[Idées lecture] Les grandes séries et sagas de la BD

Posté le 21 mai 2021, par letournepage, dans Le coin cadeau

Blacksad

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Un des plus grands plaisirs du livre est de se plonger longuement, très longuement, dans la lecture du premier tome d’une saga BD, en sachant que, une fois refermé, il y en a un deuxième, puis un troisième, et parfois beaucoup plus encore…

Bien entendu, il faut que le premier, puis le deuxième contact soient convaincants et donnent envie de lire la suite. Il faut tomber sur un Tourne Page, quoi !

C’est dans l’intention vertueuse de vous épargner du temps – et souvent beaucoup d’argent, car une série coûte très cher ! – que je vous présente cette sélection de grandes sagas qui ont marqué l’histoire de la BD… et ma vie de lecteur compulsif.

Attention : pas de séries avec un héros récurrent, ou chaque album présente une histoire différente, indépendante ! Pas d’Astérie, Lucky Luke ou Blake & Mortimer, donc; non : des histoires qui se tiennent, se déroulent sur plusieurs albums, comme le font désormais la plupart des séries TV.

De 3 à 15 tomes pour chaque saga et, au total, pour une quarantaine de sagas, près de 25 000 pages de lecture passionnante (oui, 25 000 !), que j’ai arbitrairement ventilées en quatre grands chapitres : les sagas aventures et western, les sagas policiers et thrillers, les sags SF et fantastique et… les autres, les inclassables. Bonne et longue lecture !

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Le meilleur des grandes séries et sagas de la BD*

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♠ Les grandes sagas Aventure et Western ♠


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Undertaker (6 tomes) – Ralph Meyer & Xavier Dorrison

Dargaud – 360 pages – 65*15 €

Une saga aux premiers tomes étincelants

Le pitch : Jonas Crow, croque-mort, doit convoyer le cercueil d’un ancien mineur devenu millionnaire vers le filon qui fit autrefois sa fortune. Des funérailles qui devraient être tranquilles, à un détail près : avant de décéder, Joe Cusco a avalé son or pour l’emmener avec lui dans l’éternité.

Pas de chance, le secret est éventé et provoque la fureur des mineurs d’Anoki City. Comment laisser enterrer une telle fortune alors que pour survivre, eux suent sang et eau dans les filons ?

Mon avis : 1er tome de la nouvelle série western Undertaker, Le mangeur d’or a d’entrée de jeu placé la barre très haut puisque Dargaud a placé un sticker sur la couverture mentionnant : « le plus grand western depuis Blueberry ». Rien que ça !

Voilà un challenge plutôt difficile à relever et ce type de rodomontade peut facilement se retourner contre le vantard qui ne se révèle pas à la hauteur de la promotion…

Et alors ? – allez-vous me demander à juste raison ? Alors : aussi improbable que cela paraisse, c’est un pari réussi ! Le public ne s’y est pas trompé puisque les présentoirs se sont rapidement en tête de gondole dans les magasins et les ventes se sont envolées. Et c’est mérité, au moins pour les premiers tomes de l’épopée !

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La venin - Déluge de feu

La venin (4 tomes) – Laurent Astier

Rue de Sèvres – 265 pages – 4*15.00 €

La meilleure héroïne de saga, sans l’ombre d’un doute !

Le pitch : Dans le train qui la mène à Silver Creek, petite ville perdue aux confins du Colorado. Emily se souvient du destin tout tracé qu’elle a fui. Elle ne voulait pas devenir comme sa mère, et vendre ses charmes à des hommes de passage dans le quartier chaud de La Nouvelle-Orléans. Mais lorsque celui qui devait vous épouser ne se présente pas à la gare et que vous êtes une jolie jeune femme seule et sans le sou dans une ville minière des Rocheuses. Que vous reste-il comme option ?

Le patron du saloon aura bien une petite idée en tête … A moins qu’Emily ne coure après autre chose et que la venue prochaine du gouverneur favori aux élections sénatoriales ne soit pas qu’une simple coïncidence. Car, en cette année 1900 dans l’Ouest encore sauvage, les règlements de comptes sont légion, les fuites et les cavalcades infinies.

Mon avis : Les éditions Rue de sèvres ont réussi un coup de maître avec la couverture du premier tome de Déluge de feu, le premier tome de la nouvelle série de Laurent Astier, La venin.

Difficile de faire plus séduisant que cette vue rouge et or d’une belle femme brandissant une carabine, dans un grand envol de jupe fin XIX°.

C’est bien simple : au milieu des autres BD parues début 2019, on n’a vu que cet album !

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La venin

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Heureusement, la curiosité initiale qui m’a poussée à acquérir La venin n’a pas été déçue lors de la lecture de ces 60 planches au rythme trépidant. Au contraire : c’est avec une surprise heureuse que j’ai découvert à quel point Laurent Astier était un auteur complet et accompli.

Pas de doute : l’album fait partie des meilleures découvertes de ces dernières années en matière de BD western où, pourtant, la concurrence ne manque pas.

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La venin

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Long John Silver - intégrale T1

Long John Silver (4 tomes) – Dorrison & Lauffray

Dargaud – 272 pages – 2*25 €

Le mythe du pirate porté à son acmé !

Le pitch :Délaissée par son mari parti découvrir le nouveau monde depuis plusieurs années, lady Vivian Hastings est restée à Bristol, en Angleterre. Seule ? Pas tout à fait : Vivian, consciente de son charme, ne manque pas de courtisans… Ceux-ci ne connaissent pas sa situation matérielle inquiétante : ruinée bien que toujours propriétaire du domaine et, surtout, enceinte…

Tout bascule le jour où Vivian reçoit enfin des nouvelles de son mari qui lui somme de le rejoindre en Amérique du sud où Lord Hasting aurait découvert le mythique trésor de Guayanacapac ! Acculée, Lady Hastings décide de partir et fait appel, malgré les mises en garde du docteur Livesey, à une bande d’hommes sans foi ni loi dont le chef n’est autre que le redoutable Long John Silver… Vivian conclut un pacte de sang avec ce pirate qui lui propose de l’embarquer jusqu’au nouveau monde en échange d’une partie du trésor.

Mon avis : De toutes les mythologies romanesques, celles des pirates est sans doute une des plus fortes. Et dans cette mythologie, celle de Long John Silver est sans conteste la plus puissante. Long John Silver ? C’est LE pirate ! C’est dire si le personnage de Stevenson a toujours fasciné les auteurs de roman (avez-vous lu la formidable « autobiographie » écrite par Björn Larsson ? Non, eh bien c’est le moment ou jamais !).

En s’attaquant au mythe pour en faire le héros maléfique d’une aventure en quatre tomes et plus de 200 planches, Xavier Dorison a pris des risques.

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Long John Silver - L'intégrale T1

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Mais le scénariste a de la bouteille : c’est un des professionnels les plus aguerris de la BD, et les séries à succès auxquelles il a participé sont nombreuses (WEST, Undertaker, et plus récemment Aristophania ou Le château des animaux).

Risques payants : l’intégrale de cette saga est parfaitement réussie : un vrai Tourne Page !

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Bouncer T1 Un diamant pour l'au-delà

Bouncer (7+5 tomes) – Boucq & Jodorowsky

Les Humanoïdes associés – 416 pages – 39 €

Une saga sanglante au premier cycle étincelant

Le pitch : Un Bouncer, c’est au sens propre un videur, celui qui pousse à travers les portes battantes du saloon les poivrots encombrants, interdit l’entrée aux Peaux Rouges ou fait les poches des mauvais payeurs, bref un personnage plutôt rugueux et qui ne semble guère taillé dans l’étoffe plus élégante dont on fait les héros.

