Blackwater

I - La crue

Michael McDowell

Monsieur Toussaint Louverture

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Le pitch

Pâques 1919, alors que les flots menaçant Perdido submergent cette petite ville du nord de l'Alabama, un clan de riches propriétaires terriens, les Caskey, doivent faire face aux avaries de leurs scieries, à la perte de leur bois et aux incalculables dégâts provoqués par l'implacable crue de la rivière Blackwater.

Menés par Mary-Love, la puissante matriarche aux mille tours, et par Oscar, son fils dévoué, les Caskey s'apprêtent à se relever… mais c'est sans compter l'arrivée, aussi soudaine que mystérieuse, d'une séduisante étrangère, Elinor Dammert, jeune femme au passé trouble, dont le seul dessein semble être de vouloir conquérir sa place parmi les Caskey.

Mon avis

La crue est le premier tome du roman Blackwater, qui en comporte six.

La pratique du roman-feuilleton, si courante au XIX° siècle, a peu à peu disparue à l'aube du XX° siècle.

Gros paradoxe : le principe a été repris à la fin du siècle dernier par le récit cinématographique, pour développer un genre aujourd'hui incroyablement populaire : la série !

Au cours de ces dernières décennies, je ne voyais jusqu'à il y a peu qu'un auteur ayant tenté de ressusciter le genre : le grand Stephen King en 1996, à l'apogée de sa gloire, avec le formidable La ligne verte, roman fantastique publié en six courts volumes, chacun à intervalle d'un mois. J'ai conservé avec émotion l'édition originale française publié chez Librio, six jolies fascicules vendus à l'époque 10 francs (1.50 €).

Pourtant, j'ai découvert récemment, grâce à l'excellent éditeur Monsieur Toussaint Louverture, qu'un auteur avait précédé Stephen King... et qu'il l'avait même carrément inspiré pour reprendre le procédé !

Blackwater est en effet sorti en 1983, six volumes publiés à un mois d'intervalle.

Michael McDowell, auteur de romans populaires mort prématurément en 1999, avait décidé de développer ce grand roman fantastique (on doit approcher les 1 500 pages en format poche !) sur ce principe.

A sa lecture différée de près de 40 ans (il s'agit de la première édition française d'une œuvre pourtant fort connue de l'autre côté de l'Atlantique), impossible de ne pas y prendre un grand plaisir.

Grand plaisir, tout d'abord, parce que - une fois de plus, car il en a pris l'habitude - Monsieur Toussaint Louverture s'est donné un mal de chien pour proposer au lecteur une édition magnifique.

Impossible de reproduire en photo la magie de la couverture dorée à chaud à deux reprises puis embossée pour que - selon les termes mêmes de l'éditeur - "sa forme et ses ombres captent la lumière et marque les esprit".

Le graphisme de cette couverture est très nettement d'inspiration art nouveau, en accord avec l'époque où se déroule le récit (1920). L'ensemble est fascinant.

Une fois le volume ouvert, nous voilà embarqué pour une histoire étrange qui débute sous le signe de l'eau.

Le rythme des 250 premières pages est volontairement lent; une chronique provinciale assez classique - croit-on ! - où, très, très progressivement, certains évènements dramatiques vont prendre une coloration fantastique intrigante.

Paradoxe du roman : le personnage le plus terrifiant de l'histoire n'est pas Elinor, la jeune femme sauvée des eaux et dont la nature étrange est très vite dévoilée par l'auteur, mais bien Mary-Love, la matriarche, une sacrée... mais je n'en dirais pas plus !

Le volume se termine sur un twist choquant qui propulse directement le lecteur vers le second tome mais - aaargh ! - il va falloir attendre quinze jours sa parution !

Une vraie petite pépite.

   

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