[Idées lecture] Courtes mais bonnes : les meilleurs recueils de nouvelles

Posté le 20 décembre 2021, par letournepage, dans Le coin cadeau

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L’art de l’écriture de la nouvelle est d’un des plus difficiles à maîtriser. Car, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas parce qu’un texte est court qu’il est plus aisé à imaginer et à écrire, tant il suppose – lorsqu’il est bon ! – de subtilité et de précision dans sa rédaction.

Les auteurs de langue anglaise s’y adonnent depuis toujours avec bonheur, au point que les anglo-saxons ont créé plusieurs mots et expressions pour désigner les différents type de textes courts : de la short, short story (pour les récits qui ne dépassent pas quelques paragraphes), à la novella, pour les courts romans pouvant aller jusqu’à la centaine de pages.

Par contre, le genre est vraiment peu considéré en France, pourtant patrie de tant de grands écrivains. Bien sûr, c’est en France qu’à vécu Guy de Maupassant, un des meilleurs spécialistes, mais depuis le XX° siècle le terrain est peu exploré par les auteurs et souvent sous-estimé par les lecteurs. Résultat : dans l’hexagone, les recueils de nouvelles ne font pas partie de la littérature populaire, ils se vendent peu et ce sont les grands lecteurs qui font la plupart du temps les chiffres de vente. Il est donc largement temps d’en faire la promotion !

Voici, pour vous aider, une sélection d’une quarantaine livres consacrés aux nouvelles. Des textes de littérature générale, bien entendu, mais aussi un bon choix de récits relevant de la SF et du fantastique, genre particulièrement propice à ce format. Un choix qui n’a pas vocation, comme toujours sur Le Tourne Page, a être exhaustif (c’est du work in progress). Tous les chefs-d’œuvre du genre n’y sont probablement pas, mais je vous garantie que tous les ouvrages qui en font partie sont excellents !

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La nouvelle : l’art de l’essentiel en littérature

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Littérature générale : les meilleures nouvelles


Contes et nouvelles de Maupassant

Contes et Nouvelles – Guy de Maupassant

Gallimard – 1 824 pages – 32.00 €

Le pitch : En un peu plus de quinze ans, entre 1875 et 1891, Guy de Maupassant (1850-1893), publie dans la presse 300 nouvelles. Le débutant pénètre dans le cercle des écrivains naturalistes ou réalistes. Il se lie d’amitié avec Tourgueniev, devient proche de Zola – « Boule de Suif » paraît dans le recueil Les Soirées de Médan. « Je ne crois pas plus au naturalisme et au réalisme qu’au romantisme. Ces mots à mon sens ne signifient absolument rien et ne servent qu’à des querelles de tempéraments opposés. [.] Soyons des originaux [.], soyons l’Origine de quelque chose – Quoi ? Peu importe pourvu que ce soit beau et que cela ne se rattache pas à une tradition finie ».

Au cours de ces quinze ans, il publie aussi six romans. En dehors de la littérature, il se passionne pour le canotage. Viveur, grand amateur de bordels, bisexuel, fier de ses prouesses dont il fait grand cas, Maupassant est contaminé par la syphilis, sans doute dès l’âge de 23 ans. Il meurt, à 43 ans, de cette maladie que l’on ne sait pas soigner à l’époque, dans la clinique du Dr Blanche. Dans les Contes et Nouvelles, Maupassant a relevé son défi. Être original. L’auteur reste froid, cynique, devant le monde rural ou bourgeois qu’il décrit. Le désespoir est l’affaire des autres.

Mon avis : cet énorme recueil présenté par Gallimard dans sa belle collection Quarto est une merveille. Tout simplement l’intégralité de l’œuvre du Maupassant novelliste, le sommet insurpassé du genre dans la littérature française… et de loin !

Naturaliste parfois – souvent -, Guy de Maupassant met en scène les habitants de la France profonde – une large partie des textes se déroule dans sa Normandie chérie – tout autant que les acteurs de la vie parisienne.

Mais la description au microscope, quasi anthropologique, de ces tranches de vie, prend une dimension supérieure grâce aux sentiments que Maupassant porte à ses personnages : de la tendresse, de la compassion parfois, mais aussi de la colère, du mépris, lorsque leur comportement, tristement et bassement humain, prend le dessus.

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Mr. Ashenden et autres nouvelles – W. Somerset Maugham 

Omnibus – 1 440 pages – 28 €

Le pitch :  les quatre-vingt-douze nouvelles qui forment l’intégrale des nouvelles de Somerset Maugham sont cosmopolites, comme l’était leur auteur.

Elles se passent en Orient, en France, dans l’Europe centrale de l’entre-deux-guerres. La finesse de la peinture psychologique des personnages n’empêche pas l’auteur de déployer son talent de cynisme, d’humour, et sous une apparente légèreté, le portrait de la bourgeoisie anglaise est féroce. Somerset Maugham est, ici, au sommet de son art.

Mon avis : comment vous donner envie de lire Somerset Maugham, si peu (ou si insuffisamment) connu du grand public français ? Peut-être en vous invitant à commencer par ses nouvelles, qui constituent – à mon goût – le sommet de son oeuvre.

Avec cette incomparable édition due au travail d’Omnibus, qui présente sans aucun doute le meilleur qualité prix existant sur le marché du livre, vous avez l’opportunité d’acquérir d’un seul coup d’un seul l’intégralité des quatre recueils formant l’anthologie complète des nouvelles de l’auteur. Cette édition fut pour moi l’occasion de les lire pour la troisième fois, avec toujours autant de plaisir.

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Les gens de Dublin

Les gens de Dublin – James Joyce 

Pocket – 256 pages – 4.80 €

Le pitch : Ceux qui venaient de recevoir, en lisant Ulysse, le choc de la révélation d’une ouvre géniale demeurèrent stupéfaits à la lecture de ces quinze nouvelles, si sages, si classiques, si claires. Ce n’était point encore  » le flux de la conscience  » mais l’exploration intérieure de thèmes et de personnages chers à Joyce, en un livre qui résume les stades de la vie individuelle et collective de la cité de Dublin : l’enfance, l’adolescence, la maturité et la vie publique.

Gens de Dublin, qui constitue une excellente introduction à l’oeuvre de James Joyce est, par lui-même, un des livres les plus importants de la littérature d’imagination en langue anglaise publiés depuis 1900.

Mon avisJames Joyce, pour beaucoup, c’est Ulysse, ou Finnegans wake. Deux œuvres expérimentales dont l’hermétisme du fond et de la forme peut décourager le plus grand nombre.

Pourtant, Joyce fut aussi un auteur d’un grand classicisme, c’est que je vous invite à découvrir à la lecture de ces Gens de Dublin (Dubliners, en anglais). Un recueil de quinze nouvelles écrites dans sa prime jeunesse, puisque sa rédaction fut bouclée avant qu’il n’atteigne l’âge de 25 ans.

Ces nouvelles sont absolument admirables. Leur lecture provoqua chez moi une sorte de sidération proche du syndrome de Stendhal : l’esprit comme paralysé par la richesse de leur contenu et par leur beauté formelle, j’en fus réduit à me dire in petto : c’est formidable, c’est admirable…

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Contes de Noël & Un chant de Noël – Charles Dickens 

Folio classique & Librio – 720 pages & 96 pages – 8.70 € et 2 €

Le pitch (Contes de Noël) : Dans ces cinq contes, Dickens célèbre l’esprit de Noël, le partage et la charité, et dénonce l’injustice sociale qui exclut les pauvres de cette fête. C’est un portrait truculent de la vie quotidienne et une condamnation sans appel de l’exploitation et de la misère. Ce message social, Dickens nous le donne en douceur, par le détour du conte et du fantastique.

Le pitch (Un chant de Noël) : La veille de Noël. tous s’affairent aux préparatifs. Mais, préférant la solitude à ces fêtes joyeuses, Ebenezer Scrooge refuse les invitations. Pour ce vieux grincheux que tous prennent soin d’éviter, Noël se résume à un simple mot : « Sottise ! » Il n’y voit qu’un prétexte pour cacher la misère de cette société et jamais ne s’associera à cette vaste fumisterie. Mais ce soir-là, les esprits de Noël en décident autrement. Plongé malgré lui entre passé, présent et futur, le vieux grippe-sou reçoit une leçon de vie.

