[Idées lecture ] Les grands romans américains classiques

Posté le 15 janvier 2023, par letournepage, dans Le coin cadeau

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Le roman classique américain, c’est celui qui raconte les débuts du pays, la conquête d’un territoire étonnant, dangereux.

Mais aussi, le récit des aventures maritimes et des grandes découvertes qui ponctuent tout le XIX° siècle. Et enfin, les soubresauts de l’économie et le développement des luttes sociales face au capitalisme.

Plus d’un siècle de chefs-d’œuvre, la plupart ayant été maintes fois adaptés au cinéma, tant leur dramaturgie traduit parfaitement l’histoire d’un peuple. Une quarantaine de livres, classés par ordre chronologique décroissant.

[NB : Pourquoi s’arrêter à 1941 pour définir la période « classique » de la littérature américaine ? Sans doute un peu parce que la seconde guerre mondiale est une véritable charnière dans l’histoire contemporaine. Sans doute aussi – plus simplement – car j’ai commencé mon article (déjà publié sur ce site) sur Les meilleurs livres de la littérature américaine contemporaine à la date de 1942 !]

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Romans américains : le meilleur des origines*

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Mildred Pierce

Mildred Pierce – James M. Cain (1941)

Gallimard – 420 pages – 11.00 €

Le pitch : Mildred Pierce, petite femme aux cheveux blonds mousseux et aux yeux bleus limpides, décide de se séparer de son mari ; c’est, dit-elle, parce qu’il court après une certaine Mrs. Biederhof, mais surtout parce que, victime de la crise de 1929, il est sans travail et en prend trop aisément son parti.

Elle doit pourtant gagner sa vie, et celle de ses filles, alors, pour s’en sortir, elle vend les «pies» fait maison, et travaille comme serveuse dans un restaurant. Mais cela ne suffit pas, du moins pas aux yeux de sa fille aînée, Véda, alors Mildred se lance dans les affaires et ouvre son propre restaurant «Mildred Pierce, Poulet – Gaufres – Pies»…

Mon avis : Octobre 1929 : krach boursier à Wall Street, suivi d’ une terrible dépression économique qui touchera profondément le tissu social et économique des Etats-Unis jusqu’à la seconde guerre mondiale. 1939 : John Steinbeck publie Les raisins de la colère. 1941 : James M. Cain publie Mildred Pierce.

Deux romans qui n’ont apparemment rien à voir, mais qui représentent en fait les deux facettes de l’impact de la crise de 1929 sur les américains. D’un côté, les agriculteurs, les « damnés de la terre ». De l’autre, les commerçants, les petits métiers de service (personnel de maison, serveuses) qui habitent les banlieues américaines.

Si le roman de Cain n’a pas eu le destin et la renommée mondiale du chef-d’œuvre de Steinbeck, il est temps de redonner l’importance que Mildred Pierce mérite au sein de l’histoire de la littérature américaine.

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Pour qui sonne le glas

Pour qui sonne le glas – Ernest Hemingway (1940)

Folio – 500 pages – 9.10 €

Le pitch : La guerre civile espagnole a inspiré à Ernest Hemingway un de ses plus dramatiques et célèbres romans : Pour gui sonne le glas. Le film qui en a été tiré, et dont Ingrid Bergman et Gary Cooper étaient les héros, étendit encore sa très grande popularité.

Un pont, dans la montagne de Castille, doit sauter; il faut couper la route à l’armée franquiste. Pour cette mission précise, Robert Jordan, jeune Américain enrôlé volontaire dans les rangs républicains, rejoint un groupe de maquisards espagnols parmi lesquels se trouvent deux femmes : la terrible Pilar et la tendre Maria pour laquelle Jordan va immédiatement éprouver une vive passion.

L’amour suspendra le temps, éloignera la solitude et fera oublier la mort.


Le grand sommeil

Le grand sommeil – Raymond Chandler (1939)

Folio – 250 pages – 6.90 €

Le pitch : L’honorable général Sternwood a des ennuis avec ses filles. Vivian, l’aînée, boit sec et perd beaucoup d’argent dans les salles de jeux. La cadette, Carmen, est nymphomane. Un libraire, Geiger, fait chanter le général au sujet des dettes de Vivian.

Excédé, le riche vieillard fait appel au privé Philip Marlowe. En visitant la librairie de Geiger, le détective voit Carmen entrer chez lui. Trois coups de feu claquent. Dans une pièce aménagée en studio photo, il découvre la jeune fille nue et droguée, le maître chanteur mort à ses pieds.

Dans ce chef-d’œuvre du roman noir, Philip Marlowe, qui deviendra l’archétype du détective privé, apparaît pour la première fois. Son enquête contient une critique féroce de la corruption et de ceux qui en vivent. À travers Marlowe, c’est Chandler qui porte un regard sans concession sur la riche société californienne, un milieu dominé par des êtres dégénérés ou corrompus.


Les raisins de la colère

Les raisins de la colère – John Steinbeck (1939)

Folio – 640 pages – 10.40 €

Le pitch : Le soleil se leva derrière eux, et alors… Brusquement, ils découvrirent à leurs pieds l’immense vallée. Al freina violemment et s’arrêta en plein milieu de la route. – Nom de Dieu ! Regardez ! s’écria-t-il. Les vignobles, les vergers, la grande vallée plate, verte et resplendissante, les longues files d’arbres fruitiers et les fermes.

Et Pa dit : – Dieu tout-puissant ! … J’aurais jamais cru que ça pouvait exister, un pays aussi beau.

Mon avis : Sans aucun doute le chef-d’œuvre de Steinbeck, dont la bibliographie compte pourtant de nombreux romans magnifiques.

Cette évocation de la grande récession et de la vie des « travailleurs de la terre » est d’une puissance humaniste sidérante. Les thèmes abordées sont, près d’un siècle plus tard, toujours complètement d’actualité !