Il n’en fallait pas plus à Alexandro Jodorowsky et François Boucq pour entamer une collaboration fructueuse. Car le Bouncer, c’est aussi une bande dessinée qui flanque dehors les poncifs du western classique, tord le cou des vieux clichés de l’Ouest et fait manger la poussière aux histoires de cow-boys et d’Indiens. Sans l’ombre d’un regret.*

Mon avis : Les vingt premières années du siècle ont vu naître un « revival » assez surprenant du western en BD, accueilli avec passion par une bonne partie du public, un succès souvent largement mérité. Récemment, les succès d’œuvres comme le one shot Sykes ou les séries Undertaker et La venin ont confirmé l’intérêt des lecteurs pour une BD tournée vers les adultes, avec de la réalité historique, du sang et des larmes : le vrai far west, quoi !

Cet engouement, Boucq (pour le dessin) et Jodorowsky (pour le scénario) en sont en partie responsables. Avec la série Bouncer – série toujours en cours aujourd’hui, après un changement d’éditeur -, ils ont réussi à reprendre le flambeau laissé allumé par Giraud, en donnant, en quelque sorte, un petit frère à Blueberry.

Le Bouncer, ce desesperado mancho tireur d’élite, mais au coeur tendre…

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Bouncer T1 Un diamant pour l'au-delà

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Avec le premier tome, l’histoire débute sur les chapeaux de roues (ou plutôt sur les sabots de cheval, ah ! ah !), en pleine fin de la guerre de Sécession. Des assassinats, des viols, des pillages, un ignoble officier sudiste : le décor est planté, cela va être violent, sanglant, tragique.

Jouant dès le départ sur un dessin réaliste, hachuré, François Boucq plonge le lecteur dans le grand ouest sauvage.

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O'Boys

O’Boys (3 tomes) – P. Thirault & Steve Cuzor

Dargaud – 180 pages – 29.99 €

La saga de l’Amérique profonde, celle de la crise de 29

Le pitch : Deux jeunes hommes désœuvrés dans le Mississipi des années 1930. Un destin qui les lie de façon indéfectible à un détail près : l’un est blanc, l’autre est noir…

Ensemble, ils vont accomplir un fabuleux périple qui deviendra un véritable apprentissage de la vie… Un récit puissant qui restitue l’ambiance de l’Amérique de l’après 1929, celle de Mark Twain ou de Steinbeck sur fond de blues, de prohibition et de racisme !

Mon avis : Les vraies BD d’aventure, avec une réelle toile de fond historique et sociale, qui plus est bardées de références littéraires de qualité, il n’y en a pas beaucoup. En fait, elles sont rarissimes.

Avec O’Boys, cette saga en trois tomes proposées ici en une intégrale qui est en fait un vrai one shot de 180 planches nécessitant plusieurs heures de lecture passionnantes (miam !), je suis tombé sur une de ces raretés.

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O'Boys

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Le pitch vous a déjà bien renseigné sur les tenants et aboutissants de l’album, mais allons plus loin.

Résumons : une aventure dans le sud des U.S., en pleine crise de 29, avec un jeune héros Twainien en diable (son nom : Huck Finn !) accompagné d’un black fan de blues, confronté à la route – ou plutôt au rail – et à la vie de hobos, ces traine-misère qui vivaient d’expédients tout en fuyant la police.

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Sambre T1

Sambre (6 tomes) Yslaire & Balac

Glénat – 288 pages – 6*13.90 €

La saga du romantisme révolutionnaire

Le pitch : Roquevaire, novembre 1847. autour du cercueil d’Hugo, la deuxième génération des Sambre se déchire. Même mort, la malédiction du Patriarche plane au dessus de tous.

Il y a Sarah, la grande fille qui veut achever la guerre des Yeux, l’oeuvre de son père. Bernard, son jeune frère, qui rêve d’un ailleurs. Leur mère, veuve joyeuse qui flirte avec le cousin Guizot… Et puis il y a cette braconnière aux yeux rouges, qui rôde autour de la Bastide et du dernier fils… Entre Bernard et Julie la maudite, c’est le début d’une passion funeste.

Mon avis : Si vous aimez la BD, vous avez forcément croisé, au détour d’une promenade dans une librairie, les couvertures de la série Sambre, créée il y a déjà trente ans (comme le temps passe) par Yslaire et Balac (que l’on connait mieux sous le nom de Yann).

Et vous avez forcément ouvert un des tomes de cette saga, tant l’œil ne peut être que séduit par l’esthétique incroyable, unique, de l’univers d’Yslaire. Mais les avez-vous lus ?

Si ce n’est pas le cas, il n’est pas trop tard pour réparer cet oubli. Il serait dommage de passer à côté d’une œuvre où la forme et le fond sont d’une telle cohérence.

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Sambre T1

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La première qualité de ce splendide récit, la plus évidente, c’est le dessin et la mise en couleur des planches.

Le dessin, c’est le trait semi-naturaliste d’Yslaire, d’une élégance aristocratique, avec des personnages aux longues figures et ces héros dont on ne distingue, ou plutôt qu’on ne retient que le rouge.

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Le sommet des Dieux - T1

Le sommet des dieux (5 tomes) – Jirö Tanigucchi 

Kana – 5* 338 pages – 5*18.00 €

Juste la meilleure saga sur la passion de la montagne !

Le pitch : Dans une petite boutique népalaise, Fukamachi tombe sur un appareil photo qui pourrait bien être celui de George Mallory, le célèbre alpiniste qui fut le premier à essayer de vaincre l’Everest. Mallory disparût avec Andrew Irvine, lors de cette ascension en 1924, sans que l’on puisse savoir s’ils sont parvenus au sommet. Et si c’était seulement lors du chemin du retour qu’ils avaient eu cet accident fatal? Cela changerait l’histoire de l’alpinisme!

C’est sur cette passionnante question que s’ouvre le chemin initiatique de Fukamachi qui sera amené à faire la rencontre de figures hautes en couleurs. Le dépassement de soi, l’aventure, la passion de la montagne sont les leitmotivs de cette formidable aventure signée Jirô Taniguchi !

Mon avis : Le maître Jîro Tanigushi se lance, début 2000, dans l’adaptation en manga (bien que je préfère parler de BD pour évoquer l’oeuvre de Tanigushi, fortement imprégné de culture BD occidentale) du Sommet des dieux, le best-seller japonais de Baku Yumemakura.

A cet instant, certains de ses fans – et dieu sait s’ils sont nombreux de par le monde – ont du être un peu interloqué par son choix. Car si le roman de Yumemakura était alors extrêmement populaire, son cadre était très éloigné de l’univers habituel de Jiro Tanigushi. La haute montagne, l’alpinisme de très haut niveau : rien à voir avec les récits urbains du grand dessinateur.

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Pourtant, quatre ans plus tard, quand Tanigushi achève la création de cette immense fresque sur la montagne et les hommes qui se déploie sur plus de 1 500 planches (!), personne ne peut encore douter : Le sommet des dieux est un chef d’oeuvre, sans doute, en quelque sorte, le Guerre et paix de l’illustrateur !

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Les tours de Bois-Maury

Les tours de Bois-Maury (10 tomes) – Hermann

Glénat ( 10 tomes) – 480 pages – 2*35 €

Une grande épopée moyenâgeuse

Le pitch : Aymar de Bois-Maury poursuit une quête impossible : retrouver le domaine dont on l’a spolié et partir à la recherche de ses origines.

Une décision qui le conduira à un long voyage de par le monde. Des chemins de l’Europe aux terres de Palestine, il affronte moult épreuves et défis avec la ferme conviction qu’il retrouvera un jour le domaine dont on l’a spolié…

Hermann fait de cette série un chef-d’œuvre de narration où la puissance de son dessin conduit le lecteur dans un Moyen Age de sang et de poussière, de chaleur et d’or…*

Mon avis : Un grand scénario classique, pour les passionnés d’aventures au moyen-âge.


