Les dames de Kimoto

d'après le roman de Sawako Ariyoshi

Cyril Bonin

Sarbacane

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Le pitch

À travers le récit des amours, des passions et des drames vécus par trois femmes de générations différentes, Les dames de Kimoto dresse un tableau subtil et saisissant de la condition féminine au Japon depuis la fin du XIXᵉ siècle.

D'après le roman de Sawako Ariyoshi.

Les dames de Kimoto

Mon avis

Avec Les dames de Kimoto, Cyril Bonin poursuit son marathon créatif : un album par an, un one shot copieux de plus de 100 planches, textes et graphismes, quel santé !

Cette fois-ci, l'auteur part sur l'adaptation d'un roman préexistant, comme il a pu le faire par le passé avec Marcel Aymé dans La belle image.

Mais Bonin sort cette fois-ci complètement de son cadre occidental habituel, pour adapter un roman japonais de Sawako Ariyoshi, ce qui est un vrai pari.

Autant le dire tout de suite : le pari n'est qu'à moitié tenu.

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Les dames de Kimoto

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C'est la partie scénario qui est une vraie réussite, et je salue ici la technique d'adaptation de l'auteur, car restituer sous format BD les qualités d'un texte aussi littéraire, c'est une véritable performance !

Ménagez vous une longue plage de tranquillité pour aller au bout de cette histoire qui se déroule sur un demi-siècle, au cours duquel Sawako Ariyoshi raconte au travers du destin d'une descendance familiale féminine, avec beaucoup de subtilité, l'évolution du rôle de la femme dans la société japonaise.

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De l'ère du Meiji jusqu'à l'après seconde guerre mondiale, l'auteure montre comment les femmes vont "s'épanouir" peu à peu, sortant d'un statut et un rôle figés, limités, à celui d'une personne avec des droits et un rôle actif.

Cyril Bonin use sans cesse de la voix off - reprenant j'imagine le texte du roman - pour franchir les transitions et les accélérations temporelles, réservant l'usage des dialogues pour les scènes pivots de l'histoire.

C'est prenant, fascinant malgré le rythme lent et souvent contemplatif du récit. C'est une réussite.

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Les dames de Kimoto

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Par contre, le pari graphique est malheureusement en grande partie perdu, essentiellement pour un choix esthétique dont j'ai pu déjà longuement parlé dans mes critiques précédentes.

En fait, je peux restituer telles quelles deux phrases de ma critique de l'album précédent, Stella :

"... une fascination (qui tourne à l'obsession) pour une gamme chromatique ultra restreinte, la quasi totalité des planches baignant dans l'orange ocré et le vert d'eau. Sur ce point là, il faut absolument que Cyril Bonin s'affranchisse de cette obsession monomaniaque, vraiment pesante pour ses lecteurs !"

Eh bien... rien n'a changé.

Par exemple, Cyril Bonnin ne connait pas le bleu, totalement absent de sa mise en couleurs ! Quant au noir franc, c'est la même chose. A ce niveau là, cela relève de la psychanalyse !

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Les dames de Kimoto

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Ajoutons que la gestion des visages, qui a toujours été le point faible de l'illustrateur, ne s'arrange pas avec ce récit japonais, les personnages se ressemblant tous, peu ou prou. Quant aux visages ridés des personnes âgées, ce n'est vraiment pas une réussite.

Album à découvrir, mais quel dommage...

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