L’enfant perdue

L'amie prodigieuse IV

Elena Ferrante

Gallimard / Folio

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Le pitch

À la fin de Celle qui fuit et celle qui reste, Lila montait son entreprise d'informatique avec Enzo, et Elena réalisait enfin son rêve : aimer Nino et être aimée de lui, quitte à abandonner son mari et à mettre en danger sa carrière d'écrivain. Car elle s'affirme comme une auteure importante et l'écriture l'occupe de plus en plus, au détriment de l'éducation de ses deux filles, Dede et Elsa. L'histoire d'Elena et de Nino est passionnelle, et bientôt Elena vit au gré de ses escapades pour retrouver son amant. Lors d'une visite à Naples, elle apprend que Lila cherche à la voir à tout prix. Après avoir embrassé soixante ans d'histoire des deux femmes, de Naples et de toute l'Italie, la saga se conclut en apothéose.

Plus que jamais, dans L'enfant perdue, Elena Ferrante nous livre un monde complet, riche et bouillonnant, à la façon des grands romanciers du XIXE siècle, un monde qu'on n'oublie pas.

Mon avis

Si vous n'avez pas lu ma critique des trois premier tomes de la quadrilogie d'Elena Ferrante, L'amie prodigieuse,  Le nouveau nom, et Celle qui fuit et celui qui reste,  je vous invite à commencer par le faire avant de lire les lignes qui suivent...

Quatrième et dernier volume de la saga de l'immense succès de l'auteure (anonyme) italienne, L'enfant perdue est une des plus grandes déceptions récentes de ma vie de lecteur.

Comment expliquer qu'Elena Ferrante ait, après près de mille cinq cents pages d'un récit parfaitement maîtrisé, réfléchi, abandonné presque tous les fondamentaux de son œuvre pour transformer le dernier volet de son admirable roman en un soap italien parfaitement énervant et soporifique ?

Elena, l'héroïne récitante, alter-ego de l'auteure, était jusque là une femme réservée, doutant de tout et avant tout d'elle-même, responsable, empathique ? Dès les premières pages de L'enfant perdue, la voilà soudain transformée en une femme antipathique, tant elle est devenue égoïste, sacrifiant ses enfants et sa famille à sa "carrière" d'auteur et à sa passion amoureuse (une passion qui plus est vouée à l'échec, même s'il lui faut plus de deux cents pages pour s'en rendre compte).

L'amie prodigieuse, l'impressionnante Lila aux talents multiples aux multiples facettes, qui était en fait le cœur du récit pendant près de mille pages ? Là aussi, changement de cap complet : quasiment absente de la première moitié des plus de 600 pages du volume (long, trop long !), le lecteur ne la voit réapparaître que petit à petit, tissant des fils toxiques autour de ce qui était sa meilleure amie !

La toile de fond du roman, cette Italie de la seconde moitié du XX° siècle en perpétuelle évolution, très longuement décrite par Elena Ferrante et qui donnait toute sa valeur à ce récit quasi autobiographique ? Pffft : disparue dès les premières pages ! On ne parle plus d'histoire, on ne parle plus politique, on abandonne toute l'étude sociologique qui rendait la saga passionnante. Seule demeure Elena et son cortège interminable de relations.

Alors, comment expliquer ? Je n'ai pas la réponse.

Mais je peux vous garantir que je regrette profondément d'avoir entamé la lecture (sans la terminer, j'ai abandonné à mi-chemin) de ce dernier volet et je vous engage à découvrir, par contre, les trois premiers tomes de cette fresque qui restera, quoiqu'il advienne, comme une des œuvres romanesques européennes marquantes de ce dernières années.

 

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