

Comment échapper à la déferlante Elena Ferrante ? C'est la question paradoxale que l'amateur de livres peut se poser à propose de la tétralogie romanesque autobiographique de l'auteure... qui publie sous un pseudonyme et a toujours refusé de dévoiler son identité !

Après avoir balayé l'Italie et les Etats-Unis, le succès de la romancière d'origine napolitaine (enfin... c'est ce que semble révéler ses écrits !) a squatté la liste des plus grands succès en France, au point qu'en janvier 2017 la sortie du troisième tome de la saga a permis aux trois premiers volumes d'occuper les trois premières marches des meilleures ventes simultanément !

En découvrant un peu en retard L'amie prodigieuse, je ne peux que m'étonner de cet énorme engouement populaire : le roman ne présente aucune des composantes habituels des grands succès de librairie... alors même que ce succès me semble parfaitement justifié !

L'enfance, l'adolescence et l'entrée dans l'âge adulte de deux amies, Elena et Lila, alors qu'à la sortir de la seconde guerre mondiale le sud de l'Italie vit dans une misère qu'on a du mal à imaginer soixante ans plus tard : voilà toute l'histoire, telle qu'elle est racontée à la première personne par Elena.

Pas de suspens, de rebondissements. Pas d'humour, pas de sexe (ou si peu). Juste une très lente chronique, une plongée - une immersion devrais-je dire - dans la vie d'un groupe de familles, pour la plupart des gens très simples.

Elena est pleine d'admiration pour Lila qui est une amie prodigieuse, car elle possède une intelligence exceptionnelle, un réel talent d'écriture et, l'âge aidant, un charme et un beauté évidente. Mais Elena, outre sa propre intelligence et une volonté de fer qui lui permettent de pousser ses études bien au delà des canons habituels de sa classe sociale, a quelque chose de plus que son amie : l'envie de sortir de sa condition.

Le style n'est pas flamboyant mais, d'un indéniable classicisme, bien que l'utilisation systématique du passé simple se révèle parfois d'une vraie lourdeur désuète à la première personne du pluriel.

Il permet à l'auteur de tricoter peu à peu une toile de fond naturaliste d'une grande cohérence, habituée par de très nombreux personnages qui sont d'autant plus crédibles qu'ils sortent visiblement tout droit de la mémoire d'Elena (à noter une petite difficulté pour un lecteur français de se retrouver dans les innombrables prénoms italiens qui se terminent tous par O pour les garçons et A pour les filles !).

La lecture relativement peu prenante dans un premier temps (le récit manque vraiment de dialogues) se révèle sur la durée de plus en plus addictive et l'histoire attachante. Lire L'amie prodigieuse, c'est un peu retomber dans l'atmosphère des films italiens des années 50 et 60 : l'image a du grain, elle est en noir et blanc, mais elle déborde d'humanité.

N'hésitez pas à rejoindre la cohorte des millions de lecteurs (avec, j'imagine, d'une majorité de lectrice) : vous ne serez pas déçus. Vous pourrez alors l'offrir autour de vous.

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