Les chiennes savantes

Virginie Despentes

Le livre de poche

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Le pitch

Nous sommes à Lyon, sur les pentes de la Croix-Rousse. Lucie travaille comme strip-teaseuse. Elle rencontre un mauvais garçon, Victor, qui la manipule avec une habileté perverse et lorsque deux de ses collègues de travail sont découvertes sauvagement assassinées, elle se retrouve à mener l’enquête…

Virginie Despentes signe ici son unique polar, et place le lecteur dans la position d’un client de peep-show : les personnages exhibent autre chose que ce qu’ils sont, ne se parlent que séparés par des vitres, les rideaux tombent toujours trop tôt, et ce qu’on finit par découvrir en loge n’a rien à voir avec ce qui se donne en spectacle… Quand les poupées prennent la parole et se démaquillent, elles ne ressemblent pas tout à fait à ce qu’on croyait savoir d’elles.

Mon avis

Virginie Despentes est une auteure majeure du dernier quart de siècle, j'en suis convaincu, et vous pouvez aller vous balader sur le site, vous verrez à quel point j'ai apprécié la plupart de ces romans.

Malgré cela, au fil de mes lectures, j'ai été frappé par l'irrégularité de la qualité de ses œuvres.

Car, à côté d'un Bye Bye Blondie, d'un premier tome de Vernon Subutex, ou de son formidable essai King Kong théorie, - trois réussites majeures - que puis-je dire de Apocalypse bébé, ou de son dernier roman, Cher connard, si ce n'est qu'ils sont ratés ?

Malheureusement, avec Les chiennes savantes, un texte sorti juste après Baise moi - une oeuvre de "jeunesse", donc -, je suis tombé sur une nouvelle grosse réception.

Non que je remette en cause le style et les grands thèmes du récit, car il reflète déjà ce qui sera la marque de fabrique de l'auteure : narration à la première personne du singulier, ambiance hyper glauque, hyper sexuée, personnages paumés, déphasés, femmes larguées dans leur vie, hommes sans morale, antipathique.

De ce côté là, pas de surprise, et une première moitié du roman assez convainquante, même s'il y manque encore un peu de la subtilité et de l'étrange tendresse pour l'humanité que Despentes manifestera par la suite.

Mais passé la mise en place, le roman qui démarrait comme un polar naturaliste dépeignant le faune interlope du quartier de Pigalle, tourne peu à peu en eau de boudin.

Résultat : le polar est court circuité par une histoire d'amour (ou plutôt l'histoire d'une emprise toxique) qui se termine quasiment en récit horrifique. Plus glauque que glauque tu meurs...

Cette emprise, elle est tellement téléphonée qu'on la sent venir depuis le début du bouquin et la chute (c'est le cas de le dire...) ressemble à un abandon par K.O. de l'auteure, qui se débarrasse de son histoire à la va- vite, faute de  savoir comment la conclure de manière intelligente et intelligible.

Mais, le plus désagréable de l'entreprise, c'est la manière dont Virginie Despentes décrit ses personnages féminins : il n'y en a pas un pour racheter l'autre, la pire étant Lucie, l'héroïne, qu'elle présente comme une faible et stupide jeune femme.

Le comble pour une auteure féministe qui aura, par la suite, toute l'intelligence de défendre la cause de son sexe avec une lucidité, une acuité et une intelligence hors du commun !

Passez votre chemin : il n'y a rien à voir !

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