♠ Les grandes sagas Policier et Thriller ♠


XIII

XIII (1ère série : 20 tomes) – J. Van Hamme & W. Vance

Dargaud – 960 pages – 20*12 €

Le thriller absolument scotchant : un sommet scénaristique

Le pitch : Un amnésique est recueilli et soigné par un couple de retraités, Abe et Martha. Il a un XIII tatoué sur la clavicule. Le couple est assassiné par deux hommes que XIII tue. Sur l’un d’eux, il trouve une photo le montrant avec une jeune femme…

Un solide gaillard aux allures de baroudeur se retrouve sans nom, sans passé, sans souvenir, dans un lieu inconnu. Son seul début d’indice pour découvrir son identité est un chiffre, XIII, qu’il porte en tatouage. Sa position est d’autant plus inconfortable qu’une bande de tueurs est à ses trousses. De plus, il découvre que de hautes personnalités civiles et militaires s’intéressent à lui.

Ce récit d’espionnage a pour cadre un pays moderne non précisé, mais qui ressemble fort aux États-Unis. La longue traque se poursuit d’un album à l’autre et Jean Van Hamme distille peu à peu les informations sur le passé du héros, qui semble lié à l’histoire récente de son pays. Le trait réaliste et précis de William Vance apporte une crédibilité totale et campe un héros sympathique, attachant et énigmatique à la fois. XIII, la BD culte !

Mon avis : Les dix premiers tomes de la saga constitue sans doute le sommet scénaristique du suspens en BD, un thriller absolument scotchant !

Jean Van Hamme à son sommet.


Largo Winch

Largo Winch (24 tomes) – J. Van Hamme & P. Franck

Dupuis – 960 pages – 99 €

Le talent de Van Hamme pour les récits d’aventure

Le pitch : À vingt-six ans, Largo Winch hérite d’un cartel financier de dix milliards de dollars. Contestataire, séducteur et anticonformiste, on l’appelle « le milliardaire humaniste ». Mais peut-on garder les mains propres à la tête d’un tel empire ?

Entre femmes aux charmes meurtriers et banquiers trompeusement complices, entre combinaisons financières et trafics douteux, Largo Winch rend coup pour coup. Parfois à la limite de la légalité.

Mon avis : Une saga tellement moderne à sa sortie qu’elle a suscité, non seulement une adaptation au cinéma, mais d’innombrables copieurs et suiveurs !

Impossible de passer à côté de Jean Van Hamme : scénariste star de la BD « réaliste », au même titre que René Goscinny restera le scénariste phare de la BD d’humour, il est l’auteur d’au moins trois séries phares et au long cours. Mais Largo Winch restera la première dans l’ordre chronologique, et sans doute la plus chère à son cœur.

Elle sera en effet, avant qu’il ne l’adapte en BD, une série de six romans d’aventure mettant en scène ce jeune homme, devenu l’homme le plus riche du monde grâce à une adoption qui va lui attirer énormément de pouvoir.. et d’ennuis.

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Largo Winch - T1 L'héritier & T2 Le groupe W

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Les deux premiers volumes de la série forment un diptyque et doivent être lus à la suite l’un de l’autre… ce que le lecteur fera, de toute façon, car l’ensemble est absolument fascinant, un tourne page magistral, tel que les cours de BD devraient en montrer plus souvent !

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Choc (3 tomes) – Stéphan Coleman & Eric Maltaite

Dargaud – 264 pages – 3*16.50 €

Un spin off fascinant sur un des meilleurs méchants de la BD

Le pitch : Par une matinée glacée de février 1955, le manoir de Knightgrave devient la propriété du marquis Di Magglio, un mystérieux et richissime acquéreur que nul n’a jamais vu. Et pour cause : sous le patronyme du marquis Di Magglio se cache en réalité le non moins mystérieux M. Choc, empereur du crime, aussi redouté qu’insaisissable.

À quel plan retors songe-t-il, en achetant cette propriété ? Quelle machination est-il en train de mettre en place ? À moins qu’il ne soit en train d’accomplir un voeu connu de lui seul – et dont nous allons découvrir, par un habile jeu de flash-back, les tenants et les aboutissants. Car c’est bien dans le passé de M. Choc que ce récit va nous plonger..

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Choc - Les fantômes de Knightgrave

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Mon avis : Tous les amateurs de BD belge connaissent Tif et Tondu, dont les nombreuses aventures inventées et dessinées par Rosy et Will ont illuminé le journal Spirou.

Le méchant de la série, c’était Choc, un personnage étrange en smoking et à la tête recouverte d’un heaume.

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Choc - Les fantômes de Knightgrave

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Aujourd’hui, Colman et Maltaite (qui est le fils de Will !) reprennent le mythe Choc… pour en faire quelque chose de totalement différent. De bien mieux !

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 Blacksad Intégrale

Blacksad (6 tomes) –Diaz Canales & Guarnido

Dargaud – 370 pages – 90.00 €

Philip Marlowe en félin ? Chat y ressemble pas mal !

Le pitch : Attention chef-d’oeuvre ! L’histoire d’un privé qui veut venger son ex-fiancée assassinée, rappelle celle des grands maîtres du polar le plus noir.

Cette tragédie classique transfigurée par un dessin sublime, d’une Maestria époustouflante, qui fait de ce polar l’une des plus grande surprise de l’année.

Mon avis : 1er tome de la série BlacksadQuelque part entre les ombres sort en novembre 2000. Dès sa parution, Blacksad est un événement. Son succès auprès du grand public est évident et il ira en grandissant tout au long des quinze années suivantes, avec un rythme de publication très lent (un album tous les quatre ou cinq ans).

Si vous n’avez pas encore mis votre nez – et surtout votre œil ! – dans la série, quels arguments puis-je trouver pour vous en donner l’envie ?

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Blacksad - Quelque part entre les ombres

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En fait, c’est très simple : l’entreprise Blacksad est un concept mûrement réfléchi par les auteurs, avec une recette parfaitement dosée et appliquée avec une rigueur impeccable.

Premier ingrédient : une grosse louche d’anthropomorphisme. Tous les personnages sont des animaux, se comportant comme des humains.

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Blacksad - Quelque part entre les ombres

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Blast - Grasse carcasse

Blast (4 tomes) – Manu Larcenet 

Dargaud – 816 pages – 45.00 € (Intégrale)

Une saga inoubliable sur la folie la plus dark

Le pitch : Je pèse lourd. Des tonnes. Alliage écrasant de lard et d’espoirs défaits, je bute sur chaque pierre du chemin. Je tombe et me relève, et tombe encore.

Je pèse lourd, ancré au sol, écrasé de pesanteur. Atlas aberrant, je traîne le monde derrière moi. Je pèse lourd. Pire qu’un cheval de trait. Pire qu’un char d’assaut. Je pèse lourd et pourtant, parfois, je vole.

Mon avis : BLAST est un OVNI qui plane dans le ciel de la BD française depuis 2009, un roman graphique hors norme, 800 planches en quatre volumes sur six ans. Une somme.

On la doit à Manu Larcenet, le dessinateur à succès de la série Le retour à la terre (scénario de Ferri) puis, en tant qu’auteur complet, de la formidable série Le combat ordinaire.

Blast - Grasse carcasse

Un Larcenet dont le style, très reconnaissable, petits personnages très crobardés, avec des planches aux toutes petites cases et aux couleurs vives, est ici complètement modifié.

Explosé, devrais-je dire, car BLAST, ce sont des planches avec de grandes cases (parfois un dessin unique), en noir et blanc, à l’aquarelle.*

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Il était une fois en France

Il était une fois en France – Fabien Nury & Sylvain Vallée

Glénat – 376 pages – 49.00 €

Une grande saga historique sur un personnage épouvantable et fascinant

Le pitch : Orphelin. Immigré. Ferrailleur. Milliardaire. Collabo. Résistant. Criminel pour certains, héros pour d’autres… Joseph Joanovici fut tout cela et bien plus encore.