Mon avis : Dickens et Noël sont indiciblement liés, il n’est pas envisageable pour un anglo-saxon de passer les fêtes sans évoquer à un moment où à un autre les contes du grand auteur anglais.

Même si, aujourd’hui, certains trouveront que le style de Dickens n’a pas forcément bien traversé le temps (certains disent que c’est un problème de traduction), avec une narration un peu lourde, je vous encourage à redécouvrir ces contes par vous même. Il sont destinés aussi bien aux enfants qu’aux adultes (enfin… ceux qui dissimulent encore en eux une part de l’enfant qu’ils ont été un jour…)

Et comme je suis vraiment gentil (normal, c’est Noël !), je vous donne le choix entre le recueil Folio classique, assez exhaustif, avec cinq très longs contes, une sorte de best of pour pas très cher, et le recueil Librio avec juste l’un de ces cinq contes, mais selon moi le meilleur… et là, c’est donné !


Les neiges du Kilimanjaro

Les neiges du Kilimanjaro – Ernest Hemingway

Folio – 188 pages – 6.90 €

Le pitch : . ils commencèrent à prendre de l’altitude en direction de l’Est, semblait-il ; après quoi, cela s’obscurcit et ils se trouvèrent en pleine tempête, la pluie tellement drue qu’on eût cru voler à travers une cascade, et puis ils en sortirent et Compie tourna la tête et sourit en montrant quelque chose du doigt et là, devant eux, tout ce qu’il pouvait voir, vaste comme le monde, immense, haut et incroyablement blanc dans le soleil, c’était le sommet carré du Kilimandjaro. Et alors il comprit que c’était là qu’il allait.

Mon avis : Ernest Hemingway et l’art de la nouvelle… on ne répétera jamais à quel point de perfection l’auteur américain a porté cet art, entre les deux grandes guerres.

Ce recueil de douze nouvelles en est la manifestation la plus éclatante : deux d’entre elles sont tout simplement inoubliables. Elles ont pour point commun de se dérouler toutes les deux en Afrique et de mettre en scène deux couples en plein safari de chasse.

La première, celle qui ouvre le recueil qui porte son nom, est pour moi une des plus belles de l’histoire de la littérature. En 33 pages, Hemingway parvient à raconter la vie complète d’un homme en train de mourir d’une blessure stupide.

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Le joueur d'échecs

Le joueur d’échec – Stefan Zweig

Le livre de poche – 96 pages – 4.95 €

Le pitch : Stupeur sur le paquebot qui transporte de distingués voyageurs de New York à Buenos Aires ! Un mystérieux « Me B » parvient à l’emporter sur le champion du monde en titre du jeu d’échecs.

D’où lui vient ce talent, lui qui dit n’avoir pas touché un plateau à damiers depuis plus de vingt ans ? Et quels terrifiants souvenirs assombrissent cette victoire ?

Illustration du raffinement de la barbarie nazie, doublée d’une oeuvre de fiction savamment orchestrée, cette nouvelle que Zweig rédige un an avant de se donner la mort, le 22 février 1942, a valeur de témoignage historique.

Mon avis : Question : Le joueur d’échecs est-il une très très longue nouvelle, ou un très très court roman ? Je me garderai bien d’y répondre car le sujet n’a en fait, aucun intérêt : il suffit juste de savoir que le texte est court, mais qu’il est quasiment parfait, tant dans sa forme que sur le fond, et qu’il a marqué d’une pierre blanche l’histoire de la littérature .

Houlà ! Que voilà une belle déclaration, un rien emphatique, non ? Eh bien pas du tout. J’ai lu cette nouvelle (allez : optons pour le terme nouvelle, pour la clarté de l’exposé) comme beaucoup d’autres alors que j’étais jeune adolescent. Sa découverte m’a marqué à un point difficilement exprimable et explicable.

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Un diamant gros comme le Ritz

Un diamant gros comme le Ritz – F. Scott Fitzgerald

Pavillons poche – 840 pages – 13.00 €

Le pitch : Un diamant gros comme le Ritz est l’émouvant témoignage d’un écrivain charismatique, chef de file de la célèbre  » génération perdue « . Non seulement ce recueil révèle un Fitzgerald extravagant, tendre et mélancolique, mais il évoque aussi une période très ancrée dans l’imaginaire collectif, celle des Années folles, nostalgiques, envoûtantes, perfides, ravageuses.

Composé de vingt-huit nouvelles, les meilleures de Fitzgerald, écrites entre 1920 et 1940, ce livre voit cohabiter exilés millionnaires, couples se querellant lors de la traversée de l’Atlantique, ou encore un mari pourtant fidèle qui ne peut empêcher les autres femmes de tomber amoureuses de lui. Malcolm Cowley, ami intime de Fitzgerald et figure emblématique de la  » génération perdue « , signe la préface de ce recueil.

Mon avis : En 800 pages serrées, voilà tout simplement le meilleur de l’œuvre de Fitzgerald. Car, contrairement à l’image que le grand auteur américain mort trop jeune (à 40 ans, usé par l’échec de sa carrière d’écrivain et surtout par l’abus d’alcool) a laissé dans le grand public, ce ne sont pas la poignée de romans qu’il a laissé derrière lui qui sont le cœur et l’âme de son oeuvre, mais bien les nouvelles.

Présentées dans un ordre chronologique, elles mettent en avant toute la finesse et la nostalgie de son style.

Le lecteur voit défiler la fin de la première guerre mondiale, l’euphorie et l’insouciance des années folles (auquel le nom de Fitzgerald restera à  jamais attaché) puis la crise et le doute qui s’installent au fur et à mesure que les années 30 et la dépression économique avancent.

Reflets des problèmes qui traversèrent la vie de l’auteur, elles parlent souvent d’argent, de fêtes et d’argent. Des textes inoubliables, à placer dans une bibliothèque idéale.


Ce que nous cache la lumière

Ce que nous cache la lumière – Tim Gautreaux

Le seuil – 512 pages – 23.50 €

Le pitch : Tout absorbés qu’ils sont par leurs affaires de cœur, de foi, d’argent, par leurs marottes diverses et variées, occupés à peser les avantages et les inconvénients de la vie au sein de petites communautés aussi soudées que scrutatrices, les personnages de ces nouvelles tentent d’affronter les déceptions du quotidien. Ce sont des voix discrètes, rarement entendues, des vieilles filles un peu tristes, des ferrailleurs, des artisans, des retraités… souvent détestables, parfois admirables.

Sur les rives du Mississippi, sous la neige du Minnesota ou dans les montagnes de Caroline du Nord, Tim Gautreaux cartographie des existences bien loin des mondanités et des grands drames. Il manie la malchance sans sentimentalité, nous offre dans une prose ciselée des histoires bouleversantes ou hilarantes et, surtout, nous rappelle avec humour et empathie qu’il est, en général, inutile de prendre les choses trop au sérieux.

Mon avis : Dans ses remerciements, en fin de livre, Tim Gautreaux écrit : « Les nouvelles n’ont pas bonne presse de nos jours« . Il a parfaitement raison, mais qu’est-ce que l’auteur américain dirait s’il était français !

Aux Etats-Unis, de nombreux auteurs renommés ont fait leur carrière ou leur renommée grâce aux nouvelles, avec des recueils qui se vendent et sont largement appréciés; mais en France, l’édition de nouvelles est un parcours d’obstacle et un luxe pour l’éditeur, car l’exercice n’est que très rarement apprécié et considéré par les lecteurs. Quel dommage…

Vous voulez une preuve de la magie de la nouvelle, sans pour autant aller piocher dans les œuvres de Maupassant, Somerset Maugham ou Jim Harrison ?

Alors plongez-vous directement dans Ce que nous cache la lumière, le merveilleux recueil du grand Tim Gautreaux , je vous garantie (satisfait ou remboursé !) que vous sortirez de sa lecture l’âme plus large, un léger sourire au coin des lèvres et l’oeil humide !