Bandini

Bandini – John Fante (1938)

10/18 – 272 pages – 7.10 €

Le pitch : Bandini, publié en 1938, est le premier volet d’une véritable saga familiale dont les thèmes et les personnages jalonnent toute l’oeuvre de John Fante. Figure emblématique de ce premier roman, Svevo Bandini est maçon, comme l’était le père de l’auteur. Immigré italien de fraîche date, il s’est installé avec sa famille dans le Colorado. Durant tout l’hiver, Svevo cherche désespérément du travail et finit par trouver une riche maîtresse. Tout rentre dans l’ordre lorsque le printemps revenu, Svevo réintègre le foyer familial.

Sa famille, c’est Maria, sa femme, une amoureuse lascive et surtout Arturo, le fils aîné. Rebelle et passionné, Arturo est l’élément moteur du récit. Un garnement qui porte sur ses parents un regard à la fois tendre et sans pitié. Il est d’une certaine manière le double de Fante, qui le suivra jusqu’à sa mort.

Mon avis : Certaines rencontres, dans la vie d’un grand lecteur, marquent à jamais. Celle que j’ai eu avec Bandini, au mitan de la vingtaine, en fait partie. Comme pour beaucoup, Bandini a été ma porte d’accès à l’univers de John Fante, ce pauvre fils d’émigré italien devenu au fil du temps un auteur renommé, romancier et scénariste à Hollywood.

Le pitch de l’éditeur est on ne peut plus simple et explicite. Il reflète, à la lettre, l’histoire de Bandini. Par contre, et c’est le rôle que j’ai à jouer auprès de vous aujourd’hui, il n’est pas en mesure de restituer la puissance d’évocation du texte de Fante, sa capacité à transmettre, quasiment à l’identique, les sentiments ressentis à l’époque par les personnages principaux .

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Les boucanières

Les boucanières – Edith Wharton (1938)

Points – 528 pages – 10.80 €

Le pitch :  » Elles incarnaient « la jeune fille américaine’, ce que le monde avait réussi de plus parfait  » : pour Mrs St. George, ces cinq jeunes filles fraîchement débarquées à Londres sont un ravissement… Mais pour le petit monde étroit de l’aristocratie anglaise, leur pedigree laisse à désirer, et leurs ambitions paraissent bien vulgaires – et puis quelle idée de fumer et de s’exhiber ainsi sans vergogne ?

Les  » boucanières  » n’en ont cure : à elles la belle vie, les bons plaisirs et les beaux partis !

Mon avis : J’ai découvert sur le tard ce long et riche roman d’Edith Wharton, une des auteures majeures du XX° siècle.

Ecrit  à la fin de la vie d’Edith Wharton, il resta inachevé à sa mort, jusqu’à ce que qu’il fut achevé par Marin Mainwaring, qui suivit scrupuleusement le synopsis détaillé de l’auteure. Il ne fut publié en France pour la première fois qu’un demi-siècle plus tard, en 1990.

La première partie du roman se déroule sur la côte est américaine, et elle n’est pas tendre pour la high society américaine, dominée par le fric et l’ambition.

Mais c’est lorsque l’histoire bascule de l’autre côté de l’Atlantique que l’on rentre dans le dur : Edith Wharton moque et fustige avec une précision implacable et un humour ravageur l’aristocratie anglaise post-victorienne, en pleine perdition économique.

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Des souris et des hommes

Des souris et des hommes – John Steinbeck (1937)

Gallimard – 192 pages – 6.20 €

Le pitch : États-Unis, années 1930. Lennie et George, deux ouvriers agricoles, traversent la Californie et s’arrêtent dans un ranch pour y travailler. Ils n’ont qu’un rêve : réunir assez d’argent pour posséder un jour leur propre ferme.

Mais les deux hommes se heurtent à un univers cruel, où les rêves se réalisent rarement…


Assurance sur la mort

Assurance sur la mort – James M. Cain (1936)

Gallmeister – 156 pages – 8.40 €

Le pitch : Séduit par la troublante Phyllis Dietrichson, l’agent d’assurance Walter Neff conspire avec elle le meurtre de son mari après lui avoir fait signer une police prévoyant une indemnité pharaonique en cas de mort accidentelle. Évidemment, la compagnie d’assurance va suspecter la fraude, mais Walter et Phyllis sont intelligents, déterminés et totalement sans scrupules. Le crime parfait existe-t-il ? Peut-on vraiment échapper à une vie rangée pour éprouver le grand frisson aux côtés d’une femme fatale ?

Un roman qui fit scandale avant d’être à l’origine de l’un des plus grands films noirs de tous les temps.

Mon avis : Assurance sur la mort ? Un petit noir très, très serré !

Un des premiers maitres du polar moderne (le roman date de 1936 !), James M. Cain est resté dans l’histoire de la littérature pour au moins trois de ses œuvres : Le facteur sonne toujours deux foisAssurance sur la mort mais aussi le magnifique Mildred Pierce, roman social dont je parle longuement par ailleurs sur ce site.

On retrouve chez Cain ce brin d’amertume misanthrope que Jim Thompson développera, plus tard, jusqu’à en imprégner complètement tous ces romans.

Inutile d’aller très loin dans le commentaire de ce roman sec comme un coup de trique : 150 pages sans une ligne de trop, portées par une narration à la première personne et de longs dialogues où les protagonistes échangent à coup de phrases courtes.

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Autant en emport le vent – Margaret Mitchell (1936)

Gallimard – 1 222 pages – 30.50 €

Le pitch : Le roman et le film les plus populaires de tous les temps. Plus de dix millions d’exemplaires vendus dans le monde. Traduit dans 18 langues. Autant en emporte le vent est une fresque historique, jamais surpassée, sur la société des États sudistes et les tragédies de la guerre de Sécession.

C’est aussi un roman d’amour dont les héros, Scarlett O’Hara et Rhett Butler, sont entrés à jamais dans la galerie des amants légendaires.

Mon avis : Que dire que vous ne sachiez déjà sur Autant en emport le ventSi j’écris cet article, c’est peut-être pour tous les membres de cette immense confrérie d’adeptes fervents du (magnifique, inoubliable) film de Victor Fleming qui n’ont, pour autant, pas lu le chef-d’œuvre absolu de Margaret Mitchell.