De 2007 à 2012, Fabien Nury et Sylvain Vallée ont raconté le destin hors-norme de ce personnage à travers une formidable saga historique, adulée par la critique et le public : récompensée par de nombreux prix dont celui de la Meilleure Série à Angoulême en 2012 et vendue à plus d’un million d’exemplaires.

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Il était une fois en France

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Mon avis : Il était une fois en France est une saga unique dans l’histoire de la BD pour adultes. 6 tomes (réunis ici en intégrale) et 360 planches pour raconter la vie d’un personnage qui a réellement existé; un biopic, dirait-on aujourd’hui dans le cinéma. 6 tomes pour décrire la trajectoire d’un monstre, un monstre ordinaire comme seules les périodes les plus tragiques de l’histoire peuvent en secréter.

Un monstre, car à suivre pendant toute sa vie Joseph Joanovici, on ne peut être que confondu devant la noirceur absolu de son âme. Un homme égocentré à l’extrême, cupide, méchant, borné, capable de sacrifier famille et amis sur l’autel de sa propre survie. Un juif qui collabore avec les nazis et envoie ses congénères dans les camps, quelle abomination !

Un homme qui, jamais, jamais, n’esquisse le moindre geste pour tenter de se racheter.

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Il était une fois en France

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Tyler Cross

Tyler Cross (3 tomes) – Nury & Brüno

Dargaud – 3*100 pages – 3*17.00 €

Le héros ? L’anti-héros parfait. Un truand, un vrai de vrai. Un dur de dur.

Le pitch : Tyler Cross vient de braquer 17 kilos d’héroïne pure appartenant à la Mafia. Il a 20 dollars en poche, un fusil à pompe, un Colt à la ceinture, et il est à pied, seul, au fin fond du Texas.

Direction Black Rock, un bled paumé sous la coupe d’un magnat du pétrole et de ses fils. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les péquenauds de Black Rock se souviendront longtemps du passage du gangster dans leur ville !

Mon avis : Fabien Nury, c’est le scénariste de la superbe série Il était une fois en France. Autant dire : une référence. C’est donc avec un a priori favorable que je me suis penché sur le premier volume de son dernier bébé, ce petit malin de Tyler Cross.

Et je ne l’ai pas regretté une seconde. Tyler Cross, c’est l’anti-héros parfait. Un truand, un vrai de vrai. Un dur de dur. Mais un beau mec viril, charismatique. Et avec, tout au fond, deux ou trois traces de valeurs morales.

Tyler Cross

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Jack Wolfgang

Jack Wolfgang (3 tomes) – S. Desberg & N. Reculé

Le lombard – 192 pages – 3*14.00 €

Pas de doute : le loup est un loup pour l’homme !

Le pitch : Depuis le moyen âge, les hommes et les animaux ont appris à se parler. Et depuis l’invention du super méga tofu, les herbivores et les carnivores ont appris à ne plus se manger.

Jack Wolfgang, célèbre critique gastronomique, et par ailleurs un des meilleurs espions de la CIA, parcourt un monde dangereux, où la paix est aussi fragile que ses talents de loup sont redoutables.

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Jack Wolfgang

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Mon avis : Une série de trois aventures (que je critique ici en une seule fois, sous couvert du premier tome, l’intégrale n’étant pas encore disponible) qui se déroule dans un monde anthropomorphique, où les animaux se comportent comme des êtres humains.

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Jack Wolfgang

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Sauf que, se démarquant des grands classiques du genre comme Blacksad, Desberg a donné un fondement « scientifique » à son monde, dans une introduction que l’on retrouve à chaque début d’album et que je trouve brillante et assez géniale (je vous laisse la découvrir).

 

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♠ Les grandes sagas SF et fantastique ♠


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Watchmen (6 tomes) – Alan Moore & Dave Gibbons

Urban Comics – 464 pages – 35 €

Le chef-d’œuvre inoubliable d’Alan Moore

Le pich : Quand le comédien, justicier au service du gouvernement, se fait défenestrer, son ancien allié, Rorschach, mène l’enquête. Il reprend rapidement contact avec d’autres héros à la retraite dont le Dr Manhattan, surhomme qui a modifié le cours de l’histoire.

Alors qu’une guerre nucléaire couve entre les USA et l’URSS, tous s’interrogent : qui nous gardera de nos Gardiens ?

Mon avis : Heureux mortels : vous avez l’occasion de pouvoir acheter l’édition intégrale de Watchmen, pour un prix ridicule au regard du temps que vous y allé y passer et du plaisir , infini, que vous allez en retirer !

Quand je dis l’occasion, c’est parce que cela n’a pas toujours été le cas, depuis la création de la BD en 1986 : souvent épuisée, parfois malmenée. Mais Urban Comics a repris les choses en main et, voilà : heureux mortels !

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Watchmen, le chef-d’oeuvre absolu du comic américain.

Une histoire de super-héros, allez-vous me dire, un chef-d’oeuvre ? Et je vous répondrais sans barguigner (j’adore ce mot !) : bien plus qu’une histoire de super-héros, mais réellement un chef-d’oeuvre ! Je peux vous certifier que peu d’œuvres littéraires, tous genres confondus, ont atteint un tel niveau d’intérêt au cours du dernier demi-siècle…

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Coffret Les Ogres-Dieux

Les Ogres-Dieux (4 tomes) – Hubert & Bertrand Gatignol

Editions Soleil – 500 pages – 74.95 €

Une saga exceptionnelle en noir et blanc… et surtout en très noir !

Exceptionnel coffret regroupant les trois tomes de la saga des Ogres-Dieux, chef-d’œuvre de la BD française contemporaine. Un cadeau fabuleux pour les amateurs de contes fantastiques et de graphismes exceptionnels.

Vous trouverez ci-après, la critique du premier album, Petit.

Les Ogres-Dieux - Petit

 

Le pitch :  Petit est le fils du Roi-Ogre. A peine plus grand qu’un simple humain, il porte sur lui le signe de la dégénérescence familiale qui rend chaque génération plus petite que la précédente à force de consanguinité.

Son père veut sa mort mais sa mère, qui voit en lui la possible régénération de la famille puisqu’il pourrait s’accoupler à une humaine tel que le fit jadis le Fondateur de la lignée, le confie à sa tante Desdée, la plus ancienne d’entre eux. Déshonorée en raison de son amour pour les humains, elle vit recluse dans une partie de l’immense château. Seulement voilà, contrairement au souhait de sa mère, elle tentera d’élever Petit à l’inverse des murs familiales…

Tiraillé entre les pulsions violentes dont il a hérité et l’éducation humaniste qu’il a reçue de Desdée, Petit trouvera-t-il sa place ? Et survivra-t-il à l’appétit vorace de sa famille ?

Mon avis : Petit, c’est le premier tome du diptyque Les Ogres-Dieux. Un titre tout à fait adapté à l’histoire, mais qui reflète bien mal l’album et l’entreprise qu’il représente, car ce titre est tout simplement GÉANT !

Géant par la taille : l’ouvrage publié par les Editions Soleil (chapeau bas, messieurs !) est une des plus belles réussites de la BD de ces dernières année. un album lourd, si lourd qu’il en est impressionnant (et dont le prix élevé – 28 € – est pour une fois parfaitement justifié).

Les Ogres-Dieux T1 - Petit

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Couverture très épaisse, plus de 150 pages imprimées sur un papier à l’épais grammage avec un soin méticuleux en bichromie absolue (à l’exception des intertitres) : que du noir et blanc, avec des contrastes phénoménaux.

Géant par le contenu car cette histoire est celle de la race des géants qui, à un moment, sont apparus pour dominer le monde puis, peu à peu, ont perdu de leur superbe. Un conte de fées pour adultes – seulement pour adultes, attention ! – qui va plonger le lecteur, hypnotisé, au cœur d’une histoire comme il en lisait étant enfant. Terrible, effrayante.