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Nouvelles africaines

Nouvelles africaines – Doris Lessing

Le livre de poche – 1 200 pages (3 tomes) – 7.90 €

Le pitch : C’est dans le souvenir de ses années passées en Rhodésie (aujourd’hui le Zimbabwe) que l’auteur des Enfants de la violence et du Carnet d’or a puisé la matière de ces nouvelles.

Noirs asservis et humiliés – les uns se résignant, les autres se réfugiant dans un silence hostile –, Afrikaners et Anglais, colons opulents, « petits Blancs » paupérisés redoutant de tomber au niveau des Noirs : à travers une foule de personnages parfois tragiques, parfois dérisoires, campés en quelques pages avec un art parfait, Doris Lessing donne un tableau saisissant de l’Afrique australe des années 1970.

Mon avisDoris Lessing, avant de devenir l’auteure majeure de la littérature britannique que l’on connait (prix Nobel en 2007 au terme d’une très longue vie mouvementée), a vécu quasiment toute son enfance et jusqu’à l’âge de trente ans en Rhodésie du sud. Sa vie d’enfant d’expatriés dans une colonie anglaise du sud de l’Afrique, durant toute l’entre-deux guerres, l’a profondément marquée.

Fascinée par des idées profondément progressistes, elle est profondément choquée – traumatisée serait sans doute plus le juste mot – par le régime d’apartheid colonial qui règne alors dans ce pays. Un pays où les colons britanniques (souvent des « petits blancs ») usent et abusent de leur supériorité légale sur la population noire, vivant dans des conditions absolument misérables.

Après guerre, alors qu’elle s’est installée en Angleterre (qui n’est même pas son pays d’origine puisqu’elle est née en Iran), elle commence à rédiger une longue série de nouvelles où elle dépeint ce qu’elle a vu pendant trente ans. Ce sont ces nouvelles qui constituent les trois recueils publiés par Le livre de poche et que je vous conseille de lire absolument, tant elles sont tout autant belles que terribles.

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Légendes d'automne

Légendes d’automne Jim Harrison

10/18 – 336 pages – 7.80 €

Le pitch : « Les trois longues nouvelles de Légendes d’automne occupent une place singulière dans l’oeuvre de Jim Harrison. Chacune d’elles a la dureté limpide et tranchante d’un cristal de roche arraché tel quel aux profondeurs de la psyché humaine. Jamais sans doute l’écrivain ne retrouva ensuite la pureté et la puissance de ces nouvelles compactes, marquées au sceau de l’excès et de la démesure.

La vengeance est l’obsession de la première, la métamorphose le thème élégiaque de la deuxième, un destin tragique irrigue la dernière. Jamais non plus dans la production ultérieure, certes prolixe et généreuse de Jim Harrison, la folie, la mort, les carnages, les délires, l’errance et le vice, la cupidité et l’égoïsme, les aberrations du comportement et de l’Histoire ne s’entrelaceront avec autant de violence et de grâce aux beautés chatoyantes des êtres et du paysage américain. »


Bartleby le scribe

Bartleby le scribe – Herman Melville

Folio – 108 pages – 5.00 €

Le pitch : «Une fois dans la bibliothèque, il me fallut environ deux secondes pour mettre la main sur le Bartleby de Melville. Bartleby ! Herman Melville, Bartleby, parfaitement. Qui a lu cette longue nouvelle sait de quelle terreur peut se charger le mode conditionnel. Qui la lira le saura.» Daniel Pennac.

Mon avis : Une fois contourné le monument fabuleux, la montagne (liquide) littéraire Moby Dick, que voit poindre le lecteur à l’horizon melvinien ? Bartleby le scribe, bien entendu ! Une des œuvres les plus commentées de la littérature du XIX° siècle, et une des plus admirées. Vous allez me demander, je le sens, c’est inéluctable : cette célébrité est-elle méritée ? Et je répondrais (normal : je suis là pour ça !) : oui… et non.

Bartleby est une longue nouvelle de 100 000 signes. Elle raconte, de manière très simple, très linéaire, et très admirable – le style d’Herman Melville est du début jusqu’à la fin d’une classicisme et d’une fluidité parfaite – l’histoire d’un éminent juriste (le narrateur) de Wall Street qui embauche, pour compléter son équipe de copistes (avec une photocopieuse, l’histoire eut été de nos jours beaucoup moins savoureuse…) un homme sans aucun signe distinctif, Bartleby.

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Les Aventures de Sherlock Holmes

Sherlock Holmes : l’intégrale des nouvelles – Conan Doyle

Omnibus – 39.00 € – 848 pages

Le pitch :  L’intégrale des 56 nouvelles mettant en scène Sherlock Holmes, illustrée des 400 dessins de Sidney Paget et présentée dans un coffret luxueux

Plus de 800 pages, une maquette élaborée, les illustrations de Sidney Paget parues dans le Strand, la traduction intégrale d’Eric Wittersheim, un prix de vente étudié… Tout est réuni pour faire de cet album aussi somptueux qu’impressionnant un must pour les amateurs du génial détective – et ils sont nombreux, petits et grands !

Mon avis : Juste la quintessence du talent exceptionnel d’Arthur Conan Doyle pour la mise en place de personnages inoubliables, d’un cadre incroyabelement riche, et d’intrigues diaboliquement ingénieuses. Rien que ça !


Kiss Kiss

Kiss Kiss – Roald Dahl

Folio – 320 pages – 8.50 €

Le pitch : Les histoires qu’invente Roald Dahl, on a envie, après les avoir lues, de courir les raconter à tout le monde. Comme si on les avait vécues ou rêvées soi-même. Au service de cette suite de situations plus ou moins macabres, Roald Dahl met une chatoyante érudition.

Qu’il nous parle, juste le temps qu’il faut, de chirurgie, de meubles d’époque, d’apiculture, de musique, de métempsycose ou de braconnage, qu’il emprunte le style «cinéma» ou qu’il pastiche Voltaire, c’est toujours avec le même souci du détail, le même sérieux pince-sans-rire, le même humour noir déguisé.

Mon avis : Pour une fois, oubliez le Roald Dahl champion du monde des romans délicieusement fous pour les enfants. Bien entendu, vous avez tous (ou vos enfants ont tous) adoré Matilda, Le bon gros géant, Charlie et la chocolaterie ou James et la grosse pêche (entre autres). Mais derrière l’auteur de récits pour juniors (et adultes, car tous les titres que je viens de citer sont à lire également par les adultes !), il y a le Roald Dahl que connaissent bien les anglais, celui des récits et des nouvelles pour adultes. Un drôle de type, à l’humour bizarre, adepte des histoires étranges, parfois pleines de fantastique… Pas très loin du premier, si l’on y réfléchit bien !

Avec Kiss Kiss, le lecteur entre de plein pied dans l’univers baroque des nouvelles du maître. Onze short stories, entre 13 et 140 pages, où Roald Dahl développe tous son talent de novelliste, qui est immense.

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Un dernier moment de folie

Un dernier moment de folie – Richard Yates

Pavillons poche – 224 pages – 8.00 €

Le pitch : Un dernier moment de folie est le troisième volet des nouvelles complètes du grand Richard Yates. Publié de manière posthume, ce recueil rassemble neuf histoires qui se déroulent dans les années 1950, sans doute les plus belles qu’ait jamais écrites l’auteur. Dans chacune, on retrouve cette patte d’entomologiste qui lui permet de croquer, avec une rapidité et une précision prodigieuses, les déconvenues de ses losers magnifiques.

Que ce soit lors d’un dîner où chacun raconte sa guerre ou lors d’une réunion entre collègues où l’on vante sa carrière, au cours d’une convalescence forcée ou le temps d’une nuit avec un inconnu en uniforme, les personnages sont épinglés, avec tendresse, dans tous leurs petits travers. Ils se voudraient plus brillants, plus courageux, plus séduisants, plus forts. Humains, trop humains. Invariablement, leurs histoires serrent le coeur, mais ravissent l’âme.

Mon avis : Oserais-je avouer ici que, jusqu’à ce jour, je n’avais jamais lu Richard Yates ? Oui, j’ose ! J’ose, d’abord parce que je n’ai rien à vous cacher mais aussi, probablement, parce que je ne suis pas le seul grand lecteur à être passé à côté de cet auteur majeur de la littérature américaine du XX° siècle, tant la renommée semble l’avoir abandonnée, après sa mort prématurée en 1992.

