[Idées lecture] 10 dystopies pour vous retourner le cerveau

Posté le 16 septembre 2017, par letournepage, dans Le coin cadeau

livres-feu

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Dystopie.

A vos souhaits !…

Non, sérieux : si le Tourne Page a décidé aujourd’hui d’écrire ce nom abscons dans un de ses célèbres articles, c’est parce que le thème, le genre, est devenu un vrai sujet. Important. Un sujet important dans la littérature de science-fiction mais, au delà de ça, dans la littérature générale.

Une dystopie, comme le rappelle notre maître à tous, Wikipédia, c’est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur. Une dystopie peut également être considérée, entre autres, comme une utopie qui vire au cauchemar et conduit donc à une contre-utopie.

Domaine peu exploré pendant longtemps, c’est Le meilleur des mondes, d’Aldous Huxley qui devint véritablement la pierre fondatrice du genre, en 1932. Depuis, la production du genre n’a cessé de s’accélérer, de manière exponentielle. Pour quelle raison ? Sans doute, parce que la dystopie n’est que le reflet de l’incertitude et des angoisses générées par l’accélération des mutations de l’univers dans lequel nous vivons, pauvres pêcheurs. Incertitudes, inconnu : l’imaginaire, le trou noir de ce qui est à nos portes génère des peurs, des fantasmes.

Alors, bienvenue dans la spéculation de ce qui va nous arriver. Car la dystopie, ce n’est que la matérialisation de nos peurs dans l’avenir, tirée de l’analyse de notre passé (pas mal celle-là, il faudra que je la replace…)

Voilà, pour résumer, une vingtaine de grands titres dystopiques que vous devez avoir lu, absolument, pour mourir, certes, mais en étant moins idiot !…

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20 dystopies pour vous retourner le cerveau

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1984

1984 Georges Orwell

Folio – 438 pages – 8.20 €*

Le pitch : De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston…

Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C’était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n’avaient pas d’importance. Seule comptait la Police de la Pensée.

Mon avis : Comment peut-on percevoir aujourd’hui 1984, près de 40 ans après la date symbolique du titre du roman, et plus de 70 ans après la publication du livre (l’œuvre étant donc désormais dans le domaine public) ?

L’histoire a-t-elle vieilli ? Les thèmes évoqués sont-ils disqualifiés par l’évolution sociale, économique, politique et technologique de notre monde ? Le style d’Orwell est-il terriblement daté ?

Ce sont toutes ces questions que je me suis posées en relisant récemment (pour la quatrième fois, je pense), ce qui est sans doute un des trois ou quatre romans fondateurs de la science-fiction et une des œuvres majeures de la littérature du XX° siècle.

Et, à nouveau, je suis sorti de cette lecture avec la conviction profonde que cette dystopsie, selon le terme à la mode employé (d’ailleurs à tort et à travers) pour évoquer une oeuvre imaginant une société dont l’organisation aboutit aux malheurs de ses membres, est d’ores et déjà une oeuvre extraordinaire à la dimension intemporelle.

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Le cercle

Le cercle – Dave Eggers

Folio – 576 pages – 8.90 €

Le pitch : Quand Mae Holland est embauchée par le Cercle, elle n’en revient pas. Installé sur un campus californien, ce fournisseur d’accès Internet relie les mails personnels, les réseaux sociaux, les achats des consommateurs et les transactions bancaires à un système d’exploitation universel, à l’origine d’une nouvelle ère hyper-numérique, prônant la civilité et la transparence.

Alors que la jeune femme parcourt les open-spaces, les immenses cafétérias en verre, les dortoirs confortables pour ceux qui restent travailler le soir, la modernité des lieux et l’intense activité la ravissent. On fait la fête toute la nuit, des musiciens célèbres jouent sur la pelouse, des activités sportives, des clubs et des brunchs sont proposés, et il y a même un aquarium contenant des poissons rares rapportés par le P.-D.G. Mae n’en croit pas sa chance de travailler pour l’entreprise la plus influente qui soit – même si le campus l’absorbe entièrement, l’éloignant de plus en plus de ses proches, même si elle s’expose aux yeux du monde en participant au dernier projet du Cercle, d’une avancée technologique aussi considérable qu’inquiétante.

*

Mon avis : Attention : ne vous fiez pas superficiellement au thème affiché dans les trois premiers paragraphes du pitch, ni à quelques critiques publiées en ligne par quelques jeunes lecteurs, passés complètement à coté du contenu du livre  ! Ce roman n’est pas une oeuvre pour ados, un enième développement SF « à suspens » à la Hunger games, ou Le labyrinthe.

Ouvrez plutôt vos mirettes pour lire la phrase suivante : Le cercle est certainement la meilleure dystopie publiée depuis de nombreuses années !

Un roman que toute personne avisée devrait avoir lu avant de replonger dans le monde virtuel proposé par les GAFA, les réseaux sociaux, et de manière plus générale, par tout ce qu’implique la généralisation de l’outil internet !

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Le pouvoir

Le pouvoir – Naomi Alderman

Calmann Levy/Le livre de poche – 512 pages – 6.70 €

Le pitch : ET SI LES FEMMES PRENAIENT ENFIN LE POUVOIR DANS LE MONDE ENTIER ?

Aux quatre coins du monde, les femmes découvrent qu’elles détiennent le « pouvoir ». Du bout des doigts, elles peuvent infliger une douleur fulgurante – et même la mort.

Soudain, les hommes comprennent qu’ils deviennent le « sexe faible ». Mais jusqu’où iront les femmes pour imposer ce nouvel ordre ?

Mon avis : Difficile de passer à côté de la couverture au graphique et au lettrage Art Déco/Bauhaus de ce roman de Naomi Alderman. Rouge vif ! Difficile également de passer à côté du court pitch. Et une fois que vous aurez ouvert le livre et entamé la lecture, difficile d’en sortir avant la fin des 500 pages !