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Civil War

Civil War (6 tomes) – Mark Millar 

Panini comics – 1 500 pages – 6*32 €

La saga de super-héros qui ne prend pas ses lecteurs pour des gamins illettrés

Le pitch : L’univers Marvel est en train de changer. Suite à une terrible tragédie, le congrès des Etats-Unis propose que les surhumains dévoilent leur identité officielle en se démasquant devant les membres du gouvernement.

Les plus grands champions de la nation sont divisés. Ils doivent prendre chacun cette décision en leur âme et conscience, une décision qui pourrait bouleverser à jamais le cours de leur existence.

Mon avis : Le Civil War de Mark Millar est remarquable à plus d’un titre.

Le premier, c’est son ambition scénaristique, avec une histoire qui déborde largement le cadre « ado » de l’univers Marvel, avec l’ambition clairement affichée de toucher un public plus adulte par le biais d’une réflexion multiple sur des sujets politiques très actuels.

Le second c’est son ampleur : 1 500 planches serrées, bourrées de rebondissement, vous en avez pour un paquet d’heures avant d’arriver au bout de votre lecture !

Le troisième, c’est la qualité des graphismes, parmi les plus réussis de ces dernières décennies.


Les 5 terres 01: « De toutes mes forces »

Les 5 terres (6 tomes) – Lewelyn & Jérôme Lereculey

Delcourt – 340 pages – 6*15.00 €

Une saga de fantasy anthropomorphique qui fait penser au trône de fer 

Le pitch : Ce n’est un secret pour personne : le vieux roi Cyrus, héros de la bataille de Drakhenor, est mourant. Son neveu Hirus, jeune tigre brutal et ambitieux, et successeur désigné du roi, rêve d’imposer sa loi au reste des 5 Terres.

Mais comme toujours chez les félins, rien n’est simple, et le trône est l’objet de toutes les convoitises, tandis que dans les royaumes voisins, on observe la situation, prêt à fondre sur Angleon au moindre faux pas…

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Les 5 terres 01: « De toutes mes forces »

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Mon avis : Difficile d’échapper à la belle couverture énigmatique du premier tome de Les 5 terres, avec ses deux tigres anthropomorphes sur fond sombre.

En ouvrant l’album, le lecteur tombe sur une double page de garde où s’étend une carte du monde des 5 terres. Impossible de ne pas y voir un reflet des 7 royaumes de Game of thrones !

Telle est en effet l’ambition un peu démesurée de l’entreprise entamée par les éditions Delcourt : développer sur 30 albums (!) – publiés à raison de deux volumes par an – une saga mêlant les destinées de cinq dynasties régnantes s’affrontant pour la domination des 5 terres.

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Les 5 terres 01: « De toutes mes forces »

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Shi T1 - Au commencement était la colère...

Shi (4 tomes) – Zidrou & José Homs

Dargaud – 224 pages – 4*13.99 €

Capitalisme triomphant et fantastique oriental *

Le pitch : Pour cacher un scandale qui pourrait nuire à la prestigieuse Exposition universelle, le cadavre d’un nourrisson est enterré dans les jardins du lieu qui accueille cet événement.

Deux femmes, une noble anglaise et une Japonaise, la mère de l’enfant, partent en croisade contre l’Empire britannique pour élucider ce crime. Entre société secrète et manipulation corruptrice, les deux jeunes femmes que rien ne lie vont s’unir pour exposer la face cachée d’une machination infernale.

Mon avis : Le problème, avec la BD act s albums réalisés en « one shot » où l’histoire est bouclée en un seul épisode, la plupart des récits se déroulent sur plusieurs tomes.Alors, quand vous tombez dès sa sortie sur le premier volume d’une saga qui démarre et qui vous enchante, c’est une frustration totale. La frustration du lecteur de BD, tatatam !

Malheureusement – ou heureusement ! -, c’est ce qui m’est arrivé avec le premier album de Shi. Pourtant, l’éditeur (Dargaud, que je retrouve vraiment souvent en signature des albums qui comptent en ce moment) m’avait bien prévenu puisqu’en quatrième de couverture, il est mentionné : « Un premier cycle en 4 tomes ».*

 

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Aaargh ! Mais que cela ne vous empêche pas de vous lancer sur la trace de Shi, il serait vraiment trop dommage d’attendre plusieurs années !

Mais pourquoi Shi, me direz-vous ? (A ce propos, c’est le seul ratage de cet entreprise : le titre est nul, rien que pour la prononciation, si vous voyez ce que je veux dire…).

Parce qu’il y a deux excellents capitaines à bord ! Zidrou est aux commandes du scénario, et c’est un gage de qualité. L’auteur de La lumière de Bornéo, le Spirou & Fantasio paru en 2016, il s’éclate visiblement ici dans une histoire en flash-back, une plongée en 1851 dans le Londres victorien de l’exposition universelle.*

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Peter Pan - L'intégrale

Peter Pan (6 tomes) – Loisel

Vents d’ouest – 336 pages – 59 €

Un mythe revisité par Régis Loisel : un choc entre réalité et fantastique

Le pitch : La création est un acte délicat. Elle l’est plus encore lorsqu’il s’agit de donner une nouvelle vie à un personnage aussi mythique que Peter Pan. Régis Loisel s’est pourtant attelé à la tâche avec grâce et humilité, mêlant ainsi les ambiances féeriques et lumineuses de James Matthew Barrie aux atmosphères londoniennes sombres mais romantiques de Dickens. Non content de s’approprier avec brio un classique de la littérature, Loisel fit entrer le lecteur ébahi dans les méandres tourmentés de la psychologie humaine, maniant avec honnêteté des notions délicates et taboues, comme la maternité non assumée, la violence des enfants, la vengeance, le complexe d’Œdipe…

«Mon album est à la croisée de toutes les enfances et son histoire recueille cette substance merveilleuse, alchimie du rêve et de la réalité qui s’envole sans que nous le voulions quand nous devenons grands. Il y a de la magie, de la poésie mais aussi énormément de souffrance et de cruauté dans ce monde là…» Régis Loisel

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Peter Pan - L'intégrale

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Mon avis : Revisiter un des mythes les plus connus et puissants de l’histoire littéraire : voilà le défi que s’est lancé Régis Loisel en 1990 en entamant l’incroyable adaptation du Peter Pan de J.M. Barrie.

15 ans et 320 planches plus tard, l’auteur bouclait son entreprise après avoir tenu en haleine des centaines de milliers de lecteurs. Le résultat de ce travail de titan ? Une œuvre hors norme, fascinante, discutable et discutée encore aujourd’hui.*

Peter Pan


Grandville

Grandville (5 tomes) – Bryan Talbot

Milady – 600 pages – 5*20 €

Une saga steampunk d’une folle inventivité graphique et scénaristique

Le pitch : Dans le Paris de la Belle Epoque, l’inspecteur LeBrock de Scotland Yard est sur la piste d’un mystérieux assassin.

Inspiré par le travail du caricaturiste français du XIX e siècle JJ Grandville et l’illustrateur de science-fiction Robida – sans parler de sir Arthur Conan Doyle, Rupert l’Ours et Quentin Tarantino -, Bryan Talbot fait une fois encore la preuve de son immense talent.

Mon avis : Quand Grandville est sorti, en 2010, cela m’a fait un choc.

Rien que de soulever la couverture épaisse aux graphismes magnifiques steampunk et de tomber sur une première planche extraordinaire, une seule image, entièrement jaune d’or, avec des reliefs obtenus grâce à une technique que je ne connaissais pas… waouh ! Et la suite était tout aussi impressionnante !

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Grandville

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C’en était suivi une centaine de planches d’une enquête absolument passionnante, dans un monde uchronique fascinant dominé par des animaux. Un monde situé de nos jours, mais où c’est Napoléon qui a gagné la guerre, a créé un empire européen et coupé la tête des rois anglais, peuple qui est ensuite entré en résistance sauvage pour obtenir son indépendance…

Et tout au long de l’album, toujours cette technique graphique unique…

Près de dix ans plus tard, à la énième lecture, Grandville est toujours un choc. Que j’aimerais absolument vous faire partager.

