[Idées lecture] Les plus grands romans sur la guerre

Posté le 15 mars 2021, par letournepage, dans Le coin cadeau

 

Les guerres – et plus particulièrement les deux guerres mondiales – ont, de tout temps, inspiré les auteurs. Normal : ces périodes terribles rassemblent en condensé tous les sentiments, toutes les qualités et les défauts de l’être humain.

Certains de ces récits laissent parler simplement les faits : raconter l’horreur, c’est combattre la guerre par l’exemple. D’autres, avec beaucoup de subtilité, tentent d’accéder à la psychologie des acteurs de ces drames.

Quoiqu’il en soit, la Guerre – avec un horrible grand G – a inspiré nombre de grands romans, et parfois de véritables chefs-d’œuvre.

Je vous propose ici, regroupés par conflit,  une sélection d’une trentaine de livres qui ont marqué, à une époque lointaine ou parfois très récente, l’histoire de la littérature et que j’ai critiqué sur le site. Vous ne sortirez pas indemne de leur lecture…

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Les romans de guerre : la mort au bout du canon

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La 1ère guerre mondiale


A l'ouest rien de nouveau

A l’ouest rien de nouveau – Erich Maria Remarque

Le livre de poche – 224 pages – 6.10 €

Le pitch : « Quand nous partons, nous ne sommes que de vulgaires soldats, maussades ou de bonne humeur et, quand nous arrivons dans la zone où commence le front, nous sommes devenus des hommes-bêtes ? »

Témoignage d’un simple soldat allemand de la guerre de 1914-1918, À l’ouest rien de nouveau, roman pacifiste, réaliste et bouleversant, connut, dès sa parution en 1928, un succès mondial retentissant. Il reste l’un des ouvrages les plus forts dans la dénonciation de la monstruosité de la guerre

Mon avis : S’il n’y a qu’une oeuvre à lire sur l’horreur de la Première Guerre mondiale, c’est bien celui-là.

Immerger le lecteur dans les tranchées, le nez dans la boue et les oreilles saturées par la fureur des obus et de la mitraille, c’est la méthode que Erich Maria Remarque a choisi pour lui faire comprendre ce qu’est réellement la guerre (Pierre Lemaître, avec Au revoir là-haut, a tenté il y a peu de reproduire l’opération, avec beaucoup moins de spontanéité et de réussite).

En cela, ce roman est d’une modernité absolue, imité tant de fois par la suite dans son principe (le pendant de ce roman pour la Seconde Guerre mondiale est la série Band of brothers produite par Steven Spielberg).

L’écriture est sèche, factuelle, l’auteur ne porte aucun jugement direct : il constate. 250 pages, et on a tout compris.

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La chambre des officiers

La chambre des officiers – Marc  Dugain

Pocket – 170 pages – 5.50 €

Le pitch : En 1914, tout sourit à Adrien, ingénieur officier. Mais, au début de la guerre, lors d’une reconnaissance sur les bords de la Meuse, un éclat d’obus le défigure. En un instant, il est devenu un monstre, une « gueule cassée ». Adrien ne connaîtra ni l’horreur des tranchées ni la boue, le froid, la peur ou les rats. Transféré au Val-de-Grâce, il rejoint une chambre réservée aux officiers. Une pièce sans miroir où l’on ne se voit que dans le regard des autres.

Il y restera cinq ans. Cinq ans entre parenthèses. Cinq ans pour penser à l’avenir, à l’après-guerre, à Clémence qui l’a connu avec son visage d’ange. Cinq ans à nouer des amitiés déterminantes pour le reste de son existence…

Mon avis : Comme j’ai pu le dire par ailleurs, Marc Dugain est un des leaders indiscutables de la littérature française actuelle, sa seule limite tenant à la qualité variable de son inspiration. Sa prose est toujours d’une finesse et d’une subtilité rares, d’une très grande lisibilité même pour les lecteurs les plus novices (beaucoup de dialogues, des phrases simples).

Cela n’a jamais été aussi manifeste que dans ce roman, son premier, qui le projeta tardivement sur le devant de la scène (cette oeuvre a reçu de multiples prix aussi significatifs que le prix des libraires ou celui des deux magots) au tournant du siècle, alors qu’il atteignait la quarantaine.

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Les croix de bois

Les croix de bois – Roland Dorgelès

Le livre de poche – 284 pages – 5.90 €

Le pitch : Dès 1914, Roland Dorgelès (1886-1973), alors jeune journaliste, s’engage dans l’infanterie. Cette expérience marque son entrée en littérature. Considéré comme son chef-d’oeuvre, Les croix de bois lui valent en 1919 le prix Femina.

Dans un style sans fioritures, le roman retrace le quotidien de Gilbert Demachy, un étudiant plein d’illusions qui a rejoint le 39e régiment d’infanterie. En restituant la réalité des tranchées – les attaques, les bombardements, les échanges entre camarades dont beaucoup finiront le long d’une route sous une simple croix de bois -, ce récit aux accents de farce macabre dépeint la « boucherie » dont naquit le XXe siècle.

Mon avis : Quant on évoque les grands romans de guerre, impossible de ne pas citer Les croix de bois, de Roland Dorgelès.

Publié juste après la fin de la première guerre mondiale, alors que l’auteur s’est inspiré de toutes les notes qu’il a prise durant le conflit, il s’agit, à mon avis, du roman le plus marquant consacré à « la grande guerre », au côté de A l’ouest, rien de nouveau, d’Erich Marcia Remarque.

Pourtant, aujourd’hui, on lit sans doute moins Les croix de bois qu’il y a un demi-siècle. Pour quelle raison ? Peut-être parce que, pour un lecteur du XXI°, l’œuvre de Dorgelès est un peu plus difficile à lire que pour les lecteurs nés deux générations plus tôt.

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Pas si calme

Pas si calme – Helen Zenna Smith

10/18 – 216 pages – 7.50 €

Le pitch : Pas si calme relate l’épopée quotidienne de six jeunes Anglaises engagées volontaires dans le service ambulancier pendant la guerre de 14. Leur mission : recueillir les corps martyrisés des morts et des blessés, transporter les survivants souvent abominablement mutilés ou hurlant de douleur, jusqu’aux hôpitaux qui pour beaucoup seront leur dernière demeure. Ces  » glorieuses filles d’Angleterre  » vont découvrir la géographie de l’Enfer, ce que l’on appelle la  » zone interdite « , un désert labouré d’obus qui sépare les tranchées de l’arrière.