Avec cette dystopie décoiffante (qui constitue le négatif absolu de La servante écarlate de Margaret Atwood), Naomi Alderman a obtenu le Baileys women’s prize for fiction 2017, un prix prestigieux couronnant le meilleur livre de l’année écrit en anglais par une femme. Un prix attribué pour la première fois à une oeuvre de SF.

Et c’est parfaitement mérité, car Le pouvoir est un livre dérangeant, puissant, parfois profondément choquant !

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Soleil vert

Soleil vert – Harry Harrison

J’ai lu – 350 pages – 7.10 €*

Le pitch : Tandis que l’humanité s’apprête à entrer clans le troisième millénaire, la surpopulation est devenue telle que les ressources naturelles ne suffisent plus à couvrir ses besoins. La nourriture et l’eau sont rationnées, il n’y a plus de pétrole, plus guère d’animaux. Trente-cinq millions de New-Yorkais, pour la plupart sans emploi ni logement, se battent pour survivre.

Andy Rush a un travail, lui. Tous les jours, avec les autres policiers de sa brigade, il part disperser les émeutes de la faim qui se produisent lors de chaque nouvelle distribution de nourriture de synthèse. Alors, qu’importe si un nabab aux activités louches s’est fait descendre ? S’il parvenait à attraper le meurtrier, Andy le remercierait presque pour services rendus…

Mon avis : Parfois, un roman sort de l’anonymat pour des décennies, grâce à son adaptation au cinéma. Soleil vert est l’archétype de ce prototype d’oeuvre à laquelle un film devenu mythique a donné une seconde chance.

Dans ce cas de figure, la lecture du roman, sur lequel le lecteur cinéphile va forcément plaquer des images chéries pendant des années, est presque toujours décevante. Coup de chance : le livre d’anticipation d’ Harry Harrison échappe à cette malédiction et mérite de mener sa propre vie dans l’imaginaire des lecteurs !

Pourtant, ce n’était pas gagné : Soleil vert est un film dont les images, à la fin des années 70, ont marqué à juste raison les esprits.

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Un bonheur insoutenable

Un bonheur insoutenable Ira Levin

J’ai lu – 372 pages – 7.50 €*

Le pitch : L’action de ce livre se déroule dans un futur qui n’est peut-être pas très éloigné. Toutes les nations sont désormais gouvernées par un ordinateur géant enfoui sous la chaîne des Alpes. Les humains sont programmés dès leur naissance – du moins ceux qui ont été autorisés à naître – et sont régulièrement traités par des médicaments qui les immunisent contre les maladies, mais aussi contre l’initiative et la curiosité. Il y a cependant des révoltés.

L’un d’eux, surnommé Copeau, va redécouvrir les sentiments interdits et d’abord l’amour. Il s’engage alors dans une lutte désespérée contre ce monde trop parfait, inhumain, qui accorde, certes, le bonheur à tous, mais un bonheur devenu insoutenable, parce qu’imposé.

Mon avis : Un des chefs-d’œuvre de la dystopie, terme savant (et un peu pédant) utilisé pour désigner un récit peignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur.

Placé au côté du meilleur des mondes, d’Huxley, ou de 1984, d’Orwell, Un bonheur insoutenable soutient franchement la comparaison sur le fond, même si Ira Levin n’est pas un styliste littéraire du même niveau que ces augustes prédécesseurs.

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L'orange mécanique

L’orange mécanique – Anthony Burgess

Robert Laffont – 352 pages – 9.50 €

Le pitch : Dans un monde dystopique furieusement proche du nôtre, le jeune Alex s’ingénie à commettre le mal sans le moindre remords : en compagnie de ses drougs, il se livre à la bastonnade, au viol et à la torture sur fond de musique classique. Bientôt incarcéré, il subit un traitement chimique qui le rend allergique à toute forme de violence.

Tout le génie de Burgess éclate dans ce livre sans équivalent, entre roman d’anticipation et conte philosophique. Le romancier, qui fut linguiste et compositeur, réussit en outre le prodige d’inventer une langue, le nadsat, dans laquelle son héros raconte sa propre histoire.

Mon avis : L’orange mécanique (avec un L apostrophe pour commencer) est l’exemple type de roman génial dépassé par son adaptation au cinéma. Qui ne connait pas le film fabuleux de Stanley Kubrick, qui a marqué son époque à sa sortie, il y a déjà un demi-siècle ? Et pourtant, le mérite en revient essentiellement à Anthony Burgess car le film « tient » presque entièrement dans le roman !

Dans un univers futur qui ressemble – malheureusement – beaucoup à certains quartiers de notre présent, Alex, le personnage principal du roman balade sa désespérance à coup d’ultra-violence, avec sa bande de copains (aujourd’hui, on dirait son gang). Il frappe, il boit, il viole, tout ça en écoutant du Beethoven… jouissance extrême.

Dès la première page, le lecteur est saisi à la gorge par le fond du récit (c’est un des premiers grands romans dystopiques, à réserver exclusivement aux adultes, tant il est violent), mais surtout par sa forme.

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La vérité avant-dernière

La vérité avant-dernière – Philip K. Dick 

J’ai lu – 282 pages – 7.00 €

Le pitch : Depuis quinze ans ils attendent. Dans leurs abris souterrains. Prisonniers mais aussi protégés des gaz mortels et des radiations qui ont envahi la planète en guerre. Et pour cette guerre, ils fabriquent des sol dats-robots, à la chaîne. Rituellement, sur leurs écrans de télévision, apparaît le Grand Protecteur. De sa forteresse au cœur des Rocheuses, il les informe de l’évolution du conflit qui fait rage entre la Dém-Ouest et la Pacif-Pop.