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Grandville

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Azimut - Les aventuriers du temps perdu

Azimut (5 tomes) – J.B. Andréae & W. Lupano 

Vents d’ouest – 240 pages –  5*13.90 €

Comme si Salvador Dali s’était éclaté dans une saga BD !

Le pitch : Quelque part dans le vaste capharnaüm des mondes possibles, il en existe un où, plus qu’ailleurs, on reste profondément outré par l’idée de la vieillesse et de son issue tragique : la mort. Mais a-t-on la possibilité d’y échapper ? Ailleurs peut-être pas, mais dans ce monde-là, il est permis de le penser. C’est en tout cas la théorie du vieux professeur Aristide Breloquinte, qui occupe son temps à étudier les caprices du temps à bord du Laps, son navire-laboratoire. C’est aussi l’avis de la belle Manie Ganza, qui semble convaincue que le temps, c’est de l’argent, et même des espèces sonnantes et trébuchantes.

Chimère ! Diront certains. Non-sens diront les autres. Et puisqu’on parle de non-sens, signalons tout de même ce fait étrange : depuis quelques temps déjà, on a perdu le pôle nord. Ça n’a probablement rien à voir. Ou alors, c’est tout l’inverse.

En compagnie d’une myriade de personnages fantastiques que n’aurait pas reniés Lewis Carroll, embarquez pour un fabuleux voyage qui vous emmènera tout autant dans les sphères éthérées de l’imagination qu’au coeur des préoccupations existentielles humaines.

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Mon avis : Lupano : une des nouvelles stars de la BD française, un scénariste à l’imagination délirante et à l’humour souvent complètement déjanté.

Son problème : rencontrer un dessinateur à la hauteur de son talent. Cela n’a pas toujours été le cas, mais avec la série Azimut, c’est bingo !

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Jean-Baptiste Andréae possède un style immédiatement reconnaissable, et une technique époustouflante. Un duo de choc pour une nouvelle série, dont le premier tome est paru en 2012 et qui se poursuit jusqu’à ce jour : miam !

Alors voici Les aventuriers du temps perdu, 46 pages absolument magiques, qui vont vous embarquer dans une aventure hors du temps, c’est le cas de le dire…

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Le château des étoiles (5 tomes) – Alex Alice

Rue de Sèvres – 320 pages – 5*14.00 €

Une saga merveilleuse digne d’un roman futuriste du XIX° siècle

Le pitch : A la fin du XIXe siècle, la communauté scientifique pense l’espace fait d’éther, qui, utilisée comme énergie, permettrait d’explorer le ciel.

1868, Marie Dulac, scientifique qui a consacré sa vie à la recherche de l’éther, s’élève en montgolfière pour ce qui doit être le vol du succès : elle atteindra l’éther… mais personne ne pourra en attester, elle ne survivra pas au vol. Seuls son mari, également professeur, et son fils Séraphin, restent détenteurs de ses recherches et de son savoir.

Un an plus tard, Séraphin et son père reçoivent une mystérieuse lettre faisant allusion au carnet de la mère de Séraphin les invitant au château du roi de Bavière. Celui-ci, fou ou visionnaire, financera les recherches sur l’éther. En parallèle, Bismark, prince de la Prusse voisine, fera tout pour placer le royaume de Bavière sous sa tutelle.

Mon avis : Très souvent, c’est la 4ème de couverture qui donne envie au lecteur d’en savoir plus et à fouiller à l’intérieur… Mais parfois, plus rarement (souvent pour une BD), l’œil est attiré par une couverture de livre singulière : un dessin, des couleurs, une mise en page singulières, qui poussent le lecteur à l’affût à tourner la page – enfin… la couverture – et à s’intéresser au contenu.

C’est le cas du Château des étoiles.

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les Chevaliers de Mars

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Regardez cette couverture dessinée « à l’ancienne », avec une mise en page steampunk qui fait expressément référence aux livres d’aventures de la fin du XIX° siècle.

Habillée de couleurs pastels dont la douceur tranche avec la quasi totalité de ce que propose habituellement le marché littéraire (deux mots qui, je tiens à le préciser, n’ont rien d’antinomiques…) : n’est-elle pas intrigante ? Ne donne-t-elle pas envie d’en voir plus ? Oui ? Eh bien vous avez raison, suivez votre instinct (et mon conseil !) : tournez la couverture ! Vous plongerez alors dans une drôle d’oeuvre d’art…

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Fables

Fables (10 tomes) – B. Willingham & I. Medina

Urban comics – 4 500 pages – 10*29 €

La série fantasy ultime par sa richesse et son ampleur

Le pitch : Chassés de leurs royaumes par l’Adversaire, les Fables trouvent refuge dans notre monde et établissent leur communauté au coeur même de New York.

Cependant, aux antipodes du conte de fées, Rose Rouge, la soeur de Blanche Neige, aurait été assassinée, et c’est à Bigby, shérif de Fableville et Grand Méchant Loup repenti, de résoudre l’affaire. Deux suspects se détachent : Barbe Bleue, ex-amant de la jeune victime et serial killer compulsif, et Jack, bon à rien débonnaire, tout juste descendu de son haricot magique.

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Fables

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Mon avis : L’idée de départ de cette saga est tout simplement géniale : et si les personnages des fables de notre enfance existaient vraiment… et dans notre monde ?

Encore faut-il tenir la distance, et il faut bien admettre que – presque – jusqu’au bout des 4 500 pages de cette incroyable épopée, les auteurs y parviennent, et haut la main !

Pour les amateurs de fantasy, un passage par la case Fables – une série dans la grande tradition du meilleur du comics à l’américaine – est tout simplement indispensable.


Le grand mort

Le Grand Mort (8 tomes) – Régis Loisel & Vincent Mallié

Vents d’ouest – 512 pages – 2*45 €

Le vent du fantastique dans une série un peu mystique 

Le pitch : Tout avait été prévu pour que ce soit une semaine studieuse ! Pauvre Pauline ! Elle comptait se mettre au vert pour préparer sa maîtrise de sciences éco… La nuit recouvre la forêt bretonne et la « deuch » vient de tomber en panne d’essence juste devant chez Erwan, à 20 kilomètres de tout village.

Erwan est un métis du genre placide. Solitaire, il vit simplement, entouré d’objets étranges. Il propose à Pauline de partager sa soupe et de l’héberger pour la nuit… Contrainte par les circonstances, elle finit par accepter… Tandis qu’elle mange, il parcourt un vieux grimoire traitant du « petit peuple »… Elle ricane de ces sornettes. Elle ignore, alors, que cette rencontre sera pour elle le point de départ vers un autre univers, un autre espace-temps, où toute sa vie et ses principes vont basculer…

Les conséquences de cette aventure seront des plus surprenantes pour elle, pour son entourage, voire pour l’humanité…

Mon avis : Pendant des années, je suis passé à côté de cette série en huit volumes, fasciné par le titre, sans oser me lancer. Le grand mort… Qu’est-ce que cela pouvait bien dire ?

Peut-être intimidé par ce mystère (pourtant tout relatif, dès la dernière planche du premier tome, on a compris), je ne suis pas allez plus loin. Heureusement, j’ai fini par vaincre ma timidité et je ne peux que regretter d’avoir attendu si longtemps car cette saga initiée par Loisel et Mallié est un vraie réussite : elle ne ressemble à aucune autre.

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Le grand Mort - Larmes d'abeille

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Dès le premier tome, on plonge dans l’atmosphère un peu délétère d’un voyage au fin fond de nulle part, avec deux personnages principaux.

