Mary Anne

Daphné du Maurier

Le livre de poche

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Le pitch

Londres, dans les dernières années du XVIIIe siècle. Une fillette partie de rien réussit, par son intelligence, sa force de caractère et sa beauté, à se hisser dans les hautes sphères de la société, jusqu'à devenir la maîtresse du duc d'York, fils du roi et chef des armées de l'Angleterre en lutte contre Napoléon. Mais, trahie, Mary Anne défraiera la chronique lors d'un procès mettant en cause son ancien amant. Traînée dans la boue par les bien-pensants, elle se battra la rage au cœur pour faire reconnaître ses droits.

Mary Anne Clarke, arrière-grand-mère de Daphné Du Maurier et courtisane célèbre en son temps, représente aujourd’hui encore une figure marquante de la révolte féminine. Son histoire, celle d'une femme dressée contre l'hypocrisie de son époque, fut pour l’écrivaine l'occasion de composer l’un de ses romans les plus ambitieux et les plus émouvants.

Mon avis

Mary Anne, oh Mary Anne !... Avec un titre-prénom et une couverture aussi romantique, difficile de ne pas craquer devant cette réédition d'un des romans les moins connus de la grande Daphné du Maurier !

Après quelques plongées récentes et réussies dans la bibliographie de la reine du suspens psychologique historique, comme Le général du roi, me voilà donc penché sur ce très épais volume narrant par le détail le destin de Mary Anne Clarke, aïeule de l'auteure.

Une histoire réelle donc, sur fond de décor historique, l'Angleterre du XVIII°, celle des grands écarts sociaux entre l'aristocratie toute puissante et la multitude du petit peuple, prêt à tout pour survivre. Une ambiance à la Dickens.

La première moitié du roman, vraiment réussie, correspond exactement à la promesse d'un récit réaliste, où l'héroïne passe par tous les stades de la lutte pour la vie. Mary Anne vit tout d'abord comme la plupart des femmes du peuple de son temps, pauvreté, victime de la misère sexuelle, de la lutte contre l'alcoolisme, confrontée et sociale.

Mais son caractère fort, combatif, la pousse finalement à utiliser le seul atout qu'elle a en main : un charme incroyable - plus qu'une grande beauté - qui lui permet de se "vendre" au plus offrant.

Le plus offrant, ce n'est pas une formule de style : elle se hisse vraiment vers les plus riches, les plus puissantes, pour terminer dans le lit du fils du roi !

Tout cela va mal se terminer, lorsqu'au bout de quelques années tout passe et tout lasse et que son amant l'abandonne. Mary Anne a des ennemis à la pelle, qui vont tout faire pour la faire tomber, aussi bas que possible. Mais la belle aventurière ne va pas se laisser faire et se battra jusqu'au bout.

La seconde partie du roman est le récit de cette lutte, et elle est ratée : trop longue (plus de 300 pages !), trop descriptive, mêlant une multitude de personnages sans grand intérêt, elle n'est qu'une chronique judiciaire aride qui tombe comme un cheveu sur la soupe après 250 pages de roman historique...

Daphné du Maurier souhaitait visiblement rendre hommage à son aïeule en racontant sa vie, avec autant de précisions que possible.

Trop proche de son sujet, elle ne s'est visiblement pas rendu compte que cette dichotomie dans la narration risquait de ne pas passionner le lecteur autant qu'elle. Dommage.

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