Informations étranges, partielles, contradictoires, pense Nicolas Saint-James, le chef d’un des plus vastes abris. Alors, au péril de sa vie, Saint-James va se frayer un chemin jusqu’à la surface de la terre. Pour découvrir une vérité monstrueuse, insoutenable…

Mon avis : Je ne vais pas vous « vendre » Philip K. Dick, un des cinq auteurs majeurs de l’histoire de la littérature de SF (non, je ne donnerai pas les noms des autres !).

Sachez simplement que la lecture de cet auteur, passé maître dans la projection paranoïaque des données de son époque de maturité (les années 50 et 60) dans des avenirs cauchemardesques, est indispensable à tout amateur du genre.

Tout en haut de son oeuvre : ses nouvelles, dont les innombrables idées ont permis de réaliser depuis près d’un demi-siècle une quantité industrielle de grands films.

Juste derrière, une bonne demi-douzaine d’excellents romans. La vérité avant-dernière en fait partie.

Autant vous prévenir tout de suite : ce roman est une dystopie terrifiante !

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L'oiseau d'Amérique

L’oiseau d’Amérique – Walter Tevis

Folio SF – 400 pages – 8.20 €

Le pitch : Au XXVe siècle, l’humanité s’éteint doucement, abreuvée de tranquillisants prescrits en masse par les robots qu’elle a elle-même programmés à cette fin. Le monde repose désormais sur les épaules de Robert Spofforth, l’androïde le plus perfectionné jamais conçu, qui possède des facultés inouïes… sauf, à son grand regret, celle de se suicider. Mais l’humanité moribonde se fend d’un dernier sursaut.

Paul Bentley, petit fonctionnaire sans importance, découvre dans les vestiges d’une bibliothèque l’émerveillement de la lecture, depuis longtemps bannie, dont il partagera les joies avec Mary Lou, la jolie rebelle qui refuse ce monde mécanisé. Un robot capable de souffrir, un couple qui redécouvre l’amour à travers les mots, est-ce là que réside l’ultime espoir de l’homme ?

Mon avis : Dans la lignée des grandes dystopies, L’oiseau d’Amérique est sans doute un des romans du genre parmi les plus récents et les moins connus. Pourtant, ce texte est un véritable petit bijou littéraire par la grâce du style de Walter Tevis, dont l’écriture nostalgique et d’une grande poésie m’a vraiment touché.

Le concept de départ est terriblement troublant : imaginer une dystopie où l’être humain vivrait sous l’oppression de robots dotés d’une intelligence artificielle extraordinaire.

Des humains dégénérés, incapables de se reproduire par la faute d’êtres artificiels pourtant conçus, au départ, pour les protéger…

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Silo

Silo – Hugh Howey

Folio – 448 pages – 8.20 €*

Le pitch : Dans un futur post-apocalyptique indéterminé, quelques milliers de survivants ont établi une société dans un silo souterrain de 144 étages. Les règles de vie sont strictes. Pour avoir le droit de faire un enfant, les couples doivent s’inscrire à une loterie. Mais les tickets de naissance des uns ne sont redistribués qu’en fonction de la mort des autres.

Les citoyens qui enfreignent la loi sont envoyés en dehors du silo pour y trouver la mort au contact d’un air toxique. Ces condamnés doivent, avant de mourir, nettoyer à l’aide d’un chiffon de laine les capteurs qui retransmettent des images de mauvaise qualité du monde extérieur sur un grand écran, à l’intérieur du silo.

Ces images rappellent aux survivants que ce monde est assassin. Mais certains commencent à penser que les dirigeants de cette société enfouie mentent sur ce qui se passe réellement dehors et doutent des raisons qui ont conduit ce monde à la ruine.

Mon avis : « Il n’y a pas de mal à se faire du bien », ai-je pensé en achetant le très épais roman intitulé Silo, avec cette couverture rouge orange assez impressionnante. C’est ce que je me dit souvent lorsque je me lance dans la lecture d’un bon gros roman d’aventure ou de science-fiction, avec l’espoir souvent déçu, mais éternellement renouvelé, de tomber sur le récit qui va m’emporter loin et longtemps de la réalité.

Avec Silo, mes espoirs ont été plutôt récompensés car oui, indubitablement, il s’agit d’un roman de SF « à l’ancienne », tel que les grands auteurs américains « populaires » en produisaient à la chaîne dans les années 40 et 50.

Tout concours, en réalité, à faire de ce texte contemporain – qui a remporté un énorme succès populaire (en eBook puis en livre « papier ») – une sorte d’anomalie littéraire temporelle.

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La servante écarlate

La servante écarlate Margaret Atwood

Pavillons poche – 522 pages – 11.50 €*

Le pitch : Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred,  » servante écarlate  » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse.

Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.

Mon avis : Avant qu’une com’ démente ne submerge en 2017 les amateurs de littérature américaine, à propos de La servante écarlate, j’avoue n’avoir jamais entendu parlé de ce roman vendu par millions outre-Atlantique… Étrange, étrange, lorsqu’un livre est publié par un éditeur français en format poche… trente ans après qu’il l’ait sorti en format broché (la publication de Robert Laffont date de 1987) !

Mais sans doute, est-ce dû à la sortie et à la diffusion récente de son adaptation en série télévisée. Terrible pouvoir que celui des séries, dont celui, bénéfique finalement, que de placer sous les feux des projecteurs une oeuvre qui, jusqu’à maintenant, n’avait pas reçu en France l’accueil qu’il méritait !