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La caste des méta-barons

La caste des méta-barons – A. Jordorowsky & J. Gimenez

Les Humanoïdes associés – 530 pages – 49.00 €

Une grande saga de SF destinée aux adultes

Le pitch : Une grande saga de space opera où Jodorowsky et Gimenez nous racontent, génération par génération, l’évolution d’une caste d’invincibles guerriers, ancêtres du Méta-Baron.

Depuis des siècles, les Castaka exploitent seuls la planète Marmola, grâce au secret de l’épiphyte, une huile antigravitationnelle qui leur permet de manipuler le marbre comme s’il ne pesait rien. Lorsque l’existence de l’épiphyte est dévoilée à la galaxie, c’en est fini de la tranquillité de la famille. L’histoire des Méta-Barons va commencer, dans le sang, la mort et la trahison.

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La caste des méta-barons

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Mon avis : une des grandes sagas scénarisées par Jodorowsky, au côté de (notamment) l‘Incal et de Bouncer.

L’ensemble est particulièrement brillant, mais la série ne s’adresse qu’aux adultes car l’hémogobline et autres manières séminales coulent à flots !…


Lanfeust de Troy:

Lanfeust de Troy (8 tomes) – Arleston & Tarquin

Soleil – 496 pages – 130 €

Comme si les Monty Python s’étaient lancé dans l’héroïc fantasy !

Le pitch :  Dans le monde de Troy où chacun possède un pouvoir, Lanfeust, un apprenti forgeron peut fondre le métal. Il connaît une vie paisible jusqu’au jour où il découvre qu’au contact d’une épée, il peut posséder le pouvoir absolu ! Accompagné du vieux sage Nicolède et de ses deux filles, Cyan et Cixi, il est emporté dans un tourbillon d’aventures au cours desquelles il va se lier d’amitié avec la plus dangereuse des créatures, le troll Hébus ! De son petit village de Glinin à la ville éternelle d’Eckmul, en passant par les lointaines baronnies, suivez Lanfeust dans sa fabuleuse quête qui décidera du sort de Troy !

Créé en 1994 par Christophe Arleston et Didier Tarquin, Lanfeust de Troy est devenu en moins d’une décennie un incontournable de l’heroic fantasy en BD, mêlant avec talent humour et aventure. Cette indispensable intégrale est complétée par l’Encyclopédie Anarchique du Monde de Troy.

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Lanfeust de Troy.

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Mon avis : Lanfeust de Troy est, à ma connaissance, un exemple unique dans la BD de saga de fantasy plongée dans le bain de l’humour le plus absurde (l’équivalent romanesque est probablement la saga de Terry Pratchett, Les annales du disque-monde).

Graphiquement au top, Didier Tarquin arrive à rendre son dessin tout autant héroïque que drolatique. Une performance incroyable !

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Lanfeust de Troy.

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La saga, destinée vraiment aux lecteurs de 7 à 77 ans, aura tant de succès qu’elle sera décliné en une multitude de suites (Lanfeust des étoiles) et de dérivées (Gnomes de Troy), toutes étonnamment réussies.


Walking Dead

Walking dead (15 tomes) – R. Kirkman & C. Adlard 

Delcourt – 15*304 pages – 15*24.95 € 

LA saga sur les zombies, tout simplement

Le pitch : Le monde tel que nous le connaissions n’existe plus. La Terre, ravagée par une mystérieuse épidémie, est devenue un cimetière à ciel ouvert. Pire, les morts errent à la recherche des derniers humains pour s’en repaître. Parmi les survivants, Rick, policier, se réveille d’un long coma pour découvrir ce que son monde est devenu. Le choc passé, il doit apprendre à survivre…

Impossible d’échapper au phénomène Walking Dead ! Laissez vous prendre avec la première intégrale regroupant les 21 premiers tomes de la série.

Mon avis : Parler d’une BD aussi longue, adaptée en série TV (tout aussi longue), voilà une gageure que je tente, même si je ne vais pas y passer la journée. Pour ceux qui n’ont jamais lu ou vu, ni l’une, ni l’autre (il y en a) : vous êtes donc un néophyte, sans trop d’a priori, comme moi en 2009, quand j’ai commencé à acheter les volumes de la série.

Chez Delcourt, format intermédiaire (16*25), papier médiocre, entièrement en noir et blanc, 140 planches par tome, prix très élevé pour un format de ce type (14.95 € en 2019), plus raisonnable en passant par les volumes « intégrales ».

Walking Dead

Si vous n’aimez pas le fantastique, et encore moins les zombies et le gore : passez tout de suite votre chemin ! Vous risquez, au mieux, de vomir tripes et boyaux. Si ce préalable ne vous a pas dégoutté : laissez tomber vos a priori, et tentez votre chance !

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Walking Dead

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Oui, c’est une histoire de zombies, oui, c’est ultra-violent… mais cette histoire d’hommes et de femmes tentant de rester en vie dans un environnement totalement hostile (des millions d’hommes devenus des morts-vivants et des survivants humains prêts à tout pour sauver leur peau) est beaucoup plus subtile qu’il n’y parait.

Vous découvrirez rapidement qu’au delà du suspense, cette aventure est une parabole sur l’Humanité (avec un grand H) comme vous en aurez peu lu.

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Letter 44

Letter 44 (6 tomes) – Charles Soule & Alberto J. Alburquerque

Glénat – 960 pages – 6*16.95 € 

Le chef-d’oeuvre de la SF hard science en BD comics

Le pitch : Dure journée pour Stephen Blades, le 44e président des États-Unis. Au premier jour de son investiture son prédécesseur, Francis T. Carroll, lui laisse un courrier qui va changer non seulement son propre destin, mais très probablement la face du monde. Depuis 7 ans, la Nasa a détecté une construction extraterrestre sur la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter. Mais la rencontre du troisième type n a pas encore eu lieu.

Dans l’expectative de devoir combattre une invasion d’outre-espace et de pouvoir défendre l’humanité, Carroll a envoyé les troupes américaines sur tous les fronts, inlassablement, ce qui l’a rendu pour le moins impopulaire. Avait-il finalement raison de préparer la nation au désastre imminent ? Et quel sera le rôle de l’équipage du Clarke, le vaisseau d’observation envoyé vers l « ennemi » voici trois ans déjà ?.

Mon avis : Recette : prenez une grande série TV innovante comme 24 h chrono, construite sur un rythme et un découpage infernal, avec une course perpétuelle contre la montre. Déplacez là dans le futur, et en partie dans l’espace. Transposez là en BD. Faites bouillir sur plus de 1 000 pages…

Et vous obtenez Letter 44.

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Letter 44

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Rien moins que la meilleure série comics de SF depuis… depuis quand, en fait ? Depuis toujours, peut-être…

Là, je sens que vous vous dîtes : il n’exagère pas un peu, le lecteur compulsif, emporté par un enthousiasme juvénile qui ne sied guère à son grand âge ? Eh bien, franchement, je ne crois pas.

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♠ Les autres grandes sagas ♠


L'arabe du futur T1

L’arabe du futur (5 tomes) – Riad Sattouf 

Allary éditions –   940 pages – 115 € au total

La jeunesse de Riad Sattouf : quel talent autobiographique !

Le pitch : Né en 1978 d’un père syrien et d’une mère bretonne, Riad Sattouf grandit d’abord à Tripoli, en Libye, où son père vient d’être nommé professeur. Issu d’un milieu pauvre, féru de politique et obsédé par le panarabisme, Abdel-Razak Sattouf élève son fils Riad dans le culte des grands dictateurs arabes, symboles de modernité et de puissance virile.

En 1984, la famille déménage en Syrie et rejoint le berceau des Sattouf, un petit village près de Homs. Malmené par ses cousins (il est blond, cela n’aide pas…), le jeune Riad découvre la rudesse de la vie paysanne traditionnelle. Son père, lui, n’a qu’une idée en tête : que son fils Riad aille à l’école syrienne et devienne un Arabe moderne et éduqué, un Arabe du futur.

