Vernon Subutex

T3.

Virginie Despentes

Grasset

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Le pitch

Vous l’attendez depuis deux ans, le voici  ! Vernon Subutex 3, le retour de Vernon, suite et fin de la trilogie.

Mon avis

Un troisième tome à Vernon Subutex, deux ans après les deux premiers : était-ce vraiment indispensable, voire nécessaire ?

C'est la question que je posais très clairement à la fin de ma critique du deuxième volume de Vernon Subutex, dont je reproduis ici deux paragraphes :

"Mais l'intrigue - si on peut l'appeler comme ça - autour de l'enregistrement de l'idole prend l'eau, et le destin de tous ces personnages, plus paumés les uns que les autres, tourne peu à peu à la fête soixante-huitarde, le retour à la nature, la négation de la société, le happening à la défonce (vous n'imaginez pas la quantité d'alcool et de drogues consommés en 800 pages) soutenu par les mixs improbables du DJ improvisé Vernon Subutex.

Au bout d'un moment, on finit par considérer tout cela avec un œil un brin dubitatif en se demandant où l'auteur veut en venir. Et on ne le saura pas en refermant le livre, car il faudra attendre le troisième tome. Que l'on achètera, ou pas, suivant son humeur, en sachant que le deuxième boucle suffisamment sur l'histoire pour qu'une suite ne soit pas vraiment indispensable."

Aujourd'hui, après avoir tenté de terminer sans succès le troisième pan de cette "comédie humaine" des temps modernes - pour reprendre le parallèle admiratif mais un peu osé que j'avais employé pour évoquer le début de l'histoire -, je peux clairement répondre : non !

Je rappelle que Virginie Despentes avait initialement prévu d'articuler son récit deux parties, et pas plus.

Ceci explique sans doute pourquoi VS T3 présente tous les symptômes de la série TV à succès à laquelle on rajoute des saisons, alors que les scénaristes n'ont plus rien à raconter.

Un signe : regardez le pitch de l'éditeur, qui ne se donne même pas la peine de créer un 4ème de couverture !

Décryptage : "fans de Vernon, achetez, vous allez kiffer !"

Despentes abandonne dès la première page toute velléité de raconter une histoire et le lecteur est condamné à errer entre d'interminables monologues ou récitatifs en style indirect, attachés successivement à chacun des nombreux personnages du roman.

Ces plongées successives dans la tête de nos contemporains paumés, on les avait adorés pendant plusieurs centaines de page.

Ici, même si le talent de conteuse de l'auteure est toujours là, brillant, et si l'on met de côté quelques chapitres qui rappellent les grandes pages des volumes précédents, elles sont vite insupportables, car elles relèvent du procédé et sont redondantes avec ce qui a déjà été écrit auparavant.

Despentes tente bien de surfer sur les traumatismes de l'actualité (les attentats parisiens) mais les considérations de ses personnages (d'une uniforme médiocrité particulièrement lassante) ne sont que le reflet d'une époque et, malheureusement, nous les avons nous même vécu !

Bref : je me suis très vite royalement emmerdé et, malgré mes efforts répétés, j'ai fini par lâcher la rampe avant les deux tiers du roman, à l'occasion d'un passage à tabac doublé de viol particulièrement dégueulasse, d'autant plus choquante que c'était la première scène où il se passait quelque chose depuis plus de 250 pages !

Fin de l'histoire.

Triste fin.

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