Car La servante écarlate, s’il est loin d’être l’immense chef-d’oeuvre que certains veulent bien y voir, est un excellent roman, au thème intéressant, qui présente le mérite insigne (et malheureusement assez rare) de faire réfléchir le lecteur.*

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Kallocaïne

Kallocaïne – Karin Boye

Editions Hélios – 237 pages – 7,90 €*

Le pitch : Dans une société où la surveillance de tous, sous l’œil vigilant de la police, est l’affaire de chacun, le chimiste Leo Kall met au point un sérum de vérité qui offre à l’État Mondial l’outil de contrôle total qui lui manquait.

En privant l’ individu de son dernier jardin secret, la kallocaïne permet de débusquer les rêves de liberté que continuent d’entretenir de rares citoyens. Elle permettra également à son inventeur de surmonter, au prix d un viol psychique, une crise personnelle qui lui fera remettre en cause nombre de ses certitudes. Et si la mystérieuse cité fondée sur la confiance à laquelle aspirent les derniers résistants n était pas qu un rêve ?

On considère Kallocaïne, publié en 1940 en Suède, comme l’une des quatre principales dystopies du XXe siècle avec Nous autres (Zamiatine, 1920), Le Meilleur des mondes(Huxley, 1932), et 1984 (Orwell, 1949).

Mon avis : Bizarre, les hasards du destin… Qu’est-ce qui permet de passer, ou pas, à la postérité ?

Regardez : Huxley et Le meilleur des mondes ? Au panthéon de la littérature ! Orwell et 1984 ? Un des sommets du roman du XX° siècle. Enseignés dans les écoles, adaptés mille et mille fois. Et Karin Boye et son Kallocaïne ? Passés à la trappe, inconnus au bataillon, même pour un grand lecteur comme votre serviteur !

Alors qu’après ma lecture tardive de cette oeuvre majeure, je pense sans le moindre doute que le roman de cette auteure dont la courte vie s’est terminée par un suicide durant la seconde guerre mondiale est une dystopie à la portée aussi importante que les deux romans cités plus haut. Comme quoi, à quoi ça tiens, la gloire… Une vie trop tôt interrompue, une origine scandinave plutôt que britannique… Allez savoir…

Sur ce, trêve de considération philosophique : courrez lire cette petite merveille désespérée rééditée grâce à la ténacité de l’éditeur Les moutons électriques, dans sa collection Hélios !

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Les hommes protégés

Les hommes protégés – Robert Merle

Folio – 448 pages – 8.50 €

Le pitch : A la suite d’une épidémie d’encéphalite qui ne frappe que les hommes, les femmes les remplacent dans leurs rôles sociaux, et c’est une Présidente, Sarah Bedford, féministe dure, qui s’installe à la Maison-Blanche. Le Dr. Martinelli, qui recherche un vaccin contre l’encéphalite, est enfermé avec d’autres savants à Blueville, dans une « zone protégée » qui les tient à l’abri de l’épidémie mais dans un climat de brimades, d’humiliations et d’angoisse. Martinelli acquiert vite la conviction que son vaccin ne sera pas utilisé, du moins sous l’Administration Bedford.

C’est paradoxalement chez les femmes qu’il trouvera ses alliées les plus sûres et par les femmes qu’il sera libéré. Mais, une fois Bedford remplacée à la Maison-Blanche par une féministe modérée, Martinelli saura-t-il s’adapter à une société où les hommes ne jouent plus qu’un rôle subalterne ?

Mon avis : Robert Merle ? Plus les années passent, plus il parait évident que l’homme restera comme un des auteurs français marquants du XX° siècle.

A côté de son roman de SF le plus connu (Malevil, un petit chef-d’oeuvre), il ne faut pas oublier de lire Les hommes protégés, tant son sujet reste d’actualité. Les hommes protégés est une pure dystopie, à placer au côté du terrible roman Le pouvoir, de Naomi Alderman.

Dans les deux récits, ce sont les femmes qui dominent le monde. Dans Le pouvoir, les femmes dominent les hommes – et abusent de leur position dominante, de manière dramatique – grâce à un pouvoir qui s’est développé uniquement chez elles. Dans Les hommes protégés, c’est un virus qui ne touche que les hommes qui a les a décimées.

Mais dans les deux cas, le résultat est le même : les femmes abusent de leur pouvoir et tyrannise les hommes, un monde à l’envers (lorsqu’on songe à certaines périodes de l’histoire de l’humanité) totalement effrayant, par sa violence et sa bêtise.

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Le meilleur des mondes

Le meilleur des mondes – Aldous Huxley

Pocket – 320 pages – 4.95 €

Le pitch : 632 après Ford : désormais on compte les années à partir de l’invention de la voiture à moteur. La technologie et la science ont remplacé la liberté et Dieu. La vie humaine, anesthésiée, est une suite de satisfactions, les êtres naissent in vitro, les désirs s’assouvissent sans risque de reproduction, les émotions et les sentiments ont été remplacés par des sensations et des instincts programmés. La société de ce Meilleur des mondes est organisée, hiérarchisée et uniformisée, chaque être, rangé par catégorie, a sa vocation, ses capacités et ses envies, maîtrisées, disciplinées, accomplies. Chacun concourt à l’ordre général, c’est-à-dire travaille, consomme et meurt, sans jamais revendiquer, apprendre ou exulter.

Mais un homme pourtant est né dans cette société, avec, chose affreuse, un père et une mère et, pire encore, des sentiments et des rêves. Ce  » Sauvage « , qui a lu tout Shakespeare et le cite comme une Bible, peut-il être un danger pour le  » monde civilisé  » ?

Mon avis : Le meilleur des mondes est probablement le premier roman de SF moderne. C’est également la première dystopie publiée, près d’une décennie avant Kallocaïne et deux décennies avant 1984.

C’est dire si l’on doit considérer avec un respect considérable le travail d’anticipation d’Aldous Huxley, qui était un auteur puissant, capable de travailler tout autant sur des  récits d’imagination que sur de nombreux essais (il fut nommé sept fois pour le prix Nobel de littérature).