Au terme de chaque voyage macabre dans le froid et dans la nuit, de nouvelles épreuves les attendent : les corvées de caserne les plus rebutantes, les nuits sans sommeil, l’insalubrité, l’invasion de la vermine, la plus innommable des pitances militaires.

Mon avis : Les grands romans sur le drame de la première guerre mondiale, tout le monde les connait. Je n’en citerai que deux, pour moi parmi les plus remarquables : La chambre des officiers, de Marc Dugain, et A l’ouest rien de nouveau, d’Erich Maria Remarque.

Des romans d’homme, narrant l’horreur des tranchées et la souffrance des hommes. Mais de romans de femmes, auteures, racontant la guerre des femmes, et les souffrances des femmes ? Jusqu’à la semaine dernière, je n’en connaissais pas, je n’en avais jamais lu.

Mais, désormais, c’est fait, j’ai découvert Pas si calme, qui restera dans ma mémoire à côté du roman de Remarque, par sa puissance d’évocation, et son terrible pessimisme sur la nature humaine. Des romans de fin du monde.

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Au revoir là haut

Au revoir là-haut – Pierre Lemaitre

Le livre de poche – 624 pages – 8.70 €

Le pitch :  » Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d’avantages, même après  » Sur les ruines du plus grand carnage du XXe siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu’amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts…

Fresque d’une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d’évocation, Au revoir là-haut est le grand roman de l’après-guerre de 14, de l’illusion de l’armistice, de l’État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l’abomination érigée en vertu.

Mon avis : Prix Goncourt 2014.

J’ai suffisamment râlé ces dernières années sur une série de prix Goncourt de médiocre qualité, oubliant les principes élémentaires du roman pour faire la part belle à la littérature de nombril, là où l’auteur trempe sa plume pour écrire des odes à sa propre gloire, pour ne pas saluer la décision prise par le jury présidé par Bernard Pivot : enfin un Goncourt couronnant un roman, un vrai, et un roman populaire !

A cette occasion, Pierre Lemaître sort du petit ghetto que représente toujours la littérature policière pour certains esprits germanopratins, et s’évade vers la Littérature avec un grand L.

Son grand mérite, disons-le tout net, est son ambition. Brasser l’air malsain de la première guerre mondiale, ce n’est pas facile et… pas forcement vendeur (quoique… La chambre des officiers est là pour prouver qu’un sujet difficile peut rencontrer le succès).

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Un long dimanche fiançailles

Un long dimanche de fiançailles – Sébastien Japrisot

Folio – 374 pages – 8.50 €

Le pitch : Cinq soldats français condamnés à mort en conseil de guerre, aux bras liés dans le dos. Cinq soldats qu’on a jetés dans la neige de Picardie, un soir de janvier 1917, devant la tranchée ennemie, pour qu’on les tue. Toute une nuit et tout un jour, ils ont tenté de survivre. Le plus jeune était un Bleuet, il n’avait pas vingt ans.

À l’autre bout de la France, la paix venue, Mathilde veut savoir la vérité sur cette ignominie. Elle a vingt ans elle aussi, elle est plus désarmée que quiconque, mais elle aimait le Bleuet d’un amour à l’épreuve de tout, elle va se battre pour le retrouver, mort ou vivant, dans le labyrinthe où elle l’a perdu.

Mon avis : Prix Interallié 1991.

Sébastien Japrisot est un auteur qui aura toujours vécu entre deux mondes. c’est avec Un long dimanche de fiançailles qu’il est parvenu pour une fois à concilier le tout, et qu’il en a été récompensé de la meilleure façon : succès critique, récompense prestigieuse et gros tirage, adaptation au cinéma tout aussi appréciée; et tout cela est vraiment mérité.

Sur un sujet grave, les « veuves blanches » de la Première guerre mondiale (repris, par exemple, par le film La vie et rien d’autres, de Bertrand Tavernier), Sébastien Japrisot construit l’histoire d’un destin, celui d’une femme admirable qui, sans faiblir, cherche pendant des années l’homme que la guerre lui a prit.

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Le Pavillon des combattantes

Le pavillon des combattantes – Emma Donoghue

Les presses de la cité – 336 pages – 21.00 €

Le pitch : 1918. Trois jours à Dublin, ravagé par la guerre et une terrible épidémie. Trois jours aux côtés de Julia Power, infirmière dans un service réservé aux femmes enceintes touchées par la maladie. Partout, la confusion règne, et le gouvernement semble impuissant à protéger sa population. À l’aube de ses 30 ans, alors qu’à l’hôpital on manque de tout, Julia se retrouve seule pour gérer ses patientes en quarantaine. Elle ne dispose que de l’aide d’une jeune orpheline bénévole, Bridie Sweeney, et des rares mais précieux conseils du Dr Kathleen Lynn – membre du Sinn Féin recherchée par la police.

Dans une salle exiguë où les âmes comme les corps sont mis à nu, toutes les trois s’acharnent dans leur défi à la mort, tandis que leurs patientes tentent de conserver les forces nécessaires pour donner la vie. Un huis clos intense et fiévreux dont Julia sortira transformée, ébranlée dans ses certitudes et ses repères.

Mon avis : Il y a une paire d’années, j’avais découvert avec admiration et effroi Pas si calme, le terrible récit d’Helen Zenna Smith, journaliste racontant (comme un roman) les souvenirs d’une infirmière anglaise sur le front de l’est, en 1917.

Des mémoires terrifiantes qui rendaient un hommage saisissant à ces femmes dont on ne parle jamais, celles qui, durant les terribles conflits armés du XX° siècle, se sont battues au péril de leur vie – non pas avec des armes mais avec leur courage et leurs outils de survie – au côté des militaires pour sauver leurs compatriotes blessés au combat.

Avec Le pavillon des combattantes, j’ai eu l’impression de découvrir, en quelque sorte, une autre facette de la période; toute aussi terrible, et tout aussi réconfortante dans son humanité.