Pour vous convaincre, persuader, si vous en faites partie, de vous jeter sur ce torrent historique et romantique de près de 1 500 pages, récemment publié (en deux tomes) dans une nouvelle traduction par les éditions Gallmeister.

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Les neiges du Kilimanjaro

Les neiges du Kilimanjaro – Ernest Hemingway (1936)

Folio – 188 pages – 6.90 €

Le pitch : . ils commencèrent à prendre de l’altitude en direction de l’Est, semblait-il ; après quoi, cela s’obscurcit et ils se trouvèrent en pleine tempête, la pluie tellement drue qu’on eût cru voler à travers une cascade, et puis ils en sortirent et Compie tourna la tête et sourit en montrant quelque chose du doigt et là, devant eux, tout ce qu’il pouvait voir, vaste comme le monde, immense, haut et incroyablement blanc dans le soleil, c’était le sommet carré du Kilimandjaro. Et alors il comprit que c’était là qu’il allait.

Mon avis : Ernest Hemingway et l’art de la nouvelle… on ne répétera jamais à quel point de perfection l’auteur américain a porté cet art, entre les deux grandes guerres.

Ce recueil de douze nouvelles en est la manifestation la plus éclatante : deux d’entre elles sont tout simplement inoubliables. Elles ont pour point commun de se dérouler toutes les deux en Afrique et de mettre en scène deux couples en plein safari de chasse.

La première, celle qui ouvre le recueil qui porte son nom, est pour moi une des plus belles de l’histoire de la littérature. En 33 pages, Hemingway parvient à raconter la vie complète d’un homme en train de mourir d’une blessure stupide.

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On achève bien les chevaux

On achève bien les chevaux –  Horace McCoy (1935)

Folio – 210 pages – 6.90 €

Le pitch : Hollywood avant la Seconde Guerre mondiale. Robert Syberten rencontre Gloria Bettie. Comme elle, il est figurant au cinéma. Mais loin d’avoir réalisé leurs rêves, ils n’ont eu qu’un long parcours chaotique semé d’échecs. Désœuvrés et sans argent, ils décident de s’inscrire à un marathon de danse dans l’espoir de décrocher les 1 000 dollars de récompense et de se faire remarquer par un des producteurs formant le public quotidien de ces soirées. Il ne leur reste plus qu’à tournoyer des semaines entières au rythme de l’orchestre.

Écrit à la suite de la grande dépression de 1929, On achève bien les chevaux est le premier roman noir d’Horace McCoy. Ce texte intemporel, qui n’a rien perdu de sa force évocatrice, est une violente dénonciation du rêve américain.

Mon avis : On achève bien les chevaux est un film mythique des années 60, aujourd’hui rarement visionné, mais avant tout un superbe roman noir, presque complètement oublié.

Le roman est court, dense, aussi noir et amer que le café le plus concentré d’un spécialiste italien.  Peu de mots, essentiellement des dialogues.

Le narrateur, c’est Robert Syberten. Il va vous raconter (c’est comme cela que son récit débute) par quel enchaînement de circonstances il a été amené à tuer Gloria; pour lui rendre service.

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Le Facteur sonne toujours deux fois

Le facteur sonne toujours deux fois – James M. Cain (1934)

Folio policier – 160 pages – 5.80 €

Le pitch : Chômeur à vingt-quatre ans, Frank Chambers arpente les routes, une petite valise à la main, à la recherche d’un emploi. Il s’arrête à une station-service restaurant. Le patron, Nick Papadakis, qui exploite l’établissement avec son épouse Cora, lui propose un travail.

Après avoir aperçu la jeune femme, Frank accepte de rester et devient rapidement son amant. Ensemble, ils décident de tuer Nick.

Mon avis : Le facteur sonne toujours deux fois ? Tout le monde connait ce titre qui – profitons-en pour le rappeler – n’a qu’un rapport totalement lointain avec l’intrigue du roman.

La plupart des gens ont vu au moins une fois dans leur vie une des deux grandes adaptation du bouquin de James M. Cain au cinéma; soit la version de 1946 avec Lana Turner, soit celle de 1981 avec Jessica Lange (et Jack Nicholson).

Mais le livre est finalement resté dans les rayons des amateurs purs de polar « à l’ancienne ». Dommage, car ce petit condensé de cynisme et de sensualité mérite le détour pour être lu par le grand public !

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L'appel de Cthulhu

L’appel de Cthulhu – H.P. Lovecraft (1926)

Editions Bragelonne – 64 pages – 26.00 €

Le pitch : Boston, 1926. Suite au décès, dans des circonstances étranges, de son grand-oncle, Francis Thurston découvre dans les documents dont il hérite l’existence d’une secte vouant un culte à une créature innommable, endormie depuis des millions d’années.

Sacrifices indicibles pratiqués dans les bayous de Louisiane, meurtres mystérieux perpétrés dans divers endroits du globe, artistes sombrant dans la démence après des visions nocturnes terrifiantes, renaissance de cultes ancestraux et surtout, une cité cyclopéenne surgissant de l’océan lors d’une tempête…

Thurston va comprendre peu à peu que les recherches de son grand-oncle concernant le culte de Cthulhu étaient bien trop proches de la vérité et que, dans l’ombre, des adeptes œuvrent au réveil de leur dieu païen, prêts à faire déferler la folie et la destruction sur le monde.

Mon avisL’appel de Cthulhu, c’est tout de même un des textes fondateurs du roman fantastique.

Une nouvelle, – une petite trentaine de pages serrées dans l’édition intégrale de l’oeuvre de Lovecraft en deux volumes de la collection Bouquin qui se trouve dans ma bibliothèque depuis un paquet d’années – écrite en 1928, et qui sera le point de départ de tant de choses…

Le départ d’une série de textes formidables du grand auteur américain, tout d’abord, organisés autour du mythe de Cthulhu.

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Pétrole !