Près d’un siècle après sa sortie, Le meilleur des mondes sidère toujours par sa modernité et la qualité d’analyse sociologique et scientifique de l’auteur.

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Vox

Vox – Christina Dalcher

Pocket – 448 pages – 8.60 €

Le pitch : Cent mots par jour. Depuis l’avènement au pouvoir d’un Parti fondamentaliste, les femmes sont soumises à ce quota absurde. Un mot de plus, un seul, et le bracelet-compteur qu’elles portent au poignet envoie une décharge électrique. Aussi, lorsque Jean McClellan se voit proposer de venir en aide au frère du Président, victime d’une aphasie, l’ex-docteur en neurosciences n’hésite-t-elle pas longtemps. La récompense ? La possibilité de s’affranchir – et sa fille avec elle – de son quota de mots.

Mais ce qu’elle va découvrir, alors qu’elle recouvre la parole, pourrait bien la laisser définitivement sans voix…

Mon avis : Vox. Difficile de trouver un titre plus court, percutant et approprié pour ce roman. Vox est une dystopie qui, pendant plus de deux cent pages, colle littéralement le lecteur au texte, tant le monde imaginé par Christina Dalcher est simplement terrifiant.

Quand j’utilise l’adverbe simplement, c’est à bon escient, puisque le futur dans lequel a basculé les Etats-Unis est très simplement différent du nôtre : on a juste coupé la parole aux femmes.

Ou, plus subtilement, on leur a juste limité le temps de parole à presque rien, tout en inventant un instrument de contrôle et de répression vraiment terrifiant.

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V pour Vendetta

V pour Vendetta Alan Moore & David Lloyd

Delcourt/Urban Comics – 352 pages – 28 €*

Le pitch : Londres, fin du XXe siècle : plus personne n’ose résister au « Système ». L’œil et l’oreille espionnent, le nez enquête, la bouche désinforme et la main fait régner l’ordre et la terreur. L’Angleterre a pris les couleurs du fascisme. La culture a été effacée. Pourtant quelqu’un ou quelque chose rôde dans les ruelles sombres. Il est vêtu comme un comédien, masqué d’un éternel sourire, cite Shakespeare, sauve les innocents, pose des bombes et préserve ce qu’il reste de la culture dans son musée des ombres.

Un anarchiste s’est glissé au cœur du système. Ni comédien ni tragédien, ni bouffon ni fou, ni fanatique ni terroriste, ou peut-être tout cela à la fois, il n’a pour nom qu’une initiale : V. V pour Vendetta. V pour Vengeance. À moins que ça ne soit pas aussi simple que ça…

Mon avis : L’histoire – une des premières grandes œuvres d’Alan Moore, réalisée au début des années 80 – est tout simplement, dans ses thèmes et dans la qualité de ses développements, à placer à côté des formidables romans 1984, de Georges Orwell, ou Farenheit 451, de Ray Bradbury.

Une dystopie – ou une uchronie – où la majeure partie du monde a disparu dans la guerre et où l’Angleterre est devenu une épouvantable dictature où chaque membre de la société est surveillé, contrôlé…

Surgit un jour un justicier qui porte le masque de Guy Fawkes, l’homme à l’origine de la conspiration des poudres, en 1605. A l’instar de son prédécesseur, il va tenter de dynamiter le pouvoir, au sens propre et au sens figuré…

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Running man

Running man – Stephen King

Le livre de poche – 259 pages – 7.10 €*

Le pitch : Premier quart du XXIe siècle. La dictature s’est installée aux États-Unis. La télévision, arme suprême du nouveau pouvoir, règne sans partage sur le peuple. Une chaîne unique diffuse une émission de jeux suivie par des millions de fans : c’est « La Grande Traque ».

Ben Richards, un homme qui n’a plus rien à perdre, décide de s’engager dans la compétition mortelle. Pendant trente jours il devra fuir les redoutables « chasseurs » lancés sur sa piste et activement aidés par une population encouragée à la délation. Tous les moyens sont bons pour éliminer Ben Richards…

Mon avis : Ce Stephen King a été publié sous le pseudonyme de Richard Bachman, celui qu’il utilisait dans les années 80 pour ses romans « mineurs », et c’est le meilleur de cette série, et de loin, un peu un Marche ou crève en beaucoup plus réussi.

Présenté sous forme d’un compte à rebours, de 100 à 0, ce roman en a l’urgence. L’histoire est passionnante, la toile de fond SF très réussie (c’est d’ailleurs le seul vrai roman de SF de King), et l’écriture… d’une efficacité totale. Pour tout dire, le roman est presque trop court (250 pages) !

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Minority report

Minority report Philip K. Dick

Folio SF – 448 pages – 8.80 €*

Le pitch : Douglas Quail rêve depuis toujours d’aller sur Mars, mais la planète rouge est réservée aux agents du gouvernement et aux personnalités haut placées. Il lui reste toutefois la possibilité de s’acheter des souvenirs. Et pourquoi pas celui d’être allé en visite sur Mars ? Ce ne serait pas la réalité, certes. mais qui sait ?

Après Blade Runner, le chef-d’ouvre de Ridley Scott, les textes de Philip K. Dick ont inspiré de nombreux films : Planète hurlante, Impostor, Minority Report, Paycheck, A Scanner Darkly, L’Agence… Vous retrouverez dans ce recueil quelques-unes des nouvelles à l’origine de ces longs métrages, ainsi que Souvenirs à vendre («We Can Remember it for You Wholesale») adapté une première fois en 1990 puis de nouveau en 2012, sous le titre Total Recall.