Un dernier moment de folie regroupe les dernières nouvelles (posthumes) de Richard Yates, grâce à l’édition – sous une couverture magnifique, comme toujours – de Robert Laffont, dans sa collection Pavillons poche.

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Le fils du loup

Le fils du loup – Jack London

Editions Paulsen – 340 pages – 19.90 €

Le pitch : Écrit en 1900 et inspiré par la ruée vers l’or du Klondike où Jack London manqua de laisser sa peau, Le Fils du Loup est le premier livre du grand écrivain américain qui lui valut le surnom de « Kipling du Froid ».

Ce recueil de nouvelles, inspirées par la violente poésie des grands espaces du Nord, est une introduction idéale à l’imaginaire d’un auteur qui toujours proclama que la civilisation moderne périrait d’avoir oublié la grandeur de ses origines « sauvages ».

Mon avis : Ce recueil est composé de neuf nouvelles d’une longueur moyenne de quinze pages, la dernière Une odyssée dans le grand nord, courant sur 40 pages.

Recueil des premiers textes de Jack London acceptés par des journaux en 1899 et 1900 (vous trouverez un récit métaphorique de cette quête de publication dans son roman chef-d’oeuvre Martin Eden), il contient déjà tout ce qui fera la qualité de ses œuvres ultérieures, plus connues.

Le premier composant, c’est bien entendu le grand nord.

Le froid, la neige, les chiens loups, la précarité, la course à l’or : tout ce que l’aventurier aura vécu lors de sa participation à la ruée vers l’or dans le Klondike (dont il reviendra bredouille).

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La fille du fermier

La fille du fermier – Jim Harrison

Folio – 144 pages – 2.00 €

Le pitch : « Sarah cria : « Putain de Dieu ! », puis elle s’élança à toute vitesse sur un sentier pentu qui grimpait le long de la montagne jusqu’à ce qu’elle soit certaine que sa blessure allait éclater et qu’elle en aurait fini avec elle« .

Dans ce texte âpre, « Big Jim » nous emmène dans un Montana aussi beau qu’hostile et livre un portrait féminin subtil, non sans échos avec son majestueux Dalva : celui d’une jeune fille meurtrie, aussi blessée qu’en quête de vengeance…

Mon avis : Jim Harrison était incontestablement un des maîtres américains de la nouvelle, capable sur quelques dizaines de pages d’emporter le lecteur au fin fond de l’Amérique profonde.

Personnages complexes, souvent attachants, misère du « petit peuple » des campagnes, solitude, tourments sexuels : Harrison écrivait vrai, puissant, racontant souvent des histoires un peu tristes mais avec énormément d’humour, et des histoires terribles mais avec une foi dans l’être humain qui sauvait tout.

Quand je parle de nouvelle, je devrais d’ailleurs dire novella, car la bonne distance, pour l’auteur à la gueule de patriarche alcoolique, c’était plus celle d’un petit roman. La novella, à l’américaine, c’est entre 80 et 150 pages. Du concentré, sans perte de temps ou dilution des thèmes.

Avec La fille du fermier, voici l’occasion, pour ceux qui connaisse ou pas l’auteur, de découvrir d’un coup d’un seul tout ce que je viens de vous raconter.

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Tchekhov - Les nouvelles

Tchekhov – Les nouvelles

Le livre de poche – 990 pages – 28.90 €

Le pitch : Tchekhov est l’un des plus grands écrivains de la seconde moitié du XIX° siècle, et, avec Maupassant, Katherine Mansfield et quelques autres, l’un des maîtres de ce genre difficile entre tous : la nouvelle.

Le choix établi pour le présent volume donne au lecteur un aperçu de toutes les facettes de Tchekhov nouvelliste : le farceur, le psychologue, le peintre de murs, le visionnaire. A travers tous ces textes, les plus gros, comme Le Général à la noce, ou les plus raffinés, comme La Dame au petit chien, Monseigneur ou La Steppe, circule une qualité à la fois humaine et littéraire que jamais auteur n’a mieux maniée que Tchekhov : la compassion.


Knockemstiff

Knockemstiff – Donald Ray Pollock

Libretto – 256 pages – 8.50 € 

Le pitch : Un soir d’août au Torch Drive-in quand j’avais sept ans mon père m’a montré comment faire mal à quelqu’un. Il n’était bon qu’à ça. C’était il y a des années, quand aller au cinéma en plein air était encore une nouveauté dans le sud de l’Ohio. Ils donnaient Godzilla, et en première partie un film de soucoupes volantes à la con qui montrait comment des moules à tartes pouvaient conquérir le monde.

Des personnages déjantés, assommés par la violence et un mauvais karma, nourris de drogues frelatées, habitent la bourgade bien réelle de Knockemstiff.Leurs vies, cruelles et comiques à la fois, sont celles des laissés-pour-compte des dernières décennies du XXe siècle américain. Papys Alzheimer ou camionneurs speedés peuplent ces dix-huit récits salués par Chuck Palahniuk.

Mon avis : L’histoire est magique, comme seule l’histoire de la littérature est capable d’en délivrer : Donal Ray Pollock a, jusqu’à 50 ans, exercé le métier d’ouvrier puis de conducteur de camion (voir par ailleurs mon avis concernant son formidable premier roman Le diable, tout le temps).

Après la participation à des ateliers d’écriture, il publie un premier ouvrage, un recueil de nouvelles, Knockemstiff.  18 nouvelles qui annoncent, de manière assez stupéfiante, les thèmes, les obsessions et le style du roman qui sortira peu après et qui sera salué par la critique du monde entier.

La qualité de ces nouvelles est hallucinante. Densité du propos (elles font quasiment toutes entre dix et quinze pages serrées), maîtrise de l’exposition, qualité des chutes (à une ou deux exceptions près).

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Les vierges

Les vierges – Irène Némirovsky

Folio – 256 pages – 6.90 €

Le pitch : Rarement l’ironie d’Irène Némirovsky aura fait autant de ravages ! Fils et filles hantés par leur hérédité côtoient des hommes brusquement dépouillés de leurs atouts, des femmes abîmées dans le regret, des maris jaloux ou amers. Et pourtant, si fragile que soit le sort de ces personnages, un fil les relie à la vie.

Il court d’un bout à l’autre de ces douze nouvelles, où Irène Némirovsky emprunte des chemins nouveaux, du scénario aux histoires de fantômes. Jusqu’à ce dernier et éblouissant récit, Les vierges, publié en 1942 avant qu’elle ne soit déportée à Auschwitz, et ce cri poussé par Camille :  » Je suis seule comme vous à présent, mais non pas d’une solitude choisie, recherchée, mais de la pire solitude, humiliée, amère, celle de l’abandon, de la trahison. »

Mon avis : Publié en 2009 chez Denoël, « grâce » au succès critique et commercial foudroyant de Suite française, le superbe roman inachevé d’Irène Némirovsky publié 60 ans après sa mort à Auschwitz, en 1942, Les vierges est un recueil de nouvelles aux thèmes et aux formes extrêmement variées.

Douze nouvelles pour 250 pages, de Film parlé, qui en compte près de 70, jusqu’à Les vierges, qui ne dépasse pas la vingtaine, en passant par Echo, qui ne fait que six pages : l’échantillon des talents d’Irène Némirovsky est extrêmement complet.

La nouvelle qui justifie le détour, c’est bien Film parlé. Loin de son mode d’expression habituel, il s’agit d’un essai stylistique tout à fait fascinant, tant il apparaît en avance sur son époque.

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Le plus dangereux des jeux

Le plus dangereux des jeux – Richard Connell

Editions du sonneur – 70 pages – 6.50 €

Le pitch : Au milieu de la mer des Caraïbes, Sanger Rainsford fait naufrage sur l’île de Ship Track. Il y est recueilli par un russe blanc, le général Zaroff, qui se révèle être un hôte des plus remarquables et attentionnés. Reconnaissant en son convive un célèbre chasseur de gros gibier dont le livre sur la chasse au léopard des neiges fait autorité, le maître des lieux invite Rainsford à un jeu particulier : une partie de chasse à l’homme. Acculé, celui-ci est forcé d’accepter ce  » jeu des plus dangereux « .