Pétrole ! – Upton Sinclair (1926)

Le livre de poche – 992 pages – 9.60€

Le pitch : « Comme Emile Zola, Upton Sinclair n’a rien d’un styliste extasié : il peint large, vite, puissant, il emporte le lecteur et l’incite à s’insurger : Sinclair n’aurait pas renié l’acception utilitaire de son travail. Pourtant Pétrole ! demeure un récit d’aventure.

Tel Géant, livre qui fut lui aussi adapté au cinéma, ce roman se veut le roman du pétrole, volontiers scélérat, que Sinclair avait déjà affronté en manifestant contre les Rockefeller. On ne manquera pas d’être frappé, dans la première partie du livre, par la toute puissance de J. Arnold Ross, magnat de la génération fondatrice de l’industrie pétrolière américaine, et par la soumission parfaite de son fils Bunny. Pourtant, le jeune homme s’affranchit de cette tutelle écrasante et finit par tracer sa propre voie, singulièrement différente de ce que dessinait l’exemple paternel.

Sept cents pages d’idéalisme, empreintes de toutes les composantes du roman d’éducation : on sent qu’Upton Sinclair aspire à donner vie à la chimère de la littérature américaine de tout temps, the great American novel, le grand roman américain à l’échelle du pays-continent qui, une fois pour toutes, s’inscrira dans l’histoire littéraire. »

Mon avis : Auteur presque complètement inconnu en France, Upton Sinclair mérite très clairement une réhabilitation à laquelle je m’attaque aujourd’hui. Drôle de personnage, né en 1878 et mort en 1968, Sinclair était un socialiste progressiste convaincu qui, durant son vivant est peu à peu devenu aux Etats-Unis une légende vivante.

A l’aube des révolutions communistes, il n’a pas hésité pas à peindre des fresques romanesques inouïes, comme celle-ci, pour décrire, expliquer aux américains le quotidien des « travailleurs » américains en pleine révolution industrielle. Au point de transformer le quotidien de toute une nation puisque, après la publication de La jungle, son livre le plus connu, qui dépeignait en 1905 de manière hyper réaliste le quotidien effroyable des ouvriers des abattoirs de Chicago, le président Roosevelt fit voter deux lois modifiant considérablement le droit du travail !

Pétrole ! est son roman le plus convaincant, une fresque gigantesque (1 000 pages serrées en format poche) que j’ai dévoré – et que vous allez dévorer ! – en quelques jours.

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Gatsby le magnifique

Gatsby le magnifique – F. Scott Fitzgerald (1925)

Folio – 208 pages – 5.70 €

Le pitch : Nous sommes au lendemain de la Grande Guerre, le mal du siècle envahit les âmes, c’est l’époque de la Prohibition et des fortunes rapides.

En 1922, Jay Gatz, désormais Gatsby, se retrouve fabuleusement riche. Mille légendes courent sur son compte, qui n’empêchent pas les gens chics, et moins chics, de venir en troupes boire ses cocktails et danser sur ses pelouses. Gatsby le Magnifique joue la carte des folles dépenses comme un appât pour éblouir Daisy, mariée à Tom Buchaman, un millionnaire.

Le jour où l’espoir de reconquérir sa bien-aimée s’évanouit, la fête prend fin.

Mon avis : J’ai lu Gatsby très, très jeune, parce que ma mère était folle de ce roman et de ses personnages. Mais je n’ai vraiment saisi le sens de ce roman qu’une fois adulte, après être tombé amoureux.

C’est l’histoire d’amour, tragique, qui me séduit le plus dans ce roman phare de la première moitié du XX° siècle. J’aime aussi sa peinture de l’époque, parce que je suis passionné par les années folles.

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Le plus dangereux des jeux

Le plus dangereux des jeux – Richard Connell (1924)

Editions du sonneur – 70 pages – 6.50 €

Le pitch : Au milieu de la mer des Caraïbes, Sanger Rainsford fait naufrage sur l’île de Ship Track. Il y est recueilli par un russe blanc, le général Zaroff, qui se révèle être un hôte des plus remarquables et attentionnés. Reconnaissant en son convive un célèbre chasseur de gros gibier dont le livre sur la chasse au léopard des neiges fait autorité, le maître des lieux invite Rainsford à un jeu particulier : une partie de chasse à l’homme. Acculé, celui-ci est forcé d’accepter ce  » jeu des plus dangereux « .

Commence alors, au cœur de la jungle, une lutte sans merci entre les deux hommes. Le chasseur chassé, l’ombre et la proie : qui chassera qui ?

Mon avis : Un tout petit, petit format (10*15 cm) pour une courte nouvelle… et un très, très grand texte qui a marqué l’histoire de la littérature !

Si vous ne connaissez pas cette histoire sous son titre originel (en anglais, The most dangerous game, ça jette un max !), vous avez probablement entendu parler de son adaptation au cinéma de 1932.

Cette adaptation, réalisée sous le titre original de l’œuvre (mais qui sera traduit en français par Les chasses du comte Zaroff), est un chef-d’œuvre de Ernest B. Schoedsack, ce réalisateur qui réalisera à peine quelques mois plus tard l’immense King Kong !

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Un diamant gros comme le Ritz

Un diamant gros comme le Ritz – F. Scott Fitzgerald (1922)

Pavillons poche – 840 pages – 13.00 €

Le pitch : Un diamant gros comme le Ritz est l’émouvant témoignage d’un écrivain charismatique, chef de file de la célèbre  » génération perdue « . Non seulement ce recueil révèle un Fitzgerald extravagant, tendre et mélancolique, mais il évoque aussi une période très ancrée dans l’imaginaire collectif, celle des Années folles, nostalgiques, envoûtantes, perfides, ravageuses.

Composé de vingt-huit nouvelles, les meilleures de Fitzgerald, écrites entre 1920 et 1940, ce livre voit cohabiter exilés millionnaires, couples se querellant lors de la traversée de l’Atlantique, ou encore un mari pourtant fidèle qui ne peut empêcher les autres femmes de tomber amoureuses de lui. Malcolm Cowley, ami intime de Fitzgerald et figure emblématique de la  » génération perdue « , signe la préface de ce recueil.