Mon avis : Ce livre est un recueil de nouvelles. Neuf nouvelles, dans l’ensemble assez longues, dont au moins deux sont passées à la postérité pour avoir été adaptées au cinéma : The Minority report, adapté par Spielberg (les autres éditions de poche portent ce titre, avec un visuel flashy de la tête de Tom Cruise dans le film), et We can remember it for your wholesale, adapté par Verhoeven sous le titre Total recall.

Ceci posé, venons en au fait : ces neuf nouvelles (parmi les 120 écrites par Dick au cours de sa courte vie) sont d’une lecture absolument indispensables, car elles permettent, pour celui qui ne connait pas l’auteur, d’avoir une sorte de digest très représentatif de son travail de novelliste.

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Farenheit 451

Fahrenheit 451 Ray Bradbury

Folio SF – 224 pages – 5.90 €*

Le pitch : Montag est un pompier du futur d’un genre particulier : il brûle les livres.

Jusqu’au jour où il se met à en lire, refuse le bonheur obligatoire et rêve d’un monde perdu où la littérature et l’imaginaire ne seraient pas bannis. Devenant du coup un dangereux criminel…*

Mon avis : Comme j’ai pu l’écrire par ailleurs, Ray Bradbury est sans conteste un des auteurs majeurs de toute l’histoire de la science-fiction.

Fahrenheit 451 est son roman le plus célèbre, son talent s’étant épanoui surtout dans le format des nouvelles (y compris Chroniques martiennes, qui est un recueil de nouvelles).

Ce roman est d’une beauté et d’une tristesse sidérante, dont François Truffaut sut saisir l’essentiel dans son adaptation qui date déjà de cinquante ans (comme le temps passe…).

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Fatherland

Fatherland – Robert Harris

Pocket – 448 pages – 6.95 €

Le pitch : Mardi 14 avril 1964 : la paix nazie règne depuis vingt ans en Europe et Berlin s’apprête à fêter l’anniversaire d’Adolf Hitler. Les juifs ont été expulsés quelque part, loin à l’est. Encore plus loin à l’est, en Sibérie, la guerre continue. Kennedy a annoncé sa venue en septembre : ce sera la première visite d’un président américain en Allemagne depuis le traité de paix de 1944.

L’inspecteur Xavier March enquête sur les meurtres de deux anciens hauts gradés SS. L’affaire est sensible, et March commence à subir des pressions. Mais il s’obstine, et, peu à peu, commence à entrevoir un secret énorme et monstrueux.

Mon avis : Dès sa sortie, en 1992, Fatherland a marqué l’histoire de la littérature prospective.

Premier roman de Robert Harris, il créait alors une véritable onde de choc parmi les lecteurs puisque l’auteur situait ce thriller dans le proche passé d’un monde parallèle au nôtre, un monde où l’Allemagne nazie a gagné la second guerre mondiale et domine le monde.

En un instant, Fatherland montait dans le top 10 des uchronies les plus célèbres, au côté de son aîné, Le maître du haut château, de Philip K. Dick, auquel il fait étrangement résonance. Il faut dire que l’entreprise était osée, le sujet brûlant et l’expérience terriblement traumatisante.

Dès la première page, Harris plonge l’histoire dans le noir du désespoir le plus complet. Son personnage principal, Xavier March, va, au fil d’une enquête rapidement interdite par les autorités, lever peu à peu le voile du discours officiel sur de terribles secrets d’état.

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L'âge de cristal

L’âge de cristal- Nolan & Johnson

J’ai lu – 348 pages – 18 €*

Le pitch : Ce sont deux « vieux » de vingt-et-un ans, deux vieux qui n’ont plus que quelques heures à vivre et qui essaient d’échapper à la mort obligatoire.

Dans la paume de leurs mains clignote un cristal radio-actif. Et ce clignotement sonne le glas pour les deux fugitifs : dans quelques heures leur cristal deviendra noir et la police spéciale sera alertée… Car dans cette société de l’an 2116 tous les citoyens ayant atteint leur majorité doivent se livrer au « Profond Sommeil ».

Mon avis : Petit roman dystopique écrit à quatre mains juste avant 1968, inspiré par les aspirations de l’époque, L’âge de cristal n’est pas un chef-d’oeuvre, ce n’est pas une oeuvre fondamentale non plus, mais pourquoi en parle-t-on encore ? Et pourquoi a-t-il eu tant d’influence, au cinéma et dans la littérature de SF ?

Sans doute parce qu’il touche à des sujets particulièrement sensibles, le premier (l’eugénisme scientifique) venant paradoxalement à rebours des progrès de la science allongeant sans cesse l’espérance de vie.

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Les amants étrangers

Les amants étrangers – Philip José Farmer

Folio SF – 272 pages – 8.10 €

Le pitch : En 3050, l’Amérique du Nord est dirigée par le Clergétat, ordre religieux ultra-puritain, susceptible de vous envoyer en enfer pour  » irréalité  » au moindre péché.

En partant en mission sur la planète Ozagen, Hal Yarrow pense avoir laissé cette société qu’il abhorre derrière lui. Mais le conditionnement subi depuis son plus jeune âge résiste à l’éloignement et rien ne semble pouvoir le briser. A moins que la belle Jeannette, mystérieuse étrangère, ne parvienne à faire tomber les derniers tabous de Yarrow ?

Les amants étrangers, principalement connu pour avoir été le premier texte à aborder de front le thème de la sexualité en SF, est avant tout un magnifique plaidoyer contre l’intégrisme religieux et pour l’acceptation de la différence. Prix Hugo 1953

Mon avis : . Si vous n’êtes pas familier avec la littérature de SF, ou si vous l’êtes, mais sans avoir jusqu’alors exploré l’univers de Philip José Farmer, je vous encourage à découvrir ce court roman, pour au moins deux raisons.

La première tient à la place qu’occupe ce roman dans l’histoire de la SF. Paru en 1953 (donc, bien avant la révolution sociale de la fin des 60’s), il s’agit en effet du premier récit où sont évoqués de manière explicite des relations sexuelles entre un humain et un extra-terrestre.