Commence alors, au cœur de la jungle, une lutte sans merci entre les deux hommes. Le chasseur chassé, l’ombre et la proie : qui chassera qui ?

Mon avis : Un tout petit, petit format (10*15 cm) pour une courte nouvelle… et un très, très grand texte qui a marqué l’histoire de la littérature !

Si vous ne connaissez pas cette histoire sous son titre originel (en anglais, The most dangerous game, ça jette un max !), vous avez probablement entendu parler de son adaptation au cinéma de 1932, sous le titre Les chasses du comte Zaroff (un chef-d’œuvre de Ernest B. Schoedsack, qui réalisera quelques mois plus tard l’immense King Kong !).

Le thème et le traitement qu’en a fait Richard Connell en 1925 (déjà un siècle !) sont tellement fascinants que la nouvelle n’a cessé depuis d’être adaptée, soit au cinéma (il y a également la version de Robert Wise en 1945), soit à la radio (avec Orson Wells en 1943), soit en BD (jetez un oeil sur le très bel album Zaroff, dont je parle par ailleurs sur le site).

Vous avez une demi-heure devant vous ? Alors jetez-vous sur ce petit chef-d’oeuvre !


Mordre au travers

Mordre au travers – Virginie Despentes

Librio – 128 pages – 3.00 €

Le pitch : « De la confiture aux cochons, cette fille superbe et si tentante, avec ses seins splendides et son ventre bombé, ses ongles toujours rouges et ses chevilles tellement fines. Je ne pouvais pas croire qu’il savait quoi en faire, pas comme moi j’aurais su. »

Des femmes qui vendent leur corps, qui le punissent de ne pas être comme celui des autres ou de porter le fruit d’un désamour, qui le fantasment dans des ébats sulfureux…

Évocations tranchantes d’un quotidien noir, de drames intimes ou de rêves inquiétants, ces nouvelles disent violemment le désir et le refus du désir, la colère, la honte inavouée, les excès d’amour, ou encore la folie meurtrière.

Mon avis : Mordre au travers est un livre à part dans la carrière de Virginie Despentes, puisqu’il s’agit du seul recueil de nouvelles de la grande auteure française. Publié en 1999, donc à la fin de sa « première période », celle entamée peu de temps plus tôt par le fameux Baise-moi.

L’époque de la Despentes brute, révoltée, un brin pornographe, provocatrice, violente, décidée à traduire sur le papier ses errances, ses addictions.

Du Despentes brut, pas de doute. Mais pas brut de décoffrage car, ce recueil de onze nouvelles recèle déjà tout ce qui fait d’elle la plus importante auteure française de ce dernier quart de siècle.

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Le koala tueur – Kenneth Cook

Le livre de poche – 224 pages – 6.10 €*

Le pitch : Avec ses redoutables crocodiles, ses koalas féroces et ses cochons sauvages assoiffés de sang, l’impitoyable bush australien reste un territoire indompté. Et ce n’est pas Kenneth Cook qui aurait pu l’apprivoiser ! Cook a réuni, peu avant sa disparition, ces histoires courtes toutes plus hilarantes les unes que les autres, inspirées par ses tribulations à travers l’Australie. D’après lui, chacune de ces quinze rencontres avec la faune sauvage s’est déroulée comme il le raconte ici, même si elles paraissent incroyables.

Dépaysement garanti, dans un grand éclat de rire.

Mon avis : Il y a encore peu, je ne connaissais pas Kenneth Cook… à ma grande honte, car cet auteur était une célébrité en Australie.

C’est par le biais de recueil de ces nouvelles centrées sur la rencontre de l’auteur avec la faune australienne que j’ai fait la rencontre avec ce grand malade à l’humour ravageur. Certains feront la fine bouche en lisant ces histoires « too much » où l’auteur vous raconte avec le plus grand sérieux des horreurs totales sur ces animaux du bout du monde, tous plus dangereux les uns que les autres. D’autres se tordront le nez en découvrant les délires alcoolisés de ces autochtones du fin fond du bush…

Mais si vous aimez l’humour absurde, précipitez-vous sur ce recueil, et sur le suivant ! Vous passerez quelques moments à vous gondoler.

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Le pigeon

Le pigeon – Patrick Süskind

Le livre de poche – 88 pages – 4.60 €

Le pitch : Lorsque lui arriva cette histoire de pigeon qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, Jonathan Noël avait déjà dépassé la cinquantaine, il avait derrière lui une période d’une bonne vingtaine d’années qui n’avait pas été marquée par le moindre événement, et jamais il n’aurait escompté que pût encore lui arriver rien de notable, sauf de mourir un jour.

Et cela lui convenait tout à fait. Car il n’aimait pas les événements, et il avait une véritable horreur de ceux qui ébranlaient son équilibre intérieur et chamboulaient l’ordonnance de sa vie.

Mon avisPatrick Süskind est un prodige.

Un seul roman (Le parfum) exceptionnel, une seule pièce de théâtre (La contrebasse) inoubliable… et  une nouvelle, donc, Le pigeon.

80 pages avec un pitch qui ne paye pas de mine, mais allez-y : vous allez voir ce que c’est que le talent.


Sorti des bois

Sorti des bois – Chris Offutt

Gallmeister – 144 pages – 8.60 €

Le pitch : — C’est où, chez vous ?

— Kentucky.

— Quelle partie ?

— Celle que les gens quittent.

Le déracinement, la route, l’errance, comme une part de l’identité de l’Amérique profonde. Huit histoires de petites gens du Sud qui survivent de leur mieux, entre jobs précaires et bouteille, violence quotidienne et solitude, espoir et résignation. Le portrait saisissant d’un univers dont la rudesse exprime une sensibilité à fleur de peau, par l’auteur du magnifique Nuits Appalaches.

Mon avis : Ne vous fiez pas à la minceur extrême de ce tout petit livre publié par Gallmeister ! Car ces 120 pages toutes mouillées cachent une profusion d’histoires, d’espoirs déçus et de destins brisés. Les 8 nouvelles de Chris Offutt livrent, avec une économie de mots remarquablement efficace, une peinture d’une certaine Amérique, celle des laissés pour compte, des petits boulots, des addictions.

J’ai été totalement convaincu par son style, immédiatement reconnaissable : des phrases courtes, très courtes – parfois deux par ligne ! – et une profusion de dialogues où les protagonistes s’expriment en quelques mots, pas plus. Juste l’essentiel pour bien se faire comprendre.

En général, les textes des auteurs qui écrivent « à l’os » manquent de vie, de chair, de sentiments. Rien de cela avec Chris Offutt : ces nouvelles sont riches de tous les sentiments que les personnages ressentent, mais ne parviennent presque jamais à exprimer, tant leur éducation ne leur donne pas les outils pour le faire.

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Questions de caractère

Questions de caractère – Tom Hanks

Points – 430 pages – 8.10 €

Le pitch : Un amateur de bowling enchaîne les parties parfaites. Quatre amis décident ensemble de partir sur la lune. Un homme se révèle incapable de suivre le rythme hyperactif de sa compagne. Un journaliste se lamente de la disparition de la presse papier.

Autant d’histoires hantées par le cliquetis des machines à écrire, de héros aux trajectoires variées. Question de caractères…

Mon avis : Tom Hanks, un acteur qui se lance dans la littérature, au delà de la classique biographie ? Oui, vous avez bien lu.

Si c’est une pratique assez courante en France (Bohringer, Annie Duperey, Anne Brochet, Bernard Giraudeau) voilà quelque chose de très rare outre-Atlantique.

Comme si jouer et écrire étaient deux verbes antinomiques. Et pourtant : les 17 nouvelles de cet épais recueil (400 pages) constituent une excellente surprise pour le lecteur.

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Inconnu à cette adresse

Inconnu à cette adresse – Kathrine Kressmann Taylor

Flammarion jeunesse – 128 pages – 3.90 €

Le pitch : Martin Schulse, Allemand et Max Eisenstein, juif Américain, sont deux galeristes associés, aux Etats-Unis. Ils sont surtout deux amis fervents, deux frères. Malgré l’installation de Martin à Munich, ils poursuivent leur amitié à travers des lettres chaleureuses, passionnées.