Mon avis : En 800 pages serrées, voilà tout simplement le meilleur de l’œuvre de Fitzgerald. Car, contrairement à l’image que le grand auteur américain mort trop jeune (à 40 ans, usé par l’échec de sa carrière d’écrivain et surtout par l’abus d’alcool) a laissé dans le grand public, ce ne sont pas la poignée de romans qu’il a laissé derrière lui qui sont le cœur et l’âme de son oeuvre, mais bien les nouvelles. Présentées dans un ordre chronologique, elles mettent en avant toute la finesse et la nostalgie de son style.

Le lecteur voit défiler la fin de la première guerre mondiale, l’euphorie et l’insouciance des années folles (auquel le nom de Fitzgerald restera à  jamais attaché) puis la crise et le doute qui s’installent au fur et à mesure que les années 30 et la dépression économique avancent.

Reflets des problèmes qui traversèrent la vie de l’auteur, elles parlent souvent d’argent, de fêtes et d’argent. Des textes inoubliables, à placer dans une bibliothèque idéale.


Babbitt

Babbitt – Sinclair Lewis (1922)

Le livre de poche – 472 pages – 8.10 €

Le pitch : Le héros de ce livre, George F. Babbitt, un agent immobilier de renom, vit à Zenith, une petite ville du Midwest. Riche, bavard, il a un avis sur tout et se targue d’être un citoyen modèle. Mais un jour, une terrible angoisse le saisit: cette vie passée à arnaquer la veuve et l’orphelin et à dîner avec des petits bourgeois bien-pensants ne serait-elle pas vaine ?

D’une plume sarcastique sans jamais être méchante, Sinclair Lewis décrit le pouvoir de séduction de la société de consommation naissante, de l’american way of life. Lire ou relire Babbitt aujourd’hui, c’est pénétrer le système capitaliste, ses pièges et ses failles.

Mon avis : Vous êtes probablement nombreux à découvrir un peu tard et par hasard Babbitt et son auteur, Sinclair Lewis. Comme moi, pour tout dire. En fait, pendant longtemps, j’ai assimilé l’auteur Sinclair Lewis a un de ses contemporains, à la renommée plus importante, appelé Upton Sinclair (l’auteur du phénoménal Pétrole ! et du très célèbre La jungle).

Mais voilà : un jour, je tombe sur le résumé de Babbitt, puis sur la notice biographique de l’auteur qui fut, rappellent tous les sites littéraires, « le premier américain a recevoir le prix Nobel de littérature, en 1930 ». Alors, comme je suis un petit curieux (non, en fait, un terrible curieux !), je me suis emparé de ce gros roman de Babbitt, publié il y a tout juste un siècle (en 1922)… et je m’en suis régalé. Quel bouquin original !

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Le temps de l'innocence

Le temps de l’innocence – Edith Wharton (1920)

Garnier Flammarion – 320 pages – 7.00 €

Le pitch : Dans la haute société new-yorkaise de la fin du XIXe siècle, Newland Archer est tiraillé entre deux femmes, deux vies : sa fiancée, la jeune et pure May Welland, et la comtesse Olenska, une divorcée fraîchement revenue d’Europe, auréolée de mystère et d’une réputation sulfureuse.

Le clan familial et son confort pèsent sur Newland Archer, qui ne sait s’il doit céder à la passion et renoncer pour toujours à la vie qu’il a connue jusqu’alors, ou s’il doit s’en remettre à la prudence et protéger son statut pour rester dans ce monde, au risque de vivre la vie d’un autre, brillante en apparence mais creusée par le regret.

Mon avis : Sans le moindre doute, le sommet de l’œuvre de la grande auteure américaine.

Sous une plume éminemment élégante, classique et modern à la fois (si, si, c’est possible !), on y trouve tous les thèmes qui lui sont chers.

Edith Wharton y développe le portrait de l’Amérique de la Nouvelle Angleterre, alors en pleine transformation, ainsi qu’une critique acide – mais subtile ! – de l’aristocratie puritaine.

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Martin Eden

Martin Eden – Jack London ( 1909)

Folio – 592 pages – 8.10 €

Le pitch : Martin Eden, un marin de vingt ans issu des quartiers pauvres d’Oakland, décide de se cultiver pour faire la conquête d’une jeune bourgeoise. Il se met à écrire, et devient un auteur à succès. Mais l’embourgeoisement ne lui réussit pas… Désabusé, il part pour les îles du Pacifique.

Ce magnifique roman paru en 1909, le plus riche et le plus personnel de l’auteur, raconte la découverte d’une vocation, entre exaltation et mélancolie. Car la réussite de l’oeuvre met en péril l’identité de l’écrivain. Comment survivre à la gloire, et l’unir à l’amour, sans se perdre soi-même ? Telle est la quête de Martin Eden, le marin qui désire éperdument la littérature.

Mon avis : Les mers du sud, l’aventure, la ruée vers l’or, la défense de la classe ouvrière, la nature sauvage, les loups, la route… Que d’images, d’impressions et de qualificatifs attachés au prénom et au nom Jack London !

Et pourtant, au-delà des innombrables romans, récits et nouvelles laissés en témoignage du génie littéraire qu’il était, – ce génie qui disparait à tout juste 40 ans, alors qu’il avait déjà vécu dix vie ! – c’est probablement le roman Martin Eden qui émergera, finalement, comme son chef-d’œuvre, son masterpiece

Près de 600 pages qui cernent au plus près l’homme Jack London. Une masse d’informations précieuses sur ce que furent la vie et les pensées d’un homme exceptionnel car, s’il s’agit bien d’un roman, l’oeuvre s’approche au plus près de ce que pourrait être une autobiographie.