La seconde tient au sujet principal du roman, tel qu’il apparaît l’être de nos jours. La dystopie décrite – une société où l’intégrisme religieux, poussé à l’extrême, annihile toute possibilité d’indépendance d’esprit et de vie privée, et où les dogmes privent l’être humain de tout libre arbitre – entre en résonance de manière saisissante avec les événements qui secouent notre planète depuis quelques années, à coups de guerres, d’attentats et d’atrocités quotidiennes.

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Widowland

Widowland – C.J. Carey

Le masque – 392 pages – 21.90 €

Le pitch : Londres, 1953. Depuis la fin de la guerre et l’écrasante victoire allemande, le Royaume-Uni est un Protectorat administré par l’Allemagne nazie. Les femmes y sont dorénavant réparties en classes qui régulent strictement leurs droits. Heureusement pour elle, Rose Ransom fait partie de l’élite. Et, privilège s’il en est, on la charge de réécrire la littérature. Jane Austen, Charlotte Brontë ou les frères Grimm n’ont pas de secrets pour elle et, bientôt, leurs héroïnes deviendront pour les lectrices de parfaits modèles aryens.

Seulement, alors que l’arrivée à Londres du Leader est imminente, des phrases censurées réapparaissent sur les murs de la ville. Et c’est Rose que l’on envoie enquêter en plein cœur des Widowlands, ces banlieues délabrées où l’on confine les femmes insoumises ou rebuts de la société. Pourtant, Rose s’interroge : à quel point ces femmes sont-elles différentes d’elle ?

Mon avis : Widowland. Le pays des veuves. Triste et terrible titre qui ne reflète qu’imparfaitement le thème de ce roman qui est à la fois une uchronie et une dystopie. Une dyschronie, en quelque sorte, si vous me permettez ce néologisme.

Uchronie, car il s’agit d’un essai fantastique qui imagine le monde tel qu’il serait si un évènement passé ne s’était pas déroulé de la façon que notre histoire a connu. Un exercice classique du roman de SF. Dystopie, car le monde imaginé par C.J. Carey est celui d’une société totalitaire organisée de telle façon qu’elle empêche une partie de ses membres d’atteindre le bonheur; en l’occurrence, les femmes !

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Et c'est ainsi que nous vivrons

Et c’est ainsi que nous vivrons Douglas Kennedy

Pocket – 456 pages – 9.00 €*

Le pitch : 2045. Les États-Unis n’existent plus, une nouvelle guerre de Sécession en a redessiné les frontières. Sur les côtes Est et Ouest, une république où la liberté de mœurs est totale mais où la surveillance est constante. Dans les États du Centre, une confédération où divorce, avortement et changement de sexe sont interdits et où les valeurs chrétiennes font loi. Les deux blocs se font face, chacun redoutant une infiltration de l’autre camp.

C’est justement la mission qui attend Samantha Stengel. Agent des services secrets de la République, cette professionnelle reconnue, réputée pour son sang-froid, s’apprête à affronter l’épreuve de sa vie : passer de l’autre côté de la frontière, dans un des États confédérés les plus rigoristes, sur les traces d’une cible aussi dangereuse qu’imprévisible.

Dans ces États désormais Désunis, Samantha devra puiser au plus profond de ses forces pour échapper aux mouchards de son propre camp et se confronter aux attaques de l’ennemi.

Mon avisDouglas Kennedy a donc décidé de se mettre à la SF, et cela lui réussit plutôt puisqu’il développe ici un sujet qu’il « triture », « travaille » depuis des années en commentant l’actualité : la décadence sociale et morale de son pays, entre les aberrations du trumpisme et les excès du wokisme.

Les Etats-Unis, ce pays puissant et gigantesque progressivement écartelé entre une Amérique républicaine, profondément croyante, réactionnaire, et une Amérique démocrate, progressiste mais tenté par de terribles dérives moralisatrices. Le pays des états côtiers contre celui des états du sud et du centre.

La dystopie qu’il développe et projette en 2045 est terrifiante, car elle est intellectuellement crédible.

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Transperceneige

Transperceneige – Lob/Rochette/Legrand

Casterman – 275 pages – 25 €*

Le pitch : Un jour, la bombe a fini par éclater. Et toute la Terre s’est brutalement retrouvée plongée dans un éternel hiver gelé, hostile à toute forme de vie. Toute ? Pas tout à fait.

Miraculeusement, une toute petite portion d’humanité a trouvé refuge in extremis dans un train révolutionnaire, le Transperceneige, mu par une fantastique machine à mouvement perpétuel que les miraculés de la catastrophe ont vite surnommé Sainte Loco. Mais à bord du convoi, désormais dépositaire de l’ultime échantillon de l’espèce humaine sur cette planète morte, il a vite fallu apprendre à survivre. Et les hommes, comme de bien entendu, n’ont rien eu de plus pressé que d’y reproduire les bons vieux mécanismes de la stratification sociale, de l’oppression politique et du mensonge religieux…

Mon avis : Vous est-il déjà arrivé de ne pas lire un roman célèbre, simplement parce que vous aviez eu la malchance de visionner un jour son adaptation cinématographique, et qu’elle vous avait profondément déplu ? Eh bien c’est exactement ce qui m’est arrivé avec Transperceneige, célèbre BD de science-fiction des années 80/90, mis en scène récemment par les coréens, le résultat étant tout simplement navrant : comme un jeu vidéo, sauf que vous n’avez pas les manettes pour jouer !

Il m’a donc fallu attendre (trop) longtemps pour me plonger dans cette intégrale, réunissant les trois « parties » de l’histoire initiée, il faut le rappeler, par les immenses et regrettés (car trop tôt disparus) Jacques Lob et Alexis. J’ai pu, à sa lecture, modifier mon opinion sur ce livre-métaphore.