En juillet 1933 pourtant, les doutes et le malaise de Martin face aux remous du gouvernement allemand font vite place à un antisémitisme que ne tempère plus la moindre trace d’affection. D’une cruauté imparable, sa décision tombe comme une sentence : « Ici en Allemagne, un de ces hommes d’action énergiques, essentiels, est sorti du rang. Et je me rallie à lui. »

Max ne peut se résoudre à une telle révolution, sentimentale et politique.

Mon avis : Inconnu à cette adresse est un des livres les plus conseillés au monde, la plupart des cycles d’enseignement l’ont inscrit dans leur liste de lecture pour les jeunes entre dix et quinze ans.

Pffff…!!! Encore un livre « classique » que des millions d’ados ont aimé détester durant leurs études, allez-vous me dire ? Erreur fatale ! Ce livre n’est pas un roman, c’est une nouvelle, une toute petite heure de lecture en prenant son temps.

Sous une forme purement épistolaire, l’échange de lettres entre deux frères d’âme, Kressmann Taylor (l’auteur est une auteure) synthétise de manière incroyablement habile et puissante le drame de la montée du nazisme au début des années trente en Allemagne.

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La tombe des lucioles

La tombe des lucioles – Akiyuki Nosaka

Piquier poche – 143 pages – 6.50 €

Le pitch : L’histoire d’un frère et d’une soeur qui s’aiment et vagabondent dans l’enfer des incendies tandis que la guerre fait rage ; une histoire qui est celle que Nosaka vécut lui-même, âgé de quatorze ans, en juin 1945.

Mais Nosaka, c’est aussi un style inimitable, une écriture luxuriante que l’on reconnaît d’abord à son brassage de toutes sortes de voix et de langues. Une prose étonnante, ample, longue, qui réussit à, concentrer en une seule phrase des couleurs, odeurs et dialogues, secouée de mots d’argot, d’expressions crues, d’images quasi insoutenables, qui trouvent ici une beauté poétique et nouvelle.

Mon avis : De très nombreux amateurs de cinéma d’animation japonais ont vu, une fois dans leur vie, le formidable dessin animé de Takahata Isao; ils ont alors pleuré toutes les larmes de leur corps car il est impossible de ne pas avoir le cœur déchiré par cette terrible histoire. Mais combien ont lu la nouvelle d’Akiyuki Nosaka, dont est tiré le film ?

Si, comme moi, vous êtes passé jusque là à côté de cette perle littéraire, voici l’occasion de prendre une petite heure pour découvrir, à un coût totalement négligeable, un texte indispensable.

50 pages, pas plus, mais 50 pages d’une densité stylistique et émotionnelle exceptionnelle. 50 pages au cours desquelles vous allez suivre le destin tragique de deux enfants japonais, à la fin de la seconde guerre mondiale, victimes innocentes de l’horreur absolue qui s’est abattue sur leur pays, en représailles à d’autres horreurs provoqués par les armées de leur propre peuple.

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Les nouvelles de SF et fantastique 


Histoires extraordinaires

Histoires extraordinaires – Edgar Allan Poe

434 pages – 15.50 €

Le pitch : Edgar Allan Poe (1809-1849), figure centrale de la littérature américaine, est un poète, écrivain, éditeur et critique littéraire américain. Il fut l’un des premiers auteurs de nouvelles, inventa le genre policier et contribua à l’émergence de la littérature fantastique et de science-fiction. Source d’inspiration pour de nombreux auteurs de tous pays, comme Jules Vernes, Arthur Conan Doyle ou Howard Phillips Lovecraft, son influence sur la littérature est de grande ampleur.

Cette édition regroupe l’intégralité des recueils Histoires extraordinaires (1856) et Nouvelles histoires extraordinaires (1857), fidèlement traduits par Charles Baudelaire qui voyait en Poe quelqu’un lui ressemblant. Sous la plume remarquable et l’imagination opulente de l’auteur, ces 36 nouvelles dépassent l’entendement, mêlant l’étrange, l’aventure et le mystérieux.
La célébrité de ces récits fantastiques, témoignages de l’immense talent littéraire de Poe, perdure à travers le monde.

Mon avis : Double Assassinat dans la rue Morgue, La Lettre volée, ou Le Scarabée d’or, cela vous dit vaguement quelque chose ?

En 400 pages serrées, voilà tout simplement le socle fondateur de la littérature fantastique et de de littérature policière !

Et, franchement, une traduction de Baudelaire, ça jette, non ?! (cette dernière phrase est à prendre au second degré !)


Différentes saisons

Différentes saisons – Stephen King

Le livre de poche – 735 pages – 9.20 €

Le pitch : King nous offre cette fois quatre histoires qui sont en fait des romans à part entière.

Un innocent condamné à perpétuité cherche à s’évader , un jeune garçon démasque un ancien nazi dans une petite ville de Californie , des gamins partent à la recherche d’un cadavre , un médecin raconte l’histoire d’une jeune femme célibataire et enceinte dans les années 30…

Rien de commun, en apparence, entre ces quatre thèmes. Mais derrière ces héros d’âges et de milieux très différents, c’est la société américaine que dissèque Stephen King.

Mon avis : C’est avec ce recueil de 4 nouvelles qui s’avèrent, avec plus de 700 pages, être en fait 4 courts romans, que le lecteur objectif réalise à quel point Stephen King est un grand écrivain.

Si, si, j’insiste : un grand auteur.

Le niveau du livre, dans sa globalité, est formidable, mais deux nouvelles sur quatre sont de véritables chefs-d’œuvre, deux nouvelles dans lesquelles il n’y a pas une once de fantastique.

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Fantômes et farfafouilles

Fantômes et farfafouilles – Fredric Brown (1961)

Folio SF – 306 pages – 8.60 €

Le pitch : Un homme à la recherche d’une actrice prisonnière des Abominables Hommes des Neiges; un dictateur âgé de vingt-trois ans et sans doute contaminé par une intelligence extraterrestre; un âne qui sauve l’humanité d’une invasion martienne…

Tantôt cocasses, tantôt tragiques, et bien souvent horribles, les quarante-deux textes de ce recueil nous emmènent au-delà de l’apparence, sur les pentes glissantes de la terreur et de l’humour, au carrefour des étoiles.

Mon avis : Comme j’ai pu le dire par ailleurs, Fredric Brown est un merveilleux auteur de SF, un peu à part, car, comme Ray Bradbury, il ne se prend jamais au sérieux et n’hésite pas à introduire de la distance, voire un humour élégant, dans ses oeuvres

Et, comme Bradbury, il restera avant tout comme un formidable auteur de nouvelles, là où son humour et son sens aigu des paradoxes s’exercent le mieux.

Dans Fantômes et farfafouillesBrown manie le concept de la « short, short novel » (selon le terme utilisé par les anglo-saxons pour désigner les textes ultra-courts, avec une chute/switch qui doit surprendre le lecteur) jusqu’à son comble. L’auteur pratique ici à merveille l’art du paradoxe.

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Minority report

Minority report – Philip K. Dick

Folio SF – 448 pages – 8.90 €

Le pitch : Après Blade Runner, le chef-d’oeuvre de Ridley Scott, les textes de Philip K. Dick ont inspiré de nombreux films : Planète hurlante, Impostor, Minority Report, Paycheck, A Scanner Darkly, L’Agence…

Vous retrouverez dans ce recueil quelques-unes des nouvelles à l’origine de ces longs métrages, ainsi que Souvenirs à vendre («We Can Remember it for You Wholesale») adapté une première fois en 1990 puis de nouveau en 2012, sous le titre Total Recall, et The Minority report, adapté en 2002 par Steven Spielberg.

Mon avis : Ce livre est un recueil de nouvelles. Neuf nouvelles, dans l’ensemble assez longues, dont au moins deux sont passées à la postérité pour avoir été adaptées au cinéma : The Minority report, adapté par Spielberg (les autres éditions de poche portent ce titre, avec un visuel flashy de la tête de Tom Cruise dans le film), et We can remember it for your wholesale, adapté par Verhoeven sous le titre Total recall.

