King Kong Théorie

Virginie Despentes

Grasset / Le livre de poche

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Le pitch

J’écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien que pour les hommes qui n’ont pas envie d’être protecteurs, ceux qui voudraient l’être mais ne savent pas s’y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés.

Parce que l’idéal de la femme blanche séduisante qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, je crois bien qu’il n’existe pas.

Mon avis

Avec Baise moi, il y a près de 25 ans (si, si !) les lecteurs français, ébahis, ont découvert l'auteure Virginie Despentes,  intelligente, terriblement crue, provocatrice, inattendue, imprévisible et surtout... son style. Fluide avec des mots qui déchirent, moderne avec des accents classiques. Vous imaginez le ramdam !

Vingt ans plus tard, elle débarque avec une trilogie romanesque, Vernon Subutex, dont au moins le premier tome et demi représente une des tentatives les plus abouties du roman français de ces dernières années.

Entre les deux... plusieurs romans, de qualité variable, mais jamais inintéressants, et un essai, King Kong Théorie.

Si vous aimez Virginie Despentes romancière, jetez-vous sur King Kong Théorie, car l'ouvrage est la quintessence même de l'auteure. De l'extrait de Despentes, de l'extra dry. Tout le discours qui sous-tend ses romans, sans le prétexte du récit inventé.

Comment résumer la pensée de Despentes ? Difficile... Allez : imaginez une féministe punk rock (comme elle se qualifie elle-même à plusieurs reprises) qui, après avoir tout vécu (le viol, la prostitution, la drogue, le hard) et même au delà, possède suffisamment d'intelligence et de talent pour secouer le cocotier des conventions de son époque, féminisme et machisme entassés dans le même panier, et leur cracher à la figure leurs quatre vérités.

L'ensemble est, vous vous en doutez, assez surprenant (j'adore les euphémismes).

Même si on peut ne pas adhérer à 100 % de ses affirmations (il manque pour moi dans sa démonstration un questionnement intelligent sur ce que peuvent bien penser les autres - tu sais Virginie, les mecs normaux - dans leur p'tite tête), il est difficile de ne pas être soufflé par le talent de l'écrivain, et la pertinence de certaines réflexions auxquelles, souvent, on ne peut qu'admettre ne pas avoir songé.

Verdict : enivrez-vous de cet essai provocateur, réservé aux adultes, majeurs et vaccinés (évitez de mettre cette bombe entre les mains de votre petite nièce, ça risquerait de lui donner de drôles d'idées !) cela ne pourra que vous faire du bien car - c'est le propre des grands essais - il vous poussera - que dis-je : il vous forcera ! - à faire fonctionner vos neurones !

NB : et si vous voulez rigoler cinq minutes, offrez-le à Noël à tante Ursule, celle quia de la moustache, juste pour voir sa tête !

 

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