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Le loup des mers

Le loup des mers – Jack London (1904)

Soleil – 136 pages – 17.90 €

Le pitch : Après un naufrage, Humphrey Van Weyden, un gentleman fluet, est recueilli puis enrôlé de force comme mousse par Loup Larsen, un terrifiant capitaine de goélette, buveur, violent mais très cultivé.Ce capitaine, athée, éprouve peu à peu une sorte d’estime teintée de mépris pour Humphrey, à l’inverse, très religieux : « si vous savez que quand vous mourrez, vous irez dans un monde meilleur, alors, pourquoi avez-vous peur de mourir ? »

Ainsi naissent les premières joutes verbales – pleines d’humour et d’esprit – qui rythment ce passionnant récit d’aventure, et qui redoubleront à l’arrivée d’une jeune femme, un futur enjeu pour ces deux hommes.

Mon avis : Rien de plus difficile que d’adapter un grand roman en BD. Nombre d’excellents auteurs s’y sont cassé la plume et le pinceau, et par charité je ne donnerais pas d’exemples ici aujourd’hui !

C’est donc à chaque fois une heureuse surprise et un grand plaisir quand un chef-d’œuvre romanesque donne un chef-d’œuvre de BD.

C’est le cas, sans le moindre doute, avec Le loup des mers de Jack London, devenu Le loup des mers de Riff Reb’s.

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Les bostoniennes

Les bostoniennes – Henry James (1886)

Folio – 704 pages – 10.60 €

Le pitch : Je ne connais pas d’homme qui s’intéresse honnêtement au fond de son cœur à la cause que nous voulons faire triompher. Les hommes haïssent cette cause, ils n’ont que du mépris pour elle : ils essayent de l’anéantir partout où ils la rencontrent…Le monde regorge de beaux messieurs qui seraient bien contents de vous fermer la bouche avec des baisers ! Le jour où vous deviendrez une menace pour leur égoïsme, leurs intérêts, ou leur immoralité – et je demande chaque jour au ciel, mon amie, que vous le deveniez – ce serait une fameuse victoire pour l’un d’entre eux de réussir à vous persuader qu’il vous aime.

C’est alors que vous verrez ce qu’il fera de vous et à quelles extrémités son amour l’entraînera !

Mon avis : Que vaut ce roman « terriblement » classique, près de 140 ans après sa publication ? Eh bien, deux sentiments contradictoires cohabitent dans ma petite cervelle d’amateur de littérature anglosaxonne (un terme rarement aussi juste que pour Henry James, américain de naissance et anglais d’adoption).

D’une part, une admiration sans borne pour la beauté admirable de son style. Admirable, vous dis-je. James était un auteur de génie, tout en facilité.

Lire Les bostoniennes, c’est tout le contraire de Madame Bovary. Pas besoin, comme Flaubert, de transpirer cinq ans pour accoucher dans la douleur de phrases soigneusement construites et aussi légères qu’un parpaing lesté de ciment ! Avec James, cela coule, fluide, spirituel…

Spirituel, voilà le second adjectif qui me vient à l’esprit, tant la plume de l’auteur transperce, déchiquète avec un esprit mordant acéré, les faiblesses et les ridicules de ses personnages et des idées qu’ils supportent ! Parfois pas loin d’être légal d’ Oscar Wilde, dont il est le contemporain, Henry James est l’incarnation même de l’humour élégant anglo-saxon.

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Aventures de Huckleberry Finn

Aventures de Huckleberry Finn – Mark Twain (1884)

Folio – 448 pages – 6.90 €

Le pitch : Pour échapper à un père toujours plus violent, Huckleberry Finn décide de disparaître. Se faisant passer pour mort, le jeune garçon croise la route du vieux Jim, un esclave évadé. Ensemble, les fugitifs vont descendre le Mississipi en radeau, affronter les bandits et un duo de redoutables escrocs.

Mais un danger plus grand les menace : une prime est offerte pour la capture de Jim…


Les aventures de Tom Sawyer

Les aventures de Tom Sawyer – Mark Twain (1876)

Folio junior – 352 pages – 7.50 €

Le pitch : Pour Tom Sawyer, il y a des choses vraiment plus importantes que l’école ! Aller à la pêche, par exemple, se battre avec les nouveaux venus au village ou, plus important encore, retrouver son grand ami Huckleberry, qui mène une vie de bohème à l’image de son vagabond de père…

Mais à force de se prendre pour des bandits et de faire des expériences de sorcellerie à la nuit tombée, Tom et Huck vont être mêlés à un véritable crime, avec de vrais assassins et un authentique trésor…

Mon avis : Classique absolu de la littérature américaine, Tom Sawyer est considéré comme l’essence même du roman d’initiation.

En relisant récemment ce roman qui avait charmé mon enfance, j’ai retrouvé le plaisir d’un style d’une grande simplicité.

L’écriture de Twain est d’une efficacité parfaite, car elle est d’une épure totale, sans aucun effet.

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Les quatre filles du docteur March

Les quatre filles du docteur March – Louisa May Alcott (1869)

Gallmeister – 640 pages – 13.00 €

Le pitch : Dans une petite ville du Massachusetts, durant la guerre de Sécession, une famille modeste, quatre jeunes soeurs et leur mère, guette avec inquiétude chaque lettre du père parti au front. Mais rien ne peut arrêter la jeunesse, et la vie continue à façonner les destinées de Meg, l’aînée pragmatique, Jo, la romancière en herbe féministe avant l’heure, la douce Beth à la santé fragile et la frivole Amy.

De l’enfance à l’âge adulte, confrontées à la découverte de soi, elles partagent une joie de vivre débordante et apprennent l’amour, l’amitié, mais aussi le sacrifice. Ensemble, ces quatre jeunes filles impétueuses sauront réclamer au monde bien plus qu’il ne semble pouvoir leur offrir.

Mon avis : Qui n’a jamais eu envie de relire un grand roman de son enfance ? C’est ce que j’ai fait grâce à la nouvelle traduction des éditions Gallmeister du célèbre roman de Louisa May Alcott, un des récits les plus célèbres du XIX° siècle.

Je ne suis pas certain que je me serais lancé dans une pareille entreprise si je n’avais gardé en mémoire le charme fou de l’adaptation cinématographique des années 90. Mais malgré les handicaps apparents (plus de 600 pages serrées, pour un roman a priori plus destiné aux jeunes filles), j’y suis allé avec un réel brin d’enthousiasme

Dès les premiers chapitres, une confirmation : le best seller de L.M. Alcott, au style fluide et vraiment agréable, est réellement destiné à la jeunesse.

