Vernon Subutex
Grasset / Le livre de poche
Vernon Subutex
Grasset / Le livre de poche
Le pitch
On retrouve Vernon Subutex, toujours SDF, et mal en point. L'ancien disquaire est déconnecté du monde réel, sans ambition ni projets.
Il apprend à vivre dans la rue, au côté de Charles, un poivrot collant. Les anciens amis de Vernon continue de le traquer comme il possède l'interview inédite du rockeur Alex Bleach, enregistrée peu avant sa mort.
Mon avis
Suite du grand roman de Virginie Despentes, le second tome de Vernon Subutex commence là où se terminait le premier (voilà une formule d'une originalité confondante !!).
Le personnage principal (je n'oserais utiliser le terme de "héros" !), Vernon Subutex, a dégringolé peu à peu - ou plutôt, il s'est laissé glisser - avant de prendre carrément la fuite pour échapper à la société, dans une forme de nihilisme que l'auteur prend bien soin de ne pas vraiment expliquer.
Le lecteur qui, comme moi, a été passionné par le premier volet de l'histoire, qui a suivi cette succession de portraits en se laissant porter par la prose précise, brutale de Virginie Despentes (ce livre est un vrai Tourne Page, croyez-moi !) espère retrouver la suite de cette radiographie d'une partie de notre société.
Despentes, d'une certaine façon, s'est lancé dans l'entreprise d'une petite Comédie humaine; mais n'est pas Balzac qui veut, car il faut du souffle, de la résistance, et du matériel pour alimenter le feu, sur la durée.
Et là, subitement, ça coince un peu.
Au début, c'est imperceptible, puis au fil des pages on est bien obligé de l'admettre : l'histoire tourne un peu en rond.
Bien sûr, il y a toujours de passages superbes, ces portraits brossés avec tant de talent et d'énergie par V. Despentes.
Mais l'intrigue - si on peut l'appeler comme ça - autour de l'enregistrement de l'idole prend l'eau.
Le destin de tous ces personnages, plus paumés les uns que les autres, tourne peu à peu à la fête soixante-huitarde, le retour à la nature, la négation de la société, le happening à la défonce (vous n'imaginez pas la quantité d'alcool et de drogues consommés en 800 pages), soutenu par les mixs improbables du DJ improvisé Vernon Subutex.
Au bout d'un moment, le lecteur finit par considérer tout cela d'un œil un brin dubitatif en se demandant où l'auteur veut en venir.
Et on ne le saura pas en refermant le livre, car il faudra attendre le troisième tome.
Que l'on achètera, ou pas, suivant son humeur, en sachant que le deuxième boucle suffisamment sur l'histoire pour qu'une suite ne soit pas vraiment indispensable.
Pour résumer : à lire absolument, pour compléter le très, très brillant premier tome, même si le plaisir est un peu tempéré au cours des deux cents dernières pages.
Huit cents pages pour un roman, c'était déjà très bien, non, Virginie ?
NB : ce roman n'est pas destiné à tous les lecteurs, nombre de personnes pourrait être, soit choqué (si, si, je n'aurais pas offert ce livre à ma tante Eulalie), soit exaspéré par la place excessive accordé -comme dab' - par V. Despentes à la défonce et surtout au monde du porno (ça, c'est vraiment exaspérant, à la longue, et souvent superfétatoire).
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