Ceci posé, venons en au fait : ces neuf nouvelles (parmi les 120 écrites par Dick au cours de sa courte vie) sont d’une lecture absolument indispensables, car elles permettent, pour celui qui ne connait pas l’auteur, d’avoir une sorte de digest très représentatif de son travail de novelliste.

Minority report ne fait que 60 pages et n’a qu’un rapport limité avec le film de Spielberg, et pourtant c’est un espèce de polar futuriste formidable.

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Chroniques martiennes

Chroniques martiennes – Ray Bradbury

Folio SF – 336 pages – 7.50 €

Le pitch :  « J’ai toujours voulu voir un Martien, dit Michael. Où ils sont, p’pa ? Tu avais promis.

« Les voilà », dit papa. Il hissa Michael sur son épaule et pointa un doigt vers le bas. Les Martiens étaient là.

Timothy se mit à frissonner. Les Martiens étaient là – dans le canal – réfléchis dans l’eau. Timothy, Michael, Robert, papa et maman. Les Martiens leur retournèrent leurs regards durant un long, long moment de silence dans les rides de l’eau… »

Mon avis : Chroniques Martiennes (1950) est à mon avis un des trois livres fondateurs de la science-fiction moderne d’après-guerre, avec 1984 d’Orwell (1948) et Fondation d’Asimov (1951). Une oeuvre indispensable, que l’on enseigne désormais en Français au collège. Mais pour quelles raisons ?

Tout d’abord, parce qu’on y trouve une bonne partie de mythes fondamentaux de la littérature d’anticipation. Mais avant tout, parce que ce livre est merveilleusement écrit ! On ne répétera jamais à quel point Bradbury est une des plus belles plumes de toute l’histoire de la SF.

Le camaïeu de nouvelles qui compose cet ouvrage expose tout le talent de l’auteur avec ce qui sera à tout jamais sa marque : un mélange d’humour et de… poésie.

Drôle d’alchimie, allez-vous me dire ! Un mélange a priori improbable ? Eh bien non. Allez le vérifier, vous pouvez lire ce recueil plusieurs fois dans votre vie. Et l’offrir à tout le monde.


Nouvelles Richard Matheson

Nouvelles – Richard Matheson

J’ai lu – 475 pages – 8.20 €

Le pitch : Quand Richard Matheson entre en littérature, le fantastique entre, lui, dans l’âge de la modernité : évacué le surnaturel gothique, l’effroi désormais s’immisce dans les plus infimes recoins du quotidien.

Et ce avec un talent littéraire à nul autre pareil : d’une tranchante concision, d’une variété narrative et formelle exceptionnelle, d’une richesse thématique impressionnante, la « marque » Mathesson fait naître une nouvelle vision de la terreur, névrotique, angoissante et délicieusement teintée d’humour macabre.

Le pitchRichard Matheson est le meilleur auteur de nouvelles fantastiques de l’histoire de la littérature, avec Ray Bradbury. Vous me croyez ? Alors, précipitez-vous sur ce premier recueil (il y en a trois) conséquent (28 nouvelles pour près de 500 pages).

Si vous avez un doute, juste un doute sur les qualités de novelliste de Richard Matheson : lisez la première nouvelle du recueil, intitulé Né de l’homme et de la femme.

Si elle figure dans toutes les anthologies, ce n’est pas un hasard : elle vous laissera totalement abasourdi. Et ce n’est que le premier chef-d’oeuvre du recueil…

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L'étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde

L’étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde – RL Stevenson

Le livre de poche – 112 pages – 4.90 €

Le pitch : Lors d’une promenade nocturne dans les rues brumeuses de Londres, Utterson, notaire de son état, apprend que son vieil ami le Dr Jekyll a signé un chèque de dédommagement à la place d’un certain Mr Hyde qui avait bousculé une jeune fille.

Troublé par cette nouvelle, Utterson se plonge dans le testament de son ancien camarade d’études qui stipule qu’en cas de décès ou de disparition d’une durée supérieure à trois mois, tous ses biens devront aller à son  » ami et bienfaiteur Edward Hyde « .

Ce document inquiète le notaire. D’abord parce qu’il ignore tout de ce Mr Hyde, ensuite parce que ce dernier commence à être associé à un monstre imprévisible et répugnant. Utterson va alors enquêter sur le lien qui peut unir le Dr Jekyll et Mr Hyde. Mais il est loin d’imaginer les révélations macabres qui l’attendent.

Mon avis : Le cas étrange du Dr Jekyll et de Mr Hyde est certainement un des récits les plus adaptés de l’histoire de la littérature : télévision, cinéma, BD, elles se comptent par dizaines, en incluant certaines parodies dont la plus célèbre (et la plus réussie) est sans conteste Dr Jerry and Mister Love, de Jerry Lewis.

C’est dire l’importance de l’oeuvre : en écrivant cette très longue nouvelle, Stevenson ne devait pas imaginer une seconde qu’il touchait à à un thème à la portée universelle !

L’histoire est universellement connue, je vous laisserais donc lire simplement le pitch, pour me concentrer sur deux points essentiels :

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Brume

Brume – Stephen King

Le livre de poche – 862 pages – 9.90 €

Le pitch : Stephen King nous propose ici en quelque sorte une série de cours et moyens métrages, tous destinés à nous faire éprouver le délicieux frisson de la peur.

Dans la longue nouvelle qui donne son titre au recueil, l’horreur surgie de la brume, qui assaille un supermarché, est moins à craindre que celle qui gît au fond des âmes. Dans Mémé, qui clôt ce livre, le tendre récit de la fin d’une vie nous montre comment apprivoiser la mort en dansant dans la neige avec nos chers disparus.

Entre ces deux contes, le célèbre auteur américain aura joué sur toutes les cordes de la sensibilité, dans le décor superbe de ce Maine où il vit, alliant un truculent réalisme aux fantaisies inquiétantes de l’imagination.

Mon avis : On est fan de Stephen King ou on ne l’est pas. Pour ma part, je suis un fan absolu du King d’avant l’Accident (en 1999, il est victime d’un très grave accident de la route). Après, cela n’a plus jamais été pareil. Brume est du SK première période, c’est donc excellent.

King a toujours un problème d’incontinence narrative, c’est pour cela que ses nouvelles sont souvent merveilleuses : il n’abuse pas de ses trop grandes facilités d’écriture. Ici, 20 nouvelles, de tailles extrêmement différentes.

Elles sont, forcement, de qualités inégales (niveau général : très bon à excellent), mais je vous encourage, je vous incite, je vous pousse de toute façon à acheter ce très épais recueil (rapport qualité/prix top !) ne serait-ce que pour lire la nouvelle qui donne son titre au recueil.

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Les oiseaux

Les oiseaux – Daphné du Maurier 

Le livre de poche – 345 pages – 7.10 €

Le pitch : Au cœur de la nuit, le vent d’est cingle la falaise. Entre deux rafales, des nuées d’oiseaux cognent aux vitres. Mais ce n’est pas la peur qui les précipite avec une telle force vers le monde des hommes…

On retrouvera ici – et pas moins terrifiant – le récit qui inspira son chef-d’oeuvre au maître de l’angoisse, Alfred Hitchcock. Dans les autres nouvelles de ce recueil, l’horreur se fait plus insidieuse, le fantastique à peine étranger au réel. Il suffit d’un pommier à forme étrangement humaine, ou d’une ouvreuse de cinéma qu’un jeune mécanicien a envie de suivre après la séance…

Et la grande romancière anglaise, auteur de Rebecca et L’Auberge de la Jamaïque, nous entraîne vers le mystère à petits pas, à petites touches, au gré d’une écriture subtile, singulièrement moderne.

Mon avis : Avec les décennies qui passent, le nom de Daphné du Maurier s’éloigne de la plupart des mémoires (allez interroger un moins de 30 ans sur ce nom, vous serez bien déçu…) mais, pour les amateurs de littérature, il continue de grimper au panthéon des grands auteurs britanniques du XX° siècle !