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Les Monades urbaines

Les Monades urbaines – Robert Silverberg

Pavillons poche – 352 pages – 9.50 €

Le pitch : En 2381, l’humanité a trouvé une solution à la surpopulation : c’est en se développant verticalement dans des monades urbaines, des tours de mille étages, qu’elle continue de croître. L’altitude détermine le niveau social des habitants, qui quittent rarement leur étage. Au sein de cette société, pandémonium sexuel sans tabou, les hommes semblent nager en plein bonheur. Toutefois, la création, l’imagination et l’individualité y sont considérées comme des notions dangereusement subversives.

C’est dans ce monde étrange que vont se croiser les destins de Micael, un électronicien qui rêve d’un monde antérieur, Jason, un historien qui découvre les affres de la jalousie, et Siegmund, un citoyen modèle. Tout se précipite quand Siegmund connaît une  » défaillance  » suite à une descente dans les bas étages. Bientôt, la situation vire au tragique.

Mon avis : Après une brève flambée de considération branchée dans les années 60 et 70, Robert Silverberg retombe, peu à peu, dans l’indifférence française distinguée des amateurs peu éclairés de SF.

Et pourtant… cet auteur majeur du genre, maître absolu de la narration maîtrisée et du développement des idées les plus dérangeantes, est toujours d’actualité. La preuve, ici,  à l’heure où l’humanité se lance dans des constructions dépassant le kilomètre de haut.

Roman dystopique terrifiant où l’inhumanité du cadre se heurte au propos de l’auteur, riche d’intelligence humaniste, Les monades urbaines est un vrai chef-d’oeuvre.

Indispensable.*


Et pour terminer cette sélection un brin stressante avec le sourire,

un des plus célèbres romans de SF, non pas dystopique, mais utopique !

Une société future qui atteint le bonheur grâce l’écologie sociale, économique et politique


Ecotopia

Ecotopia – Ernest Callenbach (1975)

Folio SF – 336 pages – 9.40 €

Le pitch : Trois États de la côte ouest des États-Unis – la Californie, l’Oregon et l’État de Washington – décident de faire sécession et de construire, dans un isolement total, une société écologique radicale, baptisée Écotopia. Vingt ans après, l’heure est à la reprise des liaisons diplomatiques entre les deux pays. Pour la première fois, Écotopia ouvre ses frontières à un journaliste américain, William Weston.Au fil des articles envoyés au Times-Post, il décrit tous les aspects de la société écotopienne : les femmes au pouvoir, l’autogestion, la décentralisation, les vingt heures de travail hebdomadaire et le recyclage systématique. D’abord sceptique, voire cynique, William Weston vit une profonde transformation intérieure. Son histoire d’amour intense avec une Écotopienne va le placer devant un dilemme crucial : choisir entre deux mondes.

Mon avis : On ne prend jamais assez de temps pour remercier certains éditeurs français, pour leur capacité à aller piocher dans la littérature américaine des décennies passées afin d’en extraire un grand roman peu connu, voire oublié du lectorat francophone et le (re)traduire et le (re)publier.

C’est le cas de l’éditeur Rue de l’échiquier qui, grâce à une traduction de Brice Mathieussent, a exhumé Ecotopia des limbes d’outre-Atlantique, 40 ans après sa première édition (chez Stock), relayé par Gallimard en format poche dans la collection Folio SF.

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Votre commentaire

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  1. Gab dit :

    Ben et quand même (quasi) tpus les Alain Damasio et en premier « la zone du dehors » !
    Non ?

  2. Ginnie dit :

    Merci pour cette liste !
    J’ai rajouté dans ma wishlist quasiment tous les livres haha.

  3. Pirel dit :

    Liste intéressante, je pioche quelques idées.

    Je vous rejoins totalement sur le côté sous-estimé de Kallocaïne, qui est une excellente dystopie et qui mériterait d’être au moins aussi connue que Le meilleur des mondes.
    Mais dans le même genre, je trouve que vous auriez aussi pu accorder une place à Nous autres, d’ailleurs vous en parlez dans le même paragraphe. C’est également une dystopie politique très sous estimée alors que c’est LA véritable pierre fondatrice du genre. Et son écriture particulière rend le livre très abordable même pour les plus jeunes, ce qui est très intéressant, je trouve.

  4. Mary dit :

    Bonjour,
    Merci pour cette liste grandiose
    J’ai découvert, et acheté via le lien, « Le Cercle » que je ne connaissais pas
    Pour moi, il manque quand même « La Nuit des Temps » de Barjavel. Ou peut-être le classez-vous plus en SF qu’en dystopie ?
    En tout cas, bravo pour votre site

    1. letournepage dit :

      Merci beaucoup pour vos encouragements !

      Concernant, « La nuit des temps », je ne l’ai effectivement pas placé dans la liste des meilleures dystopies car j’ai une vision assez précise du genre, auquel il n’appartient pas. Par contre, vous retrouverez le grand roman de Barjavel dans ma sélection des meilleurs romans de SF (en compagnie de « Ravage », d’ailleurs !).

  5. patrice dit :

    Evidemment il m’en manque mais une tres belle liste (et qui m’a donné envie de relire Kallocaine !)
    J’aurais bien effectivement Barjavel avec Ravage ou Normad Spinrad avec Reve de fer. Quand a Silverberg, a part les Monades Urbaines, on peut ajouter le fils de l’homme, la porte des mondes ou le livre des cranes qui sont des « dystopie uchronie »

  6. giudicelli dit :

    je n’arrive pas a lire la fin de votre avis sur l’orange mecanique,
    le lien renvoie au livre suivant.

    1. letournepage dit :

      Merci, erreur rectifiée !