Mon avis : Le premier tome d’un époustouflant roman graphique. Il s’agit de l’autobiographie de Riad Sattouf, auteur, illustrateur, réalisateur, connu notamment pour sa BD Pascal Brutal. Il tient désormais également une page hebdomadaire dans l’Obs (Les cahiers d’Esther) avec un succès grandissant.

Ce roman est une plongée tout à la fois drôle, nostalgique et parfois très dure dans le Moyen-Orient des années 80. C’est, en quelque sorte, le pendant libyen (premier tome) et syrien (deuxième tome) du roman graphique de Marjane Satrapi Persépolis qui se déroule en Iran exactement à la même époque.

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L'arabe du futur T1

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Le style graphique de Riad Sattouf, très BD belge (donc sans aucun réalisme) est immédiatement reconnaissable.

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Cité 14 - Saison 1 - Intégrale

Cité 14 (8 tomes) – P. Gabus & R. Reutimann 

Les humanoïdes associés – 658 pages  – 2*29.90 €

Une saga qui ne ressemble à rien, tout simplement…

Le pitch : Cité 14 : une mégalopole labyrinthique où cohabitent humains, animaux et extraterrestres, une Tour de Babel décadente dans laquelle macèrent luxe et anarchie, abondance et crime.

C’est dans ce grouillement urbain incessant qu’un étrange personnage, Michel, un éléphant fraîchement débarqué d’un bateau d’immigrants, pose son sac, le temps d’être pris malencontreusement au milieu d’une fusillade…

Avec Hector, un journaliste opiniâtre, il ne va pas tarder à former un duo de choc, pour le compte d’un journal à sensations. Comme si la Cité 14 pouvait livrer ses vrais secrets ou se laisser enfermer dans les colonnes d’une feuille de chou !

Mon avis : En 2007, les éditions Paquet lancent un projet courageux et original : publier une série proposée chaque mois par l’intermédiaire d’un petit fascicule de 22 planches à la couverture souple, correspondant à un épisode, vendu 1 €. Cette série, en noir et blanc, était prévue se dérouler en deux ou trois «  »saisons » de 12 épisodes.

Malgré la qualité manifeste (je dirais pour ma part exceptionnelle) de ce « feuilleton » réalisé grâce au talent de scénariste de Pierre Gabus et la performance graphique de Romuald Reutiman (je ne sais pas si vous saisissez la performance remarquable : dessiner 22 planches par mois !), l’expérience tourna court, les ventes étant insuffisantes.

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Cité 14 - Saison 1*

Heureusement pour les lecteurs, le projet fut repris par Les humanoïdes associés (merci à eux !). En 2011, l’éditeur republia la première saison en 4 tomes regroupant chacun 3 épisodes. Une édition sous une couverture semi souple, en couleur, au format très agréable à lire (20*27), qui permit aux auteurs de se lancer dans une seconde saison encore plus ambitieuse .

Toute cela pour vous expliquer à quel point cette bande dessinée, unique dans sa conception, l’est également dans sa réalisation. Couronnée en 2012 à Angoulême comme meilleure série de l’année, Cité 14 accéda alors à une reconnaissance méritée, sans atteindre à la notoriété et au succès commercial qu’elle méritait.

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Magasin général - L'intégrale T1

Magasin général (9 tomes) Loisel & Tripp

Casterman – 760 pages – 3*29 €

Une saga pleine d’humanité au fond du Québec d’autrefois

Le pitch : L’histoire de Magasin général se déroule dans un village du Québec rural à partir du début des années 40.

Elle gravite autour d’un personnage féminin, Marie, veuve avant l’heure et héritière du principal commerce local (le « Magasin général » qui donne son titre au récit), que l’irruption d’un étranger dans la petite communauté va progressivement réconcilier avec le bonheur ; bonheur d’aimer, bonheur d’être aimé(e), mais pas exactement de la manière que l’on pourrait imaginer…

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Magasin général - Intégrale T1 à 3

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Mon avis : En 2006, Régis Loisel, le créateur fameux français des séries La quête de l’oiseau du temps et Peter pan, installé alors à Montréal, entame avec Jean-Louis Tripp la création de cette série destinée, dans un premier temps, à occuper trois albums.

Compte tenu de la très grande richesse du scénario développé mais aussi du succès considérable des premiers albums, les deux auteurs iront finalement bien au delà puisque, huit ans plus tard, ils clôtureront l’histoire avec le 9ème album !

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Magasin général - Intégrale T1 à 3

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Magasin général restera certainement dans l’histoire de la BD pour la manière particulièrement originale employée par les deux artistes pour travailler ensemble.

En effet, la série est une vraie entreprise à quatre mains, au propre comme au figuré : les deux sont crédités pour le scénario mais aussi pour les graphismes.

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Le combat ordinaire

Le combat ordinaire (4 tomes) – Larcenet

Dargaud – 232 pages – 39.90 €

Lorsque Larcenet se fait triste et tendre, cela donne juste ça…

Le pitch :  Jeune photographe de guerre, Marco a vu trop d’horreurs. Ecœuré, il se retire du monde, avec son chat, pour essayer de se reconstruire. Sur cette trame fort simple, Manu Larcenet tisse quelques-unes des plus belles pages de la bande dessinée de ces dix dernières années.

Une réflexion unique sur le passage à l’âge adulte, l’acceptation de soi et notre rapport au monde.

Mon avis : 2003, c’est l’année ou Manu Larcenet, l’auteur de ce Combat ordinaire a fait sa mue.

Le dessinateur plein de vitalité, de qualités, qui grattouillait, de mieux en mieux, à Fluide Glacial puis, en duo avec le scénariste Jean-Yves Ferri sur la série Retour à la terre (grand succès de librairie), est sorti de sa chrysalide pour devenir un grand auteur. Tout court. En solo. Fin de la métaphore animale .

Je vous propose de saisir, d’un coup, grâce à l’édition d’une intégrale reprenant en un seul volume les quatre tomes de ce récit, toute la dimension de ce chef-d’oeuvre de la BD.

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Le combat ordinaire

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Aya de Yopougon (6 tomes) – M. Abouet & C. Oubrerie

Gallimard Jeunesse –  760 pages – 2*37 €

Une tragi-comédie africaine splendidement colorée 

Le pitch : Côte d’Ivoire, fin des années 1970. Aya, dix-neuf ans, vit à Yopougon, un quartier populaire d’Abidjan rebaptisé Yop City, « pour faire comme dans les films américains ». Aya a décidé de devenir médecin et d’éviter la fameuse « série C »: Couture, Coiffure et Chasse au mari.

Ses amies Bintou et Adjoua, elles, s’y voient déjà et ne pensent qu’à déjouer l’attention paternelle pour passer leurs soirées au Ça va chauffer et leurs nuits à « l’hôtel aux mille étoiles »…

Avec une voix et un humour inédits, Aya raconte une Afrique bien vivante, loin des clichés.

Mon avis : Comment ça, vous ne connaissez pas Aya ? Aya de Yopougon ? Non ? Incroyable !

Pourtant, votre œil a déjà dû être attiré par les couvertures aux couleurs éclatantes des six gros tomes de la série, pour cette BD qui tient d’ailleurs plus du roman graphique…

Mais si ce n’est pas le cas, c’est le moment de rattraper le temps perdu, car la série est désormais terminée, et Gallimard Jeunesse a la bonne idée de la publier dans une très belle intégrale en deux volumes.

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La couleur, les lumières de l’Afrique noire c’est ce qui saute aux yeux du lecteur dès qu’il ouvre le premier tome de cette très longue histoire (760 planches).

Mais, très vite, on plonge dans cette chronique au quotidien de la vie de très nombreux personnages qui, dans les années 70, naviguent entre traditions et modernité.

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  1. jean-yves LE FOURNIS dit :

    N ‘oubliez pas la saga Djinn de Ana Mirallès.Merci.