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Les Âmes grises

Les âmes grises – Philippe Claudel

Le livre de poche – 286 pages – 6.90 €

Le pitch : Une jeune enfant est retrouvée morte, assassinée sur les berges engourdies par le gel d’un petit cours d’eau. Nous sommes en hiver 1917. C’est la Grande Guerre. La boucherie méthodique. On ne la voit jamais mais elle est là, comme un monstre caché. Que l’on tue des fillettes, ou que des hommes meurent par milliers, il n’est rien de plus tragiquement humain.
Qui a tué Belle de Jour ? Le procureur, solitaire et glacé, le petit Breton déserteur, ou un maraudeur de passage ?

Des années plus tard, le policier qui a mené l’enquête, raconte toutes ces vies interrompues : Belle de jour, Lysia l’institutrice, le médecin des pauvres mort de faim, le calvaire du petit Breton… Il écrit avec maladresse, peur et respect. Lui aussi a son secret.

Mon avis : Prix des Lectrices de Elle 2004 et Prix Renaudot 2003.

Philippe Claudel est un des grands romanciers français contemporains. Avec Les âmes grises et Le rapport de Brodeck, il est parvenu à brosser, en deux romans, le portrait d’une France profonde du temps passé.

Un France grise, complexe, douloureuse, la France rurale d’avant le progrès, bien avant les avancées sociales du front populaire puis des trente glorieuses.

Les âmes grises est un grand roman naturaliste, formidablement bien écrit, où grâce à la plume d’une extrême précision de Philippe Claudel, on sent le froid du fond des bois au petit matin, la peur, la méchanceté et la petitesse d’une partie de la population rurale, celle qui subit les avanies de la guerre.

C’est terrible, d’une violence psychologique souvent terrifiante, mais incroyablement prenant. Indispensable.


 

Le grand amant

Le grand amant – Dan Simmons

Hélios – 184 pages – 10.00 €

Le pitch : James Edwin Rooke est un jeune poète envoyé au front pendant la Première Guerre Mondiale. A travers son journal, on découvre un homme face à la grande boucherie de l’histoire, ses peurs, ses doutes, son effroi…

Un homme qui dans les pires moments découvre à ses côtés une dame splendide et mystérieuse… Qui est-elle ? Et sa simple présence l’aidera-t-elle à surmonter son désespoir ?

Mon avis : Dan Simmons, grande figure du roman de SF (Hypérion, L’échiquier du mal, Ilium) et du fantastique (Terreur, Nuit d’été), consacre un court roman à la première guerre mondiale.

Le grand amant est un des plus importants textes sur la guerre, probablement l’équivalent en impression ressentie par le lecteur à A l’ouest rien de nouveau, de Remarque.

C’est une terrifiante plongée dans le quotidien d’un soldat et poète qui flirte littéralement avec la mort, cette dame qui surgit avant et après les engagements militaires innombrables dont il sort vivant à chaque fois, improbable vainqueur d’un destin mortel qui se refuse à lui.

Démonstration par overdose de réalisme de l’absurdité et de l’horreur de la guerre, charge incroyablement violente contre la bêtise humaine, Le grand amant est aussi, par moment, un étrange texte lyrique où surgissent, par bribe, des bribes des poèmes du personnage principal.

Un texte aussi peu connu qu’indispensable !


Les Harlem Hellfighters

Les Harlem Hellfighters – Max Brooks

Editions Pierre de Taillac – 200 pages – 14.90 €

Le pitch : »Harlem Hellfighters », tel est le nom qui fut donné aux soldats afro-américains du 369e régiment d’infanterie. C’est en raison de leur courage que les allemands les surnommèrent les « combattants de l’enfer ». Décorés par la France pour leur bravoure, ces new-yorkais furent ignorés par leur pays, et leur héroïsme fut bientôt oublié…

Jusqu’à ce que Max Brooks fasse revivre leur histoire dans ce stupéfiant roman graphique.

Mon avis : Pour les amateurs de fantastique/horreur, Max Brooks (le fils de Mel) restera toujours comme l’auteur de World War Z, le récit très étonnant et très réussi de la guerre mondiale des humains contre les zombies.

Mais Max Brooks est capable de sortir de ce genre connoté, pour s’investir durant cinq ans (il en fait le récit dans la postface de l’album)  dans une narration historique.

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Cette histoire, c’est celle des Harlem Hellfighters, ce régiment d’américains de couleur (à l’époque, on les interpellait dans le sud des Etats-Unis avec le terme de « negro ») qui se distingua à la fin de la première guerre mondiale en France et en Allemagne par son courage extraordinaire.

Associé à Caanan White (le nom ne s’invente pas !) pour les dessins de toute beauté dans leur noirceur, à l’encre, sans mise en couleurs, Brooks raconte sur plus de deux cents planches le parcours terrible de ses soldats.

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La 2ème guerre mondiale


L'armée des ombres

L’armée des ombres – Joseph Kessel

Pocket – 253 pages – 5.50 €

Le pitch : Londres, 1943, Joseph Kessel écrit L’Armée des ombres, le roman-symbole de la Résistance que l’auteur présente ainsi :

 » La France n’a plus de pain, de vin, de feu. Mais surtout elle n’a plus de lois. La désobéissance civique, la rébellion individuelle ou organisée sont devenues devoirs envers la patrie. (…)

Jamais la France n’a fait guerre plus haute et plus belle que celle des caves où s’impriment ses journaux libres, des terrains nocturnes et des criques secrètes où elle reçoit ses amis libres et d’où partent ses enfants libres, des cellules de torture où malgré les tenailles, les épingles rougies au feu et les os broyés, des Français meurent en hommes libres. Tout ce qu’on va lire ici a été vécu par des gens de France. « 

Mon avis : Joseph Kessel était un très grand écrivain. C’était aussi, avant tout peut-être, un immense journaliste. Ce fut aussi un » homme de terrain », n’hésitant jamais à se coltiner avec les dangers de la vie réelle, dans les contrées les plus lointaines et les plus dangereuses. Et un homme de conviction, qui en fit un grand résistant durant la seconde guerre mondial.