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Bartleby le scribe

Bartleby le scribe – Herman Melville (1853)

Folio – 108 pages – 5.00 €

Le pitch : «Une fois dans la bibliothèque, il me fallut environ deux secondes pour mettre la main sur le Bartleby de Melville. Bartleby ! Herman Melville, Bartleby, parfaitement. Qui a lu cette longue nouvelle sait de quelle terreur peut se charger le mode conditionnel. Qui la lira le saura.» Daniel Pennac.

Mon avis : Une fois contourné le monument fabuleux, la montagne (liquide) littéraire Moby Dick, que voit poindre le lecteur à l’horizon melvinien ? Bartleby le scribe, bien entendu ! Une des œuvres les plus commentées de la littérature du XIX° siècle, et une des plus admirées. Vous allez me demander, je le sens, c’est inéluctable : cette célébrité est-elle méritée ? Et je répondrais (normal : je suis là pour ça !) : oui… et non.

Bartleby est une longue nouvelle de 100 000 signes. Elle raconte, de manière très simple, très linéaire, et très admirable – le style d’Herman Melville est du début jusqu’à la fin d’une classicisme et d’une fluidité parfaite – l’histoire d’un éminent juriste (le narrateur) de Wall Street qui embauche, pour compléter son équipe de copistes (avec une photocopieuse, l’histoire eut été de nos jours beaucoup moins savoureuse…) un homme sans aucun signe distinctif, Bartleby.

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La Case de l'oncle Tom

La Case de l’oncle Tom – Harriet Beecher Stowe (1852)

Le livre de poche – 636 pages – 7.70 €

Le pitch : Un revers de fortune oblige le propriétaire d’une manufacture du Kentucky à vendre son plus fidèle esclave, le vieux Tom.

L’oncle Tom, sensible et pieux, se soumet à l’inhumaine condition des esclaves noirs. Il connaît quelque temps la sécurité auprès de la jeune Evangéline et de son père, mais un cruel destin s’acharne sur ses protecteurs et il doit suivre dans sa plantation de coton le féroce Simon Legree. Livré à la tyrannie de cet homme, il sera persécuté à cause de son refus de maltraiter ses frères et n’aura, au moment de mourir, que des paroles d’amour et de pardon.

Mon avis : Le roman « père » (bien qu’il fut écrit – évènement ! – par une femme ) de tous les récits consacrés à l’esclavage, à la discrimination et au système pervers de ségrégation mis en place dans le sud des Etats-Unis par les blancs.

Scandale absolu lors de sa publication, il joua aussi un rôle fondamental dans l’évolution des mentalités de l’époque et fut un des évènements qui fit avancer d’un cran la nation américaine, si hétérogène, vers la guerre civile et l’abolition.

Même si le roman a un peu vieilli dans sa forme, l’impact de sa lecture reste intact.

Sa force documentaire en fait un plaidoyer précis pour la cause abolitionniste, car l’auteure n’en fait jamais un outil de propagande unidimensionnel. Quant au personnage de Tom, il est profondément humain… et émouvant.


Moby Dick

 Moby Dick – Herman Melville (1851)

Folio – 9.90 €

Le pitch : Moby Dick (1851), le chef-d’oeuvre de Melville, est l’histoire d’une obsession : depuis qu’un féroce cachalot a emporté la jambe du capitaine Achab, celui-ci le poursuit sans relâche de sa haine. Ismaël, matelot embarqué à bord du baleinier le Péquod, se trouve pris peu à peu dans le tourbillon de cette folle vengeance : c’est par sa voix que se fera entendre l’affrontement final de l’homme et du grand Léviathan blanc.

Somme encyclopédique érigeant la baleine en un véritable mythe, récit hanté par l’énigme du bien et du mal, Moby Dick nous fait naviguer sur des mers interdites et accoster sur des rivages inhumains. Jamais on n’épuisera la science des baleines, suggère Melville. Jamais non plus on ne viendra à bout de la fascination qu’inspire ce roman sombre et puissant.

Mon avis : Je ne vais pas passer des heures à vous expliquer pourquoi, comment, Moby Dick est un chef d’oeuvre absolu de la littérature mondiale, un roman que vous devez lire, absolument !

Je me contenterais d’insister sur un point particulier, destiné à nos chères têtes blondes  – ou brunes, ou rousses -, enfin bref… aux jeunes, aux adolescents, aux jeunes adultes et, puis, tiens, à tout ceux qui, jusqu’à ce jour, n’ont pas franchi le pas, pas ouvert le livre :

  • parce qu’ils ont peur de se prendre un pavé pareil sur le pied (cela fait mal, 800 pages ultra-serrées);
  • parce qu’ils ont peur de se retrouver dans un récit ésotérique, une vaste parabole sur la vie, une métaphore tirée des saintes écritures (après tout, c’est cela que l’on lit, avant tout, dans les commentaires du livre sur les réseaux sociaux);

A tout ceux-là, je leur dit : ouvrez, ouvrez la cage aux cachalots ! Ce roman est avant tout un roman d’aventure, passionnant, saisissant ! Une plongée dans l’univers de la mer au même titre qu’un 20 000 lieues sous les mers, que vous avez surement lu, pour le coup !

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Histoires extraordinaires

Histoires extraordinaires – Edgar Allan Poe (1840)

434 pages – 15.50 €

Le pitch : Edgar Allan Poe (1809-1849), figure centrale de la littérature américaine, est un poète, écrivain, éditeur et critique littéraire américain. Il fut l’un des premiers auteurs de nouvelles, inventa le genre policier et contribua à l’émergence de la littérature fantastique et de science-fiction. Source d’inspiration pour de nombreux auteurs de tous pays, comme Jules Vernes, Arthur Conan Doyle ou Howard Phillips Lovecraft, son influence sur la littérature est de grande ampleur.

