Cet instant-là

Douglas Kennedy

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Le pitch

Écrivain new-yorkais, Thomas Neesbitt, reçoit à quelques jours d'intervalle deux courriers qui le replongent dans son passé : les papiers de son divorce après vingt ans de mariage, puis le journal de son premier amour.

1984. Parti à Berlin pour écrire, Thomas arrondit ses fins de mois en travaillant pour Radio Liberty. Il rencontre alors Petra, sa traductrice. Entre eux, naît une passion dévorante. Peu à peu, Petra lui confie son histoire et le récit de son passage à l'Ouest. Thomas est bouleversé. Rien désormais ne semble pouvoir séparer les deux amants...

Mon avis

"Qui aime bien, châtie bien".

Voilà un proverbe qui ne manque pas de pertinence, et que je ne peux m'empêcher d'utiliser en parlant de Douglas Kennedy.

Fan de la première heure de cet auteur américain qui a adopté un long moment la France comme deuxième patrie, je n'ai pu, malheureusement, que me désoler profondément du virage qualitatif abordé au moment où, semble-t-il, sa vie personnelle subissait d'importantes secousses.

Pour faire simple : tout ce qu'il a écrit jusqu'à Les charmes discrets de la vie conjuguale (2005) possède un charme, une qualité, et un savoir-faire remarquables.

Avec et après La femme du V° (2007), l'inspiration s'estompe, la vista disparaît et les ficelles apparaissent : la magie est rompue.

Les motifs de ce que je pense être le résultat de traumatismes profonds - fort habilement racontés récemment dans son essai autobiographique Toutes ces grandes questions sans réponse (2016) - sont clairs.

On les retrouve d'ailleurs de manière flagrante, troublante, dérangeante dans les premiers chapitres de Cet instant-là (2011).

Des péripéties romanesques, croit-on, alors qu'on les retrouve quasiment mot pour mot dans l'essai évoqué plus haut (rupture du couple, accident de ski de fond ...).

Malheureusement, passées ces premières pages si visiblement autobiographiques, le roman confirme la perte de magie.

Passe encore les deux premières parties du récit, où le héros s'installe et découvre Berlin (ouest et est).

On s'interroge, on suppute : quelle mécanisme Kennedy met-il soigneusement en place pour - comme il en avait l'habitude jusque là - précipiter ensuite le lecteur dans une succession d’enchaînements imprévisibles ?

Malheureusement, on tourne les pages, on baille, on s'épuise... La mayonnaise ne prend pas, le soufflé se dégonfle... bref, foin de mauvaises métaphores culinaires : l'histoire se casse la gueule !

La romance entre le héros et Petra, l'allemande de l'ouest qui se révélera de l'est, est racontée avec une mièvrerie désolante digne d'un roman à l'eau de rose. Quand aux péripéties peu surprenantes de la seconde partie du gros - beaucoup trop gros - roman, elles m'ont laissé complètement de marbre.

Plus de 700 pages, nom d'un chien ! Pour tenir 700 pages, il faut de la matière, et de la bonne !

Je n'ai pas lu les trois cents dernières pages. Trop triste de voir Douglas Kennedy ramer sur le sable.

"Qui aime bien châtie bien".

 

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