Voilà pourquoi L’armée des ombres (sous la couverture admirable de l’édition poche chez Pocket) est un chef-d’oeuvre qui restera dans l’histoire de la littérature.

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Suite française

Suite française – Irène Némirovsky

Folio – 576 pages – 10.50 €

Le pitch : Ecrit dans le feu de l’Histoire, Suite française dépeint presque en direct l’Exode de juin 1940, qui brassa dans un désordre tragique des familles françaises de toute sorte, des plus huppées aux plus modestes. Avec bonheur, Irène Némirovsky traque les innombrables petites lâchetés et les fragiles élans de solidarité d’une population en déroute. Cocottes larguées par leur amant, grands bourgeois dégoûtés par la populace, blessés abandonnés dans des fermes engorgent les routes de France bombardées au hasard…

Peu à peu l’ennemi prend possession d’un pays inerte et apeuré. Comme tant d’autres, le village de Bussy est alors contraint d’accueillir des troupes allemandes. Exacerbées par la présence de l’occupant, les tensions sociales et frustrations des habitants se réveillent…

Roman bouleversant, intimiste, implacable, dévoilant avec une extraordinaire lucidité l’âme de chaque Français pendant l’Occupation (enrichi de notes et de la correspondance d’Irène Némirovsky), Suite française ressuscite d’une plume brillante et intuitive un pan à vif de notre mémoire

Mon avis : L’histoire de Suite française est celle d’un miracle littéraire, et d’un miracle tout court.

Irène Némirovsky, immigrée russe parvenue sur le sol français avec sa famille à la fin de la première guerre mondiale, surdouée devenue une immense auteure de l’entre-deux guerres, admirée de tous, est déportée et tuée à Auschwitz en 1942. Le manuscrit inachevé de Suite française, sauvé par miracle de la destruction par ses deux filles, Denise et Élisabeth, dort, inconnu, pendant 70 ans…

Jusqu’à ce que, grâce au travail de décryptage de Denise et la volonté des Editions Denoël, il soit publié en 2004 et rencontre un phénoménal succès en France et à travers le monde, redonnant par la même toute la place que l’on doit à l’oeuvre d’Irène Némirowsky. Incroyable histoire…

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Le pont de la rivière Kwaï

Le pont de la rivière Kwaï – Pierre Boulle

Pocket – 208 pages – 4.90 €

Le pitch : Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Japonais ont mis au travail des milliers de prisonniers anglais pour construire la voie ferrée de Bangkok-Rangoon. Vivant symbole de la tradition britannique, le colonel Nicholson oppose à ses geôliers une résistance stoïque, jusqu’au jour où ceux-ci consentent à respecter les conventions internationales sur les prisonniers de guerre.

Il se met alors à leur service pour édifier un pont d’une importance stratégique capitale. Mais les services spéciaux britanniques ont décidé de tout mettre en oeuvre pour faire obstacle à ce projet…

Qui sortira vainqueur de cette lutte où l’idéal humain du « travail bien fait » s’oppose au patriotisme ?

Mon avis : Quel est l’intérêt de lire Le pont de la rivière Kwaï, quand on a vu une, ou plusieurs fois, le célèbre film de David Lean, car bien sûr, tout le monde l’a vu… ?

Mais pour le plaisir de lire, tout simplement !

Dans un style classique d’une grande sobriété, Pierre Boulle déroule cette histoire incroyable où l’on voit un colonel britannique perdre peu à peu la tête en confondant les priorités : construire un pont à tout prix, y compris les intérêts de son propre pays, alors qu’il n’est qu’un prisonnier exécutant le travail de l’ennemi, pour le plaisir du travail bien fait et pour la démonstration de la supériorité de la race anglaise sur la Japonaise.

Un glissement progressif dans une sorte de folie, tout à fait glaçante par sa crédibilité.

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La mort est mon métier

La mort est mon métier – Robert Merle

Folio – 384 pages – 8.50 €

Le pitch : «Le Reichsführer Himmler bougea la tête, et le bas de son visage s’éclaira…

– Le Führer, dit-il d’une voix nette, a ordonné la solution définitive du problème juif en Europe. Il fit une pause et ajouta :

– Vous avez été choisi pour exécuter cette tâche.

Je le regardai. Il dit sèchement :

– Vous avez l’air effaré. Pourtant, l’idée d’en finir avec les Juifs n’est pas neuve.

Nein, Herr Reichsführer. Je suis seulement étonné que ce soit moi qu’on ait choisi…»

Mon avis : La mort est mon métier est le deuxième roman de Robert Merle consacré à la seconde guerre mondiale.

Trois ans après Week-end à Zuydcott, prix Goncourt 1949, qui racontait de manière très factuelle la vie au quotidien (si ce terme à un sens dans ce contexte) des combattants, ce nouveau roman est rédigé dans une intention totalement différente.

Les pseudo-mémoires d’un allemand, devenu SS, pour finir commandant du camp d’Auschwitz, forment un récit glaçant, sidérant le lecteur car l’auteur ne cherche pas à condamner, il cherche à comprendre.

Comprendre comment un homme comme les autres, a pu devenir ce monstre absolu qui applique des instructions aberrantes et n’en conçoit pour autant aucun remord.

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Les derniers jours de nos pères

Les derniers jours de nos pères – Joël Dicker

Bertrand de Fallois – 456 pages – 8.20 €

Le pitch : Londres, 1940. Soucieux de pallier l’anéantissement de l’armée britannique à Dunkerque, Winston Churchill décide de créer une branche particulière des services secrets, le Special Operations Executive (SOE). Elle lui sera directement rattachée, et chargée de mener des actions de sabotage et de renseignement à l’intérieur des lignes ennemies. Tous ses membres seront issus des populations locales pour être insoupçonnables. Du jamais vu jusqu’alors.

L’existence même du SOE a été longtemps tenue secrète. Soixante-dix ans après les faits, Les Derniers Jours de nos pères est un des premiers romans à en évoquer la création et à revenir sur les véritables relations entre la Résistance et l’Angleterre de Churchill.

Mon avis : Merci à Bertrand de Fallois, « nez » historique de l’édition française, d’avoir accordé à sa chance à Joël Dicker ! Ce jeune Suisse, qui allait devenir avec son second roman La vérité sur l’affaire Harry Quebert le plus important best-seller français de ses vingt dernières années, dévoilait avec ce premier ouvrage une partie des qualités qui allaient lui permettre d’exploser peu après.

Le premier tiers du récit (correspondant à la première des quatre parties du livre) est une vraie réussite. L’installation des nombreux personnages est faite par l’auteur, de manière fort habile, tout le long des mois de formation des jeunes recrues destinées à devenir des membres actifs des services secrets durant la guerre.

La capacité de Joël Dicker à raconter une histoire de manière simple, efficace, est déjà là, bien installée.

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Empire du Soleil – J.G. Ballard 

Folio – 448 pages – 8.40

Le pitch : Le lendemain de Pearl Harbor, les Japonais s’emparent de Shanghai. Dans la panique qui suit la canonnade, Jim, onze ans, est séparé de ses parents. Il est recueilli, peut-être pour des raisons ambiguës, par deux marins américains, puis arrêté avec eux et enfermé dans un camp, à Longhua. Délaissé par ses compatriotes, il est bientôt fasciné par l’occupant japonais et ne comprend pas pourquoi il se retrouve sur les routes pour une marche forcée vers le stade de Nantao.

Là, entouré de cadavres et d’un amoncellement d’objets volés, il verra le grand éclair de la bombe atomique de Nagasaki, et il repartira, seul, dans un paysage de rizières dévastées, jonchées de carcasses et d’épaves, pour se réfugier au camp de Longhua…

Mon avis : Si vous avez déjà entendu parlé de J.G. Ballard, vous savez qu’il s’agit d’un très grand auteur, mondialement connu, plus particulièrement pour ses livres de science-fiction. Mais pas n’importe quel SF : essentiellement des romans « catastrophes ». Un thème récurrent : que deviendrait la Terre si une calamité s’abattait sur elle.

Mon adolescence a ainsi été bercé par ses récits où notre planète est victime d’une montée des eaux due au réchauffement climatique (Le monde englouti), d’une terrible sécheresse (Sécheresse), d’un vent dément (Le vent de nulle part) et ma liste n’est pas exhaustive.  Mais son roman le plus célèbre, c’est Crash !, une histoire à vous glacer le dos…

Si je vous parle de tout cela, c’est pour mieux mettre en perspective ce roman autobiographique très impressionnant qu’est Empire du soleil, que je ne vous résumerais pas, le pitch ci-dessus est là pour ça.

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Les champs d'honneur

Les champs d’honneur – Jean Rouaud

Editions de minuit – 190 pages – 7.00 €

Le pitch : Ils sont morts à quelques semaines d’intervalle : d’abord le père, puis la vieille tante de celui-ci, enfin le grand-père maternel.

Mais cette série funèbre semble n’avoir fait qu’un seul disparu : le narrateur, dont le vide occupe le centre du récit. C’est à la périphérie et à partir d’infimes indices (un dentier, quelques photos, une image pieuse) que se constitue peu à peu une histoire, qui finira par atteindre, par strates successives, l’horizon de l’Histoire majuscule avec sa Grande Guerre, berceau de tous les mystères.

Mon avis : Un prix Goncourt surprise, en 1990, pour le premier roman d’un vendeur de journaux (expérience qu’il racontera ultérieurement dans Le kiosque)… et un vrai petit chef d’oeuvre.

A sa sortie, la critique unanime et les lecteurs – dont je faisais partie ! – ont été saisi par la qualité absolument remarquable du style de l’auteur et, porté par le bouche à oreille, il s’en est vendu plus de 500 000 exemplaires !

C’est un roman avec une forte inspiration autobiographique.

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Le pianiste

Le pianiste – Wladyslaw Szpilman

Pocket – 320 pages – 6.90 €

Le pitch : Septembre 1939 : Varsovie est écrasée sous les bombes allemandes. Avant d’être réduite au silence, la radio nationale réalise sa dernière émission. Les accords du « Nocturne en ut dièse mineur » de Chopin s’élèvent. L’interprète s’appelle Wladyslaw Szpilman. Il est juif. Pour lui, c’est une longue nuit qui commence…

Quand, gelé et affamé, errant de cachette en cachette, il est à un pouce de la mort, apparaît le plus improbable des sauveteurs : un officier allemand, un Juste nommé Wilm Hosenfeld. Hanté par l’atrocité des crimes de son peuple, il protégera et sauvera le pianiste.

Mon avis : Tout le monde, ou presque, a vu, ou connait, le film de Roman Polanski qui a adapté, de manière tout à fait formidable, ce récit totalement autobiographique. Il retrace, avec la précision hallucinante d’un cauchemar, le blocus de Varsovie pendant la seconde guerre mondiale et le calvaire de ses habitants prisonniers d’une nasse mortelle.

Beaucoup moins l’ont lu, ce qui est bien dommage. Ce n’est d’ailleurs qu’en 2010 que je me suis plongé dans ce texte formidable dont il faut rappeler l’incroyable histoire pour apprécier le miracle qu’il y a à pouvoir le lire aujourd’hui.

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Week-end à Zuydcoote

Week-end à Zuydcoote – Robert Merle

Folio – 244 pages – 6.90 €

Le pitch :  » … Enfin, ce qu’on peut dire pour les Anglais, c’est qu’eux au moins, ils embarquent leurs hommes, tandis que du côté français !… En principe, ça se passe à Dunkerque et à Malo, mais jusqu’ici au compte-gouttes et seulement par unités constituées. Il a jouta au bout d’un moment : Ce qui nous exclut, bien entendu.

Il ne se passa rien de notable dans la minute qui suivit. Alexandre avait ses deux grosses mains croisées sur les genoux. Il était penché en avant et il attendait que Maillat eût fini de boire pour prendre son quart et se servir à son tour. Dhéry décroisa ses jambes et les recroisa et cela prit un certain temps, parce que ses cuisses étaient très grosses et qu’elles glissaient difficilement l’une sur l’autre. On ne voyait pas ses yeux derrière ses lunettes. Pierson avait posé son quart à côté de lui à terre. »

La vie d’un groupe de soldats français pris au piège dans la poche de Dunkerque, durant deux jours, après la défaite franco-britannique. *

Mon avis : Prix Goncourt 1949. Premier roman écrit à la sortie de la guerre par Robert Merle, que je considère comme un des maîtres de la littérature française de la seconde partie du XX°.

Avec ce récit quasi documentaire (mais un vrai roman) sur la débâcle de la poche de Dunkerque, il est déjà en pleine possession de son talent, mais aussi de sa technique, avec cette capacité, assez unique, d’ancrer ces personnages dans la complexité de leur humanité en quelques pages.

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Les autres guerres, réelles ou imaginaires


La guerre d’Espagne

 

L'espoir

L’espoir – André Malraux

Folio – 590 pages – 9.70 €

Le pitch : Le pilote continuait son cercle, reprenait l’Alcazar à la tangente ; la bombe était tombée au milieu de la cour. Les obus de l’Alcazar suivaient l’avion, qui repassa, lança la seconde grosse bombe, repartit, s’approcha de nouveau. La main de nouveau dressée de Marcelino ne s’abaissa pas : dans la cour, des draps blancs venaient d’être étendus en toute hâte : l’Alcazar se rendait. Jaime et Pol boxaient de jubilation. Tout l’équipage trépignait dans la carlingue. Au ras des nuages apparut la chasse ennemie.

La guerre d’Espagne vue par Malraux, qui a réalisé aussi, d’après L’Espoir, un des plus grands films de l’histoire du cinéma.


Jamais je n'aurai 20 ans

Jamais je n’aurais 20 ans – Jaime Martin

Dupuis – 120 pages – 24.00 €

Le pitch : 18 juillet 1936 : le jeune gouvernement espagnol des républicains, issu de l’alliance des partis de gauche, est renversé par les troupes du général Franco, plongeant le pays dans trois années de guerre civile puis presque quarante de dictature répressive. Pour Isabel, courageuse couturière, ce sera également le début d’une vie nouvelle, faite de lutte et de résistance. Proche du syndicat anarchiste CNT qu’elle a rejoint quelques mois auparavant, elle va devoir prendre la fuite au côté de son futur mari, Jaime, l’un des leaders de leur cellule locale.

Conté depuis les yeux d’Isabel et Jaime, Jamais Je n’aurai vingt ans est une plongée dans la guerre d’Espagne avec la sensibilité et l’efficacité graphique inhérentes au travail du talentueux auteur ibérique.

Mon avis : Souvent, le choix d’une BD se fait sur sa couverture : on passe devant une table où sont exposées des dizaines d’albums, et un dessin, une composition graphique, des couleurs attirent votre œil et vous vous emparez du volume pour le feuilleter, celui-là plutôt que tous les autres. Avec Jamais je n’aurai 20 ans, c’est ce qui est arrivé.

Je suis tombé en arrêt devant cet album one shot à la couverture rouge framboise, tant cette jeune fille au calot militaire sur une coiffure 30’s, brandissant le point tout en souriant, m’a charmé et intrigué. Bien m’en a pris car, dès que dès les premières pages tournées, je me suis retrouvé plongé dans un récit au scénario d’une qualité très largement supérieure à la moyenne.

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Pour qui sonne le glas

Pour qui sonne le glas – Ernest Hemingway

Folio – 500 pages – 9.10 €

Le pitch : La guerre civile espagnole a inspiré à Ernest Hemingway un de ses plus dramatiques et célèbres romans : Pour gui sonne le glas. Le film qui en a été tiré, et dont Ingrid Bergman et Gary Cooper étaient les héros, étendit encore sa très grande popularité.

Un pont, dans la montagne de Castille, doit sauter; il faut couper la route à l’armée franquiste. Pour cette mission précise, Robert Jordan, jeune Américain enrôlé volontaire dans les rangs républicains, rejoint un groupe de maquisards espagnols parmi lesquels se trouvent deux femmes : la terrible Pilar et la tendre Maria pour laquelle Jordan va immédiatement éprouver une vive passion.

L’amour suspendra le temps, éloignera la solitude et fera oublier la mort.


Les guerres napoléoniennes

 

Guerre et paix

Guerre et paix – Léon Tolstoï

 Archipoche – 1 600 pages (2 tomes) – 19.00 €

Le pitch : Au début du XIXᵉ siècle, Pierre Bézoukhov, fils illégitime héritier d’une grande fortune, et son ami André Bolkonsky, officier tourmenté, évoluent dans une haute société russe francophile et mondaine qui ne tardera pas à être rattrapée par les tourments de la guerre qui s’annonce. Le parcours spirituel et politique de Pierre, comme le trajet militaire d’André, est inséparable du destin contrarié de la Russie : Saint-Pétersbourg et Moscou, la campagne et la ville, la Sibérie et l’Europe…

La Russie est bicéphale, tragiquement clivée par le désir patiné de haine qui l’attache au reste de l’occident. La France et Napoléon sont l’incarnation de cet idéal policé et calculateur : un ennemi mortel que les personnages admireront avant de le combattre.

Au cœur des guerres napoléoniennes qui ravagèrent le vieux continent, Tolstoï tourne les pages d’un roman immortel : l’âme russe.


La bataille

Il neigeait + La bataille – Patrick Rambaud

Le livre de poche – 2*286 pages – 2*7.40 €

Le pitch : De toutes les grandes batailles napoléoniennes, celle d’Essling n’est pas la plus connue. Elle ne fut pas, pourtant, la moins meurtrière : quarante mille morts sur les rives du Danube en deux journées de mai 1809.

La Bataille ne raconte pas une histoire, elle se déploie comme un tableau qui survole tous les mouvements stratégiques des troupes, note les accidents de terrain si importants dans l’issue du combat, brosse le portrait de quelques grandes figures de l’épopée napoléonienne, Lannes, Bessières, Masséna.

La vue d’ensemble n’exclut pas la précision du détail. Il ne manque pas une cartouchière, pas un bouton de guêtre à cette immense armée. La minutie de la reconstitution et le souffle épique qui anime ces pages en font un roman très singulier qui a obtenu le prix Goncourt.

Mon avis :Avec La bataille, Patrick Rambaud a raflé la mise en 1997. Le Goncourt et la reconnaissance du grand public. Mais aussi la révélation d’un fait évident, à la lecture de ce roman historique : Rambaud était fait pour écrire l’histoire, ou de l’histoire ! D’ailleurs, il ne fera plus que ça par la suite, avec un bonheur renouvelé.

Ce roman bref, mais dense (280 pages en format poche), est un récit romancé, minutieux – quasi journalistique, devrais-je dire – de la bataille d’Essling.

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Les guerres américaines

 

Autant en emport le vent – Margaret Mitchell 

Gallimard – 1 222 pages – 30.50 €

Le pitch : « En dépit de vous, de moi et de ce stupide monde qui s’écroule, je vous aime. »

Belle et audacieuse, Scarlett est la fille de riches planteurs d’Atlanta, en Géorgie. À seize ans, elle regarde l’avenir avec autant d’appétit que de confiance. Mais, en ces jours de 1861, la guerre se prépare, une guerre terrible qui va bientôt déchirer le pays, opposant les Sudistes et les Yankees… Fresque historique inégalée sur les tragédies de la guerre de Sécession, Autant en emporte le vent est aussi un roman d’amour dont les héros, Scarlett O’Hara et Rhett Butler, sont entrés dans la galerie des amants légendaires.

Mon avis : Que dire que vous ne sachiez déjà sur Autant en emport le vent ?

Si j’écris cet article, c’est peut-être pour tous les membres de cette immense confrérie d’adeptes fervents du (magnifique, inoubliable) film de Victor Fleming qui n’ont, pour autant, pas lu le chef-d’oeuvre absolu de Margaret Mitchell.

Pour vous convaincre, persuader, si vous en faites partie, de vous jeter sur ce torrent historique et romantique de près de 1 500 pages, récemment publié (en deux tomes) dans une nouvelle traduction par les éditions Gallmeister.

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Des clairons dans l'après-midi

Des clairons dans l’après-midi – Ernest Haycox

Babel – 458 pages – 10.60 €

Le pitch : Dans un coin perdu du Dakota, la jeune Josephine Russel fait la connaissance de l’énigmatique Kern Shafter, aux allures de gentleman, que ronge un lourd secret et un désir de vengeance. Shafter rejoint comme simple soldat le Septième de cavalerie que commande le général Custer.

Histoire d’amour et de vengeance sur fond de la plus célèbre bataille des guerres Indiennes, Little Big Horn, que Haycox retrace avec une extraordinaire lucidité. Un magnifique roman épique et intime, lyrique et précis.

Mon avis : Comme je l’indique par ailleurs sur ce site, Ernest Haycox est un auteur américain ayant vécu très exactement (1899/1950) la première partie du XX° siècle. Après avoir ouvert la porte de sa bibliographie par le chef-d’œuvre Les fugitifs de l’Alder Gulch, j’ai poursuivi ma visite par le tout aussi brillant, attachant et – il faut le dire ! – génial Le passage du Canyon.

Il ne me restait plus, après ces deux expériences uniques, qu’à plonger dans la lecture de son roman consacré à la bataille de Little big horn, sans doute une des deux ou trois tragédies nationales majeures de l’histoire américaine.

Un gros pavé où Haycox délaisse, pour une fois, la vie des chercheurs d’or, trappeurs, fermiers et autres pionniers de la nouvelle frontière, pour s’attacher à la vie de l’armée américaine.

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La guerre civile anglaise

 

Le Général du Roi

Le général du roi – Daphné du Maurier

Le livre de poche – 576 pages – 8.70 €

Le pitch : Au XVIIe siècle, en Angleterre, la guerre civile fait rage et divise les familles. Honor Harris est une jeune fille de l’aristocratie provinciale, rebelle et éprise de liberté, qui espère trouver une âme sœur digne de ses attentes.

Le jour de ses dix-huit ans, elle rencontre lors d’un banquet sir Richard Grenvile, un colonel de l’armée royale. Honor tombe amoureuse de ce bel homme, stratège de génie, amateur de femmes, couvert de dettes mais plein d’ambition. En lui sont réunis les qualités et les vices les plus flamboyants. C’est une évidence : Honor est faite pour lui.

Mais les choses ne sont jamais simples en cette terre de Cornouailles où la tempête est un élément ordinaire de la vie…

Mon avis : Eclipsé par la célébrité mondiale des œuvres adaptées au cinéma par Alfred Hitchcock (RebeccaLes oiseaux), Le général du roi est pourtant un magnifique récit à la fois historique et romantique. Quand les grands destins amoureux plongent dans le maelström des grands chocs de l’histoire, cela donne souvent de grandes choses : la preuve !

Pourtant, ce long récit à la narration à la première personne (c’est l’héroïne, Honor Harris, qui tient la plume) ne sacrifie jamais au spectaculaire, au contraire !

Certains lecteurs pourront même se sentir frustrés par le parti-pris de l’auteure de raconter cette terrible guerre civile (dont le premier volet constitue la toile de fond du roman, appelé souvent la première révolution, de 1642 à 1646) du point de vue d’une femme incapable de se déplacer (je n’en dirais pas plus, pas de spoils !).

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Les autres guerres

 

Le loup des plaines

L’épopée de Gengis Khan (3 tomes) – Conn Iggulden

Pocket – 1 600 pages – 3.950 €

Le pitch : XIIe siècle, entre le lac Baïkal et la Mandchourie, au cœur de l’ Asie centrale. A la mort de Yesugei, khan de la tribu mongole des Loups, l’un de ses guerriers s’empare du pouvoir et abandonne dans l’immensité de la steppe la veuve et ses enfants. Temüdjin, le fils cadet du vieux khan, n’a alors que douze ans mais parvient à survivre avec sa mère et ses frères en se nourrissant du peu que leur concède une terre aride et rude. En compagnie d’une poignée d’hommes bannis comme lui, il multiplie les razzias. Temüdjin ne serait peut-être resté que le chef d’une bande de pillards si une détermination farouche ne l’habitait : venger la mort de son père et, à cette fin, unir toutes les tribus mongoles face aux Tatars.