Quoiqu’il en soit, les nombreuses adaptations de ces romans au cinéma, comportant plusieurs chefs-d’œuvre, permettent de garder une trace de la romancière dans l’histoire. Jugez un peu, rien que ce bon vieil Alfred nous a laissé La taverne de la Jamaïque (1939), Rebecca (1940) et… Les oiseaux (1963) !*

Pourtant, il y a bien loin du fameux film d’Hitchcock avec ces horribles oiseaux, à la nouvelle éponyme qui ouvre le recueil de Daphné du Maurier. En fait, la nouvelle d’une cinquantaine de pages est bien plus effrayante que le film !

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L'appel de Cthulhu

L’appel de Cthulhu – H.P. Lovecraft 

Editions Bragelonne – 64 pages – 26.00 €

Le pitch : Boston, 1926. Suite au décès, dans des circonstances étranges, de son grand-oncle, Francis Thurston découvre dans les documents dont il hérite l’existence d’une secte vouant un culte à une créature innommable, endormie depuis des millions d’années.

Sacrifices indicibles pratiqués dans les bayous de Louisiane, meurtres mystérieux perpétrés dans divers endroits du globe, artistes sombrant dans la démence après des visions nocturnes terrifiantes, renaissance de cultes ancestraux et surtout, une cité cyclopéenne surgissant de l’océan lors d’une tempête…

Thurston va comprendre peu à peu que les recherches de son grand-oncle concernant le culte de Cthulhu étaient bien trop proches de la vérité et que, dans l’ombre, des adeptes œuvrent au réveil de leur dieu païen, prêts à faire déferler la folie et la destruction sur le monde.

Mon avisL’appel de Cthulhu, c’est tout de même un des textes fondateurs du roman fantastique.

Une nouvelle, – une petite trentaine de pages serrées dans l’édition intégrale de l’oeuvre de Lovecraft en deux volumes de la collection Bouquin qui se trouve dans ma bibliothèque depuis un paquet d’années – écrite en 1928, et qui sera le point de départ de tant de choses…

Le départ d’une série de textes formidables du grand auteur américain, tout d’abord, organisés autour du mythe de Cthulhu.

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Demain les chiens

Demain les chiens – Clifford D. Simak (1952)

J’ai lu – 283 pages – 8.00 €

Le pitch : Les hommes ont disparu depuis si longtemps de la surface de la Terre que la civilisation canine, qui les a remplacés, peine à se les rappeler. Ont-ils véritablement existé ou ne sont-ils qu’une invention des conteurs, une belle histoire que les chiens se racontent à la veillée pour chasser les ténèbres qui menacent d’engloutir leur propre culture ?

Fable moderne, portrait doux-amer d’une humanité à la dérive, Demain les chiens est devenu un classique de la littérature. Il est ici publié dans une nouvelle traduction, avec l’épilogue ajouté ultérieurement par l’auteur et une postface de Robert Silverberg.

Mon avis : Demain les chiens est l’oeuvre la plus célèbre de Clifford D. Simack, un des maîtres de la SF classique américaine. En relisant pour la troisième ou quatrième fois ce faux recueil de nouvelles, j’ai retrouvé toutes les sensations qui m’avaient marqué profondément, dès ma première lecture, alors que j’étais adolescent.

Demain les chiens est en fait un roman, composé de huit récits sans lien direct entre eux (d’où cette notion de « nouvelles » souvent utilisée à leur propos), mis en perspective historiquement  par un système de « notes » , rédigées par ce qu’on imagine être un historien. Cette composition, particulièrement habile et rarement pratiquée dans la littérature, permet à l’auteur de retracer en tout juste 300 pages l’histoire de la fin de l’humanité.

Effacement progressif de l’homme, au bénéfice d’autres espèces animales, dont – en majeure – les chiens. Cet effacement résulte d’une succession de choix et décisions improbables de quelques humains à des moments clés.

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La loterie et autres contes noirs

La loterie – Shirley Jackson

Rivages/noir – 250 pages – 16.00 €

Le pitch :Shirley Jackson n’aura pas eu besoin de publier des dizaines de livres pour marquer la littérature. Une nouvelle, La Loterie, a suffi à laisser une empreinte indélébile dans l’esprit de tous les lecteurs de ce texte, qui fit scandale lors de sa première parution dans le New Yorker.

Les autres nouvelles qui composent ce recueil sont autant de diamants noirs, troublants, obsédants, dérangeants. Tout se passe dans de petites villes, avec des commerces de proximité, dans des maisons aux pelouses impeccables et aux salons confortables, et pourtant, sous la plume diabolique de Jackson, ces lieux deviennent incroyablement anxiogènes. Sans qu’on n’ait rien vu venir, le mal s’est installé.

Mon avisShirley Jackson : romancière américaine disparue prématurément en 1965, à l’âge de 49 ans.

Auteure à succès, de son vivant, connue pour sa capacité à introduire l’étrange et le fantastique dans la littérature américaine alors que l’Amérique puritaine s’épuise dans des débats moraux d’arrière-garde que mai 68 fera exploser. Inconnue en France, jusqu’à il y a peu, quand Rivages/noir a entrepris de la faire découvrir aux lecteurs de l’hexagone. Un grand merci à l’éditeur car la découverte en valait le coup !

Le recueil de nouvelles que j’ai entre les mains (et qui sera je l’espère bientôt entre les vôtres !) est un petit bijou d’écriture étrange, serré comme un expresso napolitain.

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Le cycle des robots

Le cycle des robots – Isaac Asimov (1950)

J’ai lu – 284 pages – 6.00 €

Le pitch : Susan Calvin est robopsychologue à l’United States Robots, Inc. Née en 1982, elle a aujourd’hui 75 ans. Ce livre relate ses souvenirs sur l’évolution du robot dans l’histoire humaine, depuis Robbie qui, en 1996, fut vendu comme bonne d’enfants jusqu’à Byerley qui devient président de la Fédération mondiale terrestre en 2044.

A travers ces récits, on voit comment le robot, d’abord esclave soumis à l’homme, parvient peu à peu à être son égal, avant de devenir son maître. Les souvenirs du Dr Calvin forment un livre au charme désuet qui fait revivre l’aube du XXIème siècle, époque où l’homme existait encore indépendamment de son compagnon de métal, le robot.

Mon avis : Le cycle des robots, dont voici le premier tome, forme l’ensemble de nouvelles et de romans le plus cohérents de la littérature de SF.

Le cycle repose sur les trois lois de la robotique, que même les plus novices d’entre vous connaissent, tant elles sont devenues l’exemple même de ce que l’extrapolation scientifique des meilleurs textes de la SF peut apporter à notre vie de tous les jours : il ne viendrait pas aujourd’hui à l’esprit d’un chercheur bossant sur l’ I.A. de s’en affranchir !


Lune de miel en enfer

Lune de miel en enfer – Fredric Brown 

Folio SF – 368 pages – 8.10 €

Le pitch : En 1962, l’humanité est au bord du gouffre. La guerre froide tend sérieusement vers le chaud, et voilà que ne naissent plus que des filles. Ray Carmody va devoir accepter une mission sur la Lune d’un genre un peu particulier, mais si c’est pour sauver l’espèce humaine…

Al Hanley, alcoolique invétéré, va, lui aussi, mais sans le faire exprès, sauver la Terre d’un bien funeste destin. Les extraterrestres de la planète Dar n’en reviennent toujours pas !

En une vingtaine de nouvelles, Fredric Brown parvient à faire rimer science-fiction et humour. Il prouve, une fois de plus, qu’il et un maître de la forme courte.

Mon avis : Comme j’ai pu le dire par ailleurs, Fredric Brown est un merveilleux auteur de SF, un peu à part, car, comme Ray Bradbury, il ne se prend jamais au sérieux et n’hésite pas à introduire de la distance, voire un humour élégant, dans ses oeuvres. Et, comme Bradbury, il restera avant tout comme un formidable auteur de nouvelles, là où son humour et son sens aigu des paradoxes s’exercent le mieux.

Dans Lune de miel en enfer, on plonge dans un de ses meilleurs recueils. Fredric Brown est, avant tout, un champion des short, short novels, ces histoires tellement courtes qu’elles ne dépassent pas, souvent, les deux pages !

Dans les 21 nouvelles qui composent ce volume de 360 pages, le lecteur retrouvera avec plaisir quelques unes de ces très courtes nouvelles, construites et écrites par Brown juste pour le plaisir de le surprendre par une chute inattendue, paradoxale.

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