Cette édition regroupe l’intégralité des recueils Histoires extraordinaires (1856) et Nouvelles histoires extraordinaires (1857), fidèlement traduits par Charles Baudelaire qui voyait en Poe quelqu’un lui ressemblant. Sous la plume remarquable et l’imagination opulente de l’auteur, ces 36 nouvelles dépassent l’entendement, mêlant l’étrange, l’aventure et le mystérieux.
La célébrité de ces récits fantastiques, témoignages de l’immense talent littéraire de Poe, perdure à travers le monde.

Mon avis : Double Assassinat dans la rue Morgue, La Lettre volée, ou Le Scarabée d’or, cela vous dit vaguement quelque chose ?

En 400 pages serrées, voilà tout simplement le socle fondateur de la littérature fantastique et de de littérature policière !

Et, franchement, une traduction de Baudelaire, ça jette, non ?! (cette dernière phrase est à prendre au second degré !)


Deux années sur le gaillard d'avant

Deux années sur le gaillard d’avant – Richard Henry Dana (1840)

Payot – 640 pages – 11.50 €

Le pitch : A dix-neuf ans, Richard Henry Dana, alors étudiant à Harvard, décide de changer de vie. Il s’engage comme simple matelot sur un voilier de commerce à destination de la Californie pour un voyage de deux ans, en passant par le cap Horn. Deux années sur le gaillard d’avant développe certains des thèmes majeurs qui inspireront Herman Melville : le voyage initiatique, la lutte contre les éléments, l’ambiguïté de la vie primitive et sa trompeuse innocence.

Souvent considéré comme le plus beau livre de mer, il a valu à son auteur, dès sa parution en 1840, une célébrité prodigieuse, égale à celle de Dickens, qui l’a installé comme l’un des grands classiques de la littérature américaine du XIXe siècle.

Mon avis : Une ou deux fois par an, j’ai un coup de cœur absolu pour un livre. La plupart du temps, un roman; mais pas toujours : la preuve avec Deux années sur le gaillard d’avant.

Car bien que ce récit soit aussi passionnant que le plus accrocheur des romans d’aventures, ce très épais volume dont on fêtera dans quelques années le bicentenaire de la parution (!), est bien un essai.

Et pas n’importe quel essai : le plus extraordinaire, le plus complet et le mieux écrit de tous les récits consacrés à la mer, au voyage. Un récit d’apprentissage et un témoignage unique sur une multitude de sujets.

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Les aventures d'Arthur Gordon Pym

Les aventures d’Arthur Gordon Pym – Edgar -Allan Poe (1838)

Le livre de poche – 352 pages – 7.40 €

Le pitch : Un jeune Américain de seize ans, Arthur Gordon Pym, se lie d’amitié avec Auguste Barnard, fils d’un capitaine de navire, et tous les deux prennent l’habitude de s’embarquer pour de folles équipées sur un canot à voile. Un soir, tandis qu’ils sont couchés, nais non dégrisés de l’alcool qu’ils ont bu, Auguste décide que l’on ne peut dormir quand souffle une si belle brise, et, cette nuit-là, le canot heurte un baleinier. Bien d’autres aventures suivront, plus lointaines et envoûtantes.

Ce roman publié en 1838 est présenté par Pym lui-même comme sa propre histoire qu’Edgar Poe raconte en son nom, à la première personne et, très vite, autre marque d’authenticité, le récit fait place à une sorte de journal de bord. Mais ces effets de réel n’atténuent rien de l’étrangeté des événements et des lieux où se trouve entraîné le lecteur : tout au contraire, le fascinant pouvoir du livre tient à la profondeur de cet imaginaire donné pour réel, et Borges, non sans raison, considérait ces Aventures comme le chef-d’oeuvre de l’auteur.

Mon avis : Pour la quasi totalité des lecteurs, le nom d’Edgar Allan Poe est indéfectiblement attaché au genre de la Nouvelle. Impossible, en effet, de passer à côté du génie permanent déployé tout au long des centaines de pages de ses Histoires extraordinaires.

Pourtant, il serait dommage de passer à côté du seul roman du maître du fantastique car, si l’oeuvre n’est pas formellement parfaite, il s’agit pourtant d’un texte inoubliable et un des récits fondateurs du fantastique. J’irais même plus loin : sans Les aventures d’Arthur Gordon Pym, qu’aurait créé H.P. Lovecraft  ?

Et Melville aurait-il écrit Moby Dick de la même manière s’il n’avait lu auparavant ce roman d’aventures maritimes ? No way ! Quant à Jules Verne, il n’a jamais été si « fantastique » que dans son roman Le sphynx des glaces, suite-hommage explicite que le génie français dédia à ce roman.

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Le Dernier des Mohicans

Le dernier des mohicans – J. Fenimore Cooper –  (1826)

Gallmeister – 473 pages – 12 €

Le pitch : 1757, la guerre franco-anglaise fait rage pour la conquête du Nouveau Monde tandis que les tribus indiennes se livrent une lutte sans merci. Le maréchal français Montcalm remonte le lac Champlain avec ses soldats pour prendre le fort William-Henry, tenu par le colonel Munro. Au même moment, les filles de ce dernier, Cora et Alice, sont en chemin pour le rejoindre. Egarées dans la forêt nord-américaine, elles rencontrent un chasseur blanc, Natty Bumppo, alias OEil-de-Faucon, et deux Indiens, Chingachgook et son fils Uncas, le dernier des Mohicans, qui deviennent leurs guides dans cette Amérique sauvage.

Ce livre sans pareil, immense roman d’aventures qui connu dès sa parution un succès international, annonce la disparition des Amérindiens et la naissance des États-Unis.

Mon avis : Même si le style de Fennimore Cooper a vieilli, au regard de nos canons de lecture contemporains – c’est normal, il s’est écoulé près de deux siècles depuis ! – , il n’en reste pas moins que Le dernier des mohicans restera sans doute dans l’histoire de la littérature comme le premier grand roman d’aventure historique et ethnique.

Indispensable à votre culture !


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