Dans ce premier volet d’une épopée grandiose, Conn Iggulden relate les jeunes années du futur Gengis Khan, un homme à l’incroyable destin, qui bâtira un empire plus vaste et plus puissant que ceux d’Alexandre et de Jules César.

Mon avis : 1er tome de la trilogie consacrée par Conn Iggulden (qui, contrairement aux apparences, n’est pas scandinave, mais britannique !) à Genghis Khan.

J’avoue m’être lancé dans cette aventure (1 600 pages au total, tout de même !) un peu par hasard, sur la foi d’excellentes critiques, car je ne suis vraiment pas un fan des bio historiques romancées. Bien m’en a pris, car cette saga est peut-être (sans doute) ma meilleure expérience en la matière !

Le plus grand plaisir que l’on ressent, en plongeant dans ce maelström d’aventures narrées avec une intelligence et un sens du détail historique absolument exceptionnels, c’est de découvrir une époque et une civilisation totalement inconnues.

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Petit pays

Petit pays – Gaël Faye

Le livre de poche – 232 pages – 7.90 €

Le pitch : Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l’harmonie familiale s’est disloquée en même temps que son « petit pays », le Burundi, ce bout d’Afrique centrale brutalement malmené par l’Histoire. Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de coeur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d’orage, les jacarandas en fleur…

L’enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.

Mon avis : Petit pays est un petit miracle littéraire, comme il y en a un ou deux par an dans notre vie de lecteur avide de nouveautés, de découvertes, de talents.

Parti de rien, si ce n’est du flair de la maison Grasset, le court roman du jeune Gaël Faye, auteur franco-rwandais, s’est installé doucement  dans le paysage français à la rentrée 2016 pour, au fil des semaines, des mois, devenir un phénomène d’édition.

Des centaines de milliers d’exemplaires vendus grâce au miracle du bouche à oreille, ce phénomène qui distingue, mieux que dans tout autre art, la renommée à une oeuvre qui sort de l’ordinaire.

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La mort du roi Tsongor

La mort du roi Tsongor – Laurent Gaudé

Actes sud – 220 pages – 6.20 €

Le pitch : Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d’un empire immense, s’apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. La guerre éclate : c’est Troie assiégée, c’est Thèbes livrée à la haine.

Le monarque s’éteint , son plus jeune fils s’en va parcourir le continent pour édifier sept tombeaux à l’image de ce que fut le vénéré – et aussi le haïssable – roi Tsongor.*

Mon avis : Avec ce roman couvert de prix (Prix des libraires, Goncourt des lycéens), Laurent Gaudé émergea en 2002 aux yeux étonnés du grand public français, ébahi de découvrir un si grand auteur parmi les siens. Car il faut le dire : Laurent Gaudé est un immense auteur, dans une France contemporaine qui en compte bien peu.

Même s’il semble avoir parfois du mal à renouveler ses thèmes au fil de son oeuvre, La mort du roi Tsongor est certainement son plus beau roman.

Que retenir de ce livre qui ne ressemble à rien d’actuel ? Le style, avant tout. Une prose absolument somptueuse, unique en France (oui, j’insiste…) qui entraîne le lecteur en quelques pages dans un univers fantasmé, composant une sorte de geste antique où l’on retrouve une bonne partie des ressorts et les thèmes de l’Iliade.

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Ecoutez nos défaites – Laurent Gaudé

Actes sud – 280 pages – 7.80 €

Le pitch : Un agent des services de renseignements français gagné par une grande lassitude est chargé de retrouver à Beyrouth un ancien membre des commandos d’élite américains soupçonné de divers trafics. Il croise le chemin d’une archéologue irakienne qui tente de sauver les trésors des musées des villes bombardées.

Les lointaines épopées de héros du passé scandent leurs parcours – le général Grant écrasant les Confédérés, Hannibal marchant sur Rome, Hailé Sélassié se dressant contre l’envahisseur fasciste…

Un roman inquiet et mélancolique qui constate l’inanité de toute conquête et proclame que seules l’humanité et la beauté valent la peine qu’on meure pour elles.

Mon avis : Laurent Gaudé, c’est définitivement ma came. Sans doute, avant tout, pour son style, qui me fait définitivement planer !

Laurent Gaudé possède, depuis son premier roman La mort du roi Tsongor, il y a maintenant quinze ans, le plus beau style de la littérature française contemporaine. Si vous me répondez que ce n’est pas difficile, je vous répondrais que je vous trouve vraiment méchant !…

Prenez le temps de lire les deux premières phrases d’Ecoutez nos défaites, celles qui composent la première page de ce roman d’une tristesse éprouvante (comme souvent chez l’auteur). Deux phrases longues, discursives, aux multiples incises, Gaudé roi et maître de la virgule, rythme lent et régulier… ça y est, vous y êtes ? N’êtes-vous pas déjà très loin, emporté par cette prose hypnotique ? Si ce n’est pas le cas, brisons-là, nous ne pourrons être amis !

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La guerre éternelle

La guerre éternelle – Joe Haldeman

J’ai lu – 384 pages – 8.00 €

Le pitch : Imaginez une guerre si vaste que l’écho des batailles peut mettre plusieurs siècles à parvenir aux oreilles de ceux qui les ont ordonnées… enfin, de leurs descendants, en tout cas. Pour le soldat Mandella, membre de l’une des unités d’élite chargées de combattre les Taurans, le problème est inverse : lorsqu’il revient sur Terre après plusieurs mois de campagne, des décennies se sont écoulées.

Comment continuer à vivre, quand tout ce pour quoi on s’est battu n’existe plus ?

Mon avis : La guerre éternelle a été publié en 1974, après 18 refus d’éditeurs (chose courante pour les grands manuscrits, rassurez-vous !). C’est ce que raconte l’auteur dans une introduction qui explique comment il s’est battu pour publier, puis pour conserver le texte original du roman, qui finira par obtenir en 1976 tous les grands prix littéraires de la SF (Hugo, Nebula, Locus)

Un demi-siècle plus tard, il est fascinant de découvrir à quel point le thème de l’œuvre est universel et intemporel.

Ce que raconte Haldeman, c’est la nature de l’homme, agressive avant tout. La guerre éternelle ne fait pas mentir son titre, c’est vraiment un